La banque américaine JPMorgan Chase est aujourd’hui l’objet de toutes les moqueries. Depuis l’annonce, le 10 mai, de la perte d’au moins 2 milliards de dollars dans les opérations de courtage de sa filiale londonienne, son PDG, Jamie Dimon, fait rire - jaune - à la mesure de son arrogance donneuse de leçons et de l’autoproclamation de son génie. Surtout, du haut de son Olympe, "Jamie le magnifique" ne souffrait aucune critique.
L’auteur de ces lignes a fait l’expérience du mépris affiché par Jamie Dimon à l’égard de ses contradicteurs. Un article intitulé "Une vieille rivalité entre banque protestante et banque juive" en avait été la cause. Ce texte, publié dans Le Monde du 8 octobre 2008, à propos du rôle de JPMorgan dans la faillite, trois semaines auparavant, de Lehman Brothers, avait mis en exergue l’antisémitisme affiché de la maison Morgan au XIXe siècle et jusqu’à la seconde guerre mondiale.
"Comment osez-vous remuer ces vieilles histoires ?", s’était plaint le porte-parole de la banque sur un ton péremptoire. Du jour au lendemain, pour avoir rappelé un fait historique indéniable, le correspondant du Monde à Londres était devenu persona non grata à la cour du roi Jamie. Il y avait pourtant beaucoup à dire.
ANTISÉMITISME
A la fin du XIXe siècle, la maison Morgan, alors le plus grand conglomérat de l’histoire financière mondiale, et ses acolytes protestants bon chic bon genre sont omnipotents. J. Pierpont Morgan (1837-1913) représente alors l’Amérique des mille et une nuits, mais aussi ses excès, ses abus, ses "barons voleurs" tant honnis.