Un échange de courriels déclassifiés entre l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et son conseiller Sid Blumenthal montre que Clinton était totalement impliquée dans la conspiration occidentale contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et sa monnaie panafricaine le dinar-or.
Un e-mail récemment déclassifié [Wikileaks] provenant du serveur privé illégal utilisé par l’ex-secrétaire d’État et espoir démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton, pendant la guerre contre Mouammar Kadhafi orchestrée à Washington, jette une certaine lumière sur la véritable motivation de l’establishment américain.
« Dans un email de Clinton, nouvellement déclassifié, à Sid Blumenthal, en date du 2 avril 2011, Blumenthal révèle la raison pour laquelle Kadhafi doit être éliminé », écrit F. William Engdahl, auteur américain, chercheur et consultant en risque stratégique, dans son article pour New Eastern Outlook.
Sous prétexte de citer une source fiable non identifiée, Blumenthal écrit à Clinton : « Selon les informations sensibles disponibles par cette source, le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or, et un montant similaire en argent… Cet or a été accumulé avant le courant de rébellion et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar-or libyen », ainsi que le chercheur l’expose.
Kadhafi n’a pas été le seul dirigeant arabe qui a cherché à détourner ses revenus pétroliers vers des fonds contrôlés par l’État plutôt que de faire confiance aux banquiers de Londres et de New York, après que la guerre américaine contre le terrorisme ait débuté au Moyen-Orient et en Asie centrale.
« En 2008, la perspective d’un contrôle souverain par un nombre croissant d’États pétroliers arabes et africains de leurs revenus pétroliers et gaziers d’État a suscité de graves préoccupations à Wall Street, ainsi qu’à Londres. On parle d’énormes quantités de liquidités, des trillions de dollars qui ne seraient potentiellement plus contrôlés », poursuit Engdahl.
Pendant ce temps, en 2009, Kadhafi, alors président de l’Union africaine, a offert aux États du continent de passer à une nouvelle monnaie, indépendante du dollar américain, le soi-disant dinar-or.
Selon le chercheur, l’idée exprimée par le leader libyen a reçu les éloges de Ben Ali le Tunisien et de l’Égyptien Moubarak.
Kadhafi a appelé les pays africains à créer une alliance monétaire faisant du dinar-or le principal moyen de paiement du pétrole et d’autres ressources.
« Avec les fonds souverains pétroliers des pays arabes de l’OPEP, d’autres pays africains producteurs de pétrole, en particulier l’Angola et le Nigeria, ont commencé des actions pour créer leurs propres fonds nationaux avec la richesse pétrolière au moment où l’OTAN bombardait la Libye en 2011 », écrit Engdahl, ajoutant que ces fonds souverains nationaux étaient censés rendre l’Afrique indépendante du contrôle monétaire colonial.
Le rêve des pays africains était en même temps un cauchemar pour les élites financières occidentales.
À la lumière de cela, il est peu surprenant que Wall Street et la City de Londres aient jeté tout leur poids derrière la campagne dirigée par l’OTAN contre le leader libyen rebelle.
Engdahl attire l’attention sur le fait qu’il y avait quelque chose de très louche derrière l’idée des islamistes libyens soutenus par les États-Unis de créer une banque centrale de style occidental en exil (ainsi que leur propre compagnie pétrolière) au milieu de la lutte acharnée contre le gouvernement de Kadhafi.
Le chercheur cite Robert Wenzel qui a écrit dans l’Economic Policy Journal qu’il n’a « jamais entendu parler d’une banque centrale créée seulement quelques semaines après un soulèvement populaire ».
« Cela laisse penser que nous avons un peu plus qu’un tas de rebelles en action et qu’il y a des influences assez sophistiquées », a souligné Wenzel.