Voici quelques petites affiches qui résument simplement les grands axes de la domination impériale. Elles sont directement inspirées par la célèbre affiche de propagande réalisée par James Montgomery Flagg pour le compte de l’armée américaine, où on voit l’oncle Sam appeler à l’engagement volontaire à l’occasion de l’entrée en guerre des États-Unis en 1917. C’est ce qui explique mon usage de l’anglais, vous voudrez bien m’excuser ce manque manifeste de « courtoisie » mais l’Empire est mondialiste et mondial, et tel est son idiome.
*Je veux ton argent / ta monnaie
JP Morgan, vous saigne depuis 1871
Avec John Pierpont Morgan en personne (fondateur de la banque du même nom en 1871) pour illustrer la domination impériale par la Banque, au travers de l’endettement et de la prise de contrôle par des acteurs privés d’un des biens publics le plus important qui soit : la monnaie nationale. Vous noterez qu’il annonçait ouvertement le programme lorsqu’il se fit prendre en photo avec cette gueule pleine de bienveillance et un couteau à la main.
* Je veux ton cerveau
News Corporation, contrôle votre esprit depuis 1979
Je vous présente Rupert Murdoch que j’ai choisi pour symboliser le pouvoir médiatique de domination de notre pensée. A travers sa multinationale News Corporation il représente parfaitement la logique de concentration des différents supports médiatiques qui tue la liberté d’expression et façonne notre vision du monde. Pour ne citer que les plus importants journaux, il possède le Daily Telegraph, The Sun, le Times, le Wall Street Journal, le New York Post. Il possède aussi HarperCollins, une des plus grandes maison d’édition du monde. Il est par ailleurs l’heureux propriétaire de la Twentieth Century Fox et des différentes sociétés de production de films et de séries du groupe Fox. Il est à la tête des nombreuses chaînes de télévision du groupe Fox, comme Fox News, mais aussi de toutes les chaînes SKY en Europe et STAR en Asie. Rien que ça. C’est ainsi que l’Empire veut votre cerveau et peut l’avoir, pour reprendre l’expression de Patrick Le Lay lorsqu’il déclarait avec une incroyable lucidité et d’une honnêteté touchante que « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » D’où on peut conclure que le travail de l’industrie médiatique c’est de rendre les cerveaux disponibles au plus offrant. Car il ne faut pas s’arrêter à Coca-Cola, les médias de masse vendent vos cerveaux à l’industrie par la publicité mais aussi aux gouvernements belliqueux pour permettre une énième boucherie humanitaire, à l’oligarchie financière pour vous vendre une nouvelle coupe budgétaire, ou encore pour vous dire pour qui voter, ce qui faut faire ou ne pas faire, penser ne pas penser. Bref, ultime phase de l’aliénation : la privatisation par le haut des moyens de production de la pensée.
* Je veux ta nation
Union européenne, vous dirige depuis 1992
La mort des nations, et donc de la démocratie, par l’instauration d’un pouvoir technocratique où le peuple n’a pas son mot à dire. Qui mieux que José Manuel Barroso pouvait incarner cette arnaque qu’est l’Union européenne ? Il est à la tête de la Commission européenne depuis qu’il y a été nommé (pas élu) en 2004, c’est-à-dire à la tête de l’instance qui écrit la plupart des lois auxquelles les États membres de l’UE sont soumis. Un État n’est donc plus souverain, il est soumis, tenez le pour dit. On peut considérer 1992 – année de la ratification du traité de Maastricht – comme la date fondatrice de cette abomination politique bien que le début de la « construction européenne » comme on l’appelle est plus ancienne. Mais les coups fourrés faut les avancer petit à petit, imperceptiblement, sans un bruit pour que le bon peuple ne le sente pas passer, pour qu’il ne voit pas – le pauvre – qu’on construit sa perte derrière son dos, ou plutôt sur son dos. On arrive à tout... – comme le disait un éminent médecin – beaucoup de vaseline médiatique, encore plus de patience, Éléphant encugule fourmi. Mais ne croyez surtout pas en être arrivé au bout du bout, loin de là. C’est une construction sans fin, la bête bruxelloise demandera aux nations toujours plus de soumission, elle demandera toujours plus de transfert de souveraineté. Comme à Babel, le ciel ne s’atteint pas.
* Je veux ton sang
Forces militaires américaines, vous assassine en masse depuis 1945
Martin Dempsey, chef d’état-major des armées des Etats-Unis, le bras armé de l’Empire. Parce que parfois le soft-power ne fonctionne pas. La contrainte médiatique, monétaire et politique a ses limites que la force militaire n’a pas, un bombardement massif fait plier les plus récalcitrants. Cette armée qui est la plus puissante que le monde n’ait jamais connue et qui affiche sa volonté de domination hégémonique, a goûté au sang en 1945 et depuis n’a de cesse de le faire couler aux quatre coins du monde.
Voilà les quatre vecteurs de la domination impériale ou les quatre cavaliers de l’apocalypse. Pour finir, deux autres affiches dérivées du même thème.
* Je veux ta terre
Israel, vous occupe depuis 1948
Le projet sioniste radical, c’est-à-dire fondé sur un messianisme religieux, incarné par Benyamin Netanyahou le premier ministre israélien actuellement en exercice. Proche de l’ancien Grand Rabbin d’Israel Ovadia Yossef – qui est connu pour ses déclarations pleines d’amour en faveur de la paix, de l’amitié entre les peuples et des belles colombes – Netanyahou, aveuglé par l’eschatologie juive, veut entraîner le monde (occidental tout du moins) à une guerre contre l’Iran et une possible Troisième Guerre mondiale par la médiation de Washington pour réaliser les prophéties bibliques. Yuval Diskin, ancien directeur de l’agence de contre-espionnage israélienne disait de lui dans le journal Haaretz du 29 avril 2012 : « Je n’ai pas confiance dans les dirigeants actuels, je ne pense pas qu’ils soient à un niveau suffisant pour gérer un événement de l’ampleur d’une guerre régionale ou contre l’Iran (...) Je ne crois ni au Premier ministre, ni au ministre de la Défense. Je n’ai pas confiance dans une direction qui prend des décisions basées sur des sentiments messianiques ». Cette facette la plus extrême du sionisme démontre que l’Empire mondialiste voulu par une certaine oligarchie internationale repose, en dernière instance, sur une vision du monde profondément religieuse puisée dans l’eschatologie de l’Ancien Testament.
Enfin avec un peu plus de légèreté, on peut conclure en constatant que le terme de tout ce système c’est de nous la mettre bien profond. C’est pourquoi il faut donner la parole à notre cher Dominique :
* Je veux ton cul
Oncle Dom, vous baise depuis 1968
DSK, incarnation de l’idéologie libérale-libertaire qui, pour le dire vite, prône la liberté sexuelle dans le but inavoué de nous faire accepter l’idée de se faire enculer, ou l’utilisation de l’efficacité du système productif libéral pour produire du sodomite en série. Ce qui, poussé à son paroxysme, correspond au système de valeurs d’une oligarchie authentiquement néofasciste qui consiste à jouir de l’exploitation et de la souffrance d’autrui comme l’a prophétiquement démontré Pasolini dans Salò ou les 120 journées de Sodome. L’arrestation de DSK pourrait être le symbole de la fin de cette phase libérale-libertaire dans le processus de mutation du capitalisme, non pas pour laisser place à une autre phase mais pour siffler la fin de la récréation, la fin du fonctionnement normal du système entrant dans une crise où c’est l’état d’exception qui prédomine, pour lui permettre ensuite de se relancer... ou pas.