Avec Juan, on oscille toujours entre l’intéressant et le grotesque. Sa dernière déconvenue en date met sur le devant de la scène (le monde est une immense scène pour lui) quelques contradictions dommageables pour le Che Guevara des beaux quartiers.
Le jeune et brillant avocat est capable d’envolées anti-oligarchiques de bonne facture, même s’il s’arrête instinctivement à la fameuse ligne rouge, auquel cas il revient précautionneusement sur ses pas en dénonçant à grands cris Soral et E&R (comme dans la vidéo tout en bas), en qui il voit une analyse anti-système un peu trop poussée (ou qui lui fait peur), mais il est aussi capable d’envolées poético-lyriques adolescentes absolument contre-productives pour un politique, car c’en est un, au fond. Il le deviendra sûrement un jour s’il arrive à calmer le pur-sang fougueux qui est en lui.
Résultat, Juan devient un meme et le coup foireux auto-médiatisé (!) de la banque HSBC ne va pas arranger son image de combattant christique – du moins le croit-il – prêt à offrir, juché sur une barricade de Belleville, sa poitrine glabre aux balles des soldats de Thiers pour défendre les Gilets jaunes (et la médiatisation qui va avec).
En plus Juan parle comme maître Yoda : « Ne trouvera cela normal que celui qui au fascisme est prêt à s’accoupler. » Pour mieux comprendre Juan, nos services médico-psychologiques sont arrivés à la conclusion qu’il était une fusion entre Luc Skywalker (le mec qui marche sur les nuages de sa vanité) et maître Yoda, avocat de son espèce.
Voici une analyse profonde de cette scène (on n’a pas regardé jusqu’au bout mais on n’a pas le temps de trouver autre chose) :
Quelle est la dernière tuile qui s’est abattue sur maître SkyYodaWalker ? La banque HSBC lui a refusé l’ouverture d’un compte sous prétexte qu’il ne satisfait pas aux conditions d’entrée qui sont de 4 500 euros de revenus par mois pour un individu, ou 6 000 pour un foyer. N’écoutant que son courage gauchiste antibancaire, Juan s’est vengé sur les réseaux sociaux, sur lesquels il est très suivi en tant que représentant des gauchistes sans grade (pléonasme), et il a carrément accusé la banque de fascisme.
Fiché.
Ne trouvera cela normal que celui qui au fascisme est prêt à s'accoupler. pic.twitter.com/bv2Yj4BzIl
— Juan Branco (@anatolium) September 22, 2019
C’est un réflexe qu’on retrouve souvent chez les gauchistes quand ils sont contrariés par la réalité. Par exemple, un gauchiste sort faire un jogging, il pleut, il revient chez lui à toute berzingue en pestant contre le fascisme. Cela peut être aussi une mauvaise pizza qui fait mal au ventre, ce sera alors la faute du fascisme (italien). Ou un argument qui vient du camp d’en face, celui des fascistes, un argument solide qui fera un peu mal à la structure mentale du gauchiste qui taxera alors les fascistes de fascistes.
Vous l’aurez compris, le fascisme correspond exactement à la faiblesse idéologique du gauchisme. Tout ce qui ne fonctionne par dans le gauchisme c’est fasciste.
Le refus est intervenu au moment de la transmission de la pièce d'identité- ce qui exclut toute raison "de fond", le dossier n'ayant même pas pu être traité.
Le conseiller, qui avait lu Crépuscule, était d'ailleurs enthousiaste comme jamais.
Fiché(s).
— Juan Branco (@anatolium) September 22, 2019
Juan pense que la banque l’a fiché car il défend les pauvres, et la banque en général n’aime pas les pauvres. Là on lui donne raison car nous-mêmes avons les pires problèmes bancaires avec AXA Banque, qui nous vole littéralement chaque mois et ce, depuis des années (on doit en être à 5 000 ou 6 000 euros de pénalités), juste parce qu’on est pauvre et qu’on fait un métier qui n’est pas un bon métier (dire la vérité). Il y a même un conseiller qui nous a menacé au téléphone à cause d’E&R !
Donc un bon point pour Juan, qui rue dans les brancards bancaires, mais ça n’est pas pour les mêmes raisons que nous, qui sommes de vrais malheureux. Lui a plein de sous, il voyage partout et il fait des piges internationales. Du coup, les internautes ont cru déceler une petite contradiction entre le grand bourgeois qui ne manque de rien et le petit Gilet jaune au RSA.
Il y a encore quelques mois ce Juan Branco @anatolium se déclarait au RSA, aujourd'hui il essaie d'ouvrir un compte dans une banque qui demande 4500€ de revenus par mois.
Il se moque du monde. pic.twitter.com/jqRDHf2VmZ
— Boris Le Méec (@BorisLeMeec) September 22, 2019
Juan, qui revient donc dans l’actu à la faveur de cette injustice bancaire, en profite pour faire un peu de promo avec des paroles yodesques :
J-0. Ruptures de stock partout. Quatre tirages en une journée. Au courage de ceux qui rendent cette folie possible. A tous ceux qui le liront.
Aux révolutions qui en naîtront. pic.twitter.com/ae9FvEl1uT
— Juan Branco (@anatolium) March 21, 2019
Sa dernière vidéo analyse la communication de Daech et revient sur le tabou de la Shoah.
« On revient notamment sur un point fondamental qui est pourquoi est-ce que la Shoah est devenue à ce point une question essentielle dans la civilisation, pourquoi soudain on a fait une fixation sur cette question au point où aujourd’hui ça reste un tabou fondateur et qu’on en fasse une sorte de stigmate qui permette d’exclure ou d’inclure les personnes qui pensent d’une façon ou d’une autre, et comment est-ce qu’on peut défendre ce stigmate ou au contraire sombrer dans l’ignominie comme le font un certain nombre d’auteurs qui n’ont pas assez réfléchi, je pense notamment à Alain Soral et compagnie. Et donc réfléchir à pourquoi cette question a une telle centralité dans l’espace public, pourquoi ça crée toute une série de dysfonctions, parce que notamment par manque de pensée certains ne comprennent pas et du coup l’attribuent à des complots qui nous imposeraient un certain nombre de sujets, nous empêcheraient de construire, et de construire un débat public... C’est un enjeu fondamental. »