Monsieur Rayski,
Vous venez de signer un article [1] d’une perfidie qui, je vous le confesse, a suscité chez moi l’envie de vous les écarter afin d’y remettre à sa place ce papier qui n’aurait jamais dû en sortir.
Comme cela se produit souvent chez les propagandistes travestis en littérateurs, tout est déjà dans le titre : « Liberté, protège-nous de la loi Gayssot, d’Alain Soral, de Taubira et (parfois) de la LICRA. »
Oh, le vilain tour de passe-passe...
Voilà que sur un site atlantiste vous invoquez la liberté, accompagnant cette incantation fallacieuse d’une photographie de la statue du même nom... Vous auriez pu illustrer votre petite besogne par La Liberté guidant le peuple de Delacroix, un nom qui aurait pu ravir votre cathophilie !
Non, vous lui avez préféré la « liberty » américaine, et c’est là la seule trace d’honnêteté dans le sillon boueux que vous tracez.
La « liberté » serait donc simultanément menacée par des lois mémorielles relevant de la tyrannie politique, par un intellectuel la combattant farouchement, par une ministre de la Justice utilisée pour achever de détruire la France et, « parfois », par une association qui n’est qu’un instrument grossier de la tyrannie évoquée plus haut ?
Allons, Monsieur Rayski, prenez-vous à ce point vos ennemis pour des imbéciles ? Il suffit d’aller au-delà du titre, c’est-à-dire de surmonter l’effet répulsif de sa composition malhonnête, pour constater combien l’esprit de manipulation vous anime.
Vous défendez Léon Bloy en citant des phrases apologétiques à l’endroit des juifs et justifiez les passages en leur défaveur par l’effet avilissant de la chrétienté dont était pénétré l’écrivain français.
Ce qui le sauve à vos yeux ?
Léon est devenu philosémite... Alors, ce livre qui aurait dû mériter vôtre dégoût et figurer dans la liste noire des ouvrages « suintant la haine antijuive », devient « magnifique (...) comme le Magnificat qu’on chante dans les églises »...
Ou comment flatter le catholique pour qu’il ne sorte pas du cadre, celui-là même que trace par l’intimidation tout l’appareillage liberticide que vous critiquez pour en magnifier l’esprit.
Vous dénoncez en France une parole « dûment corsetée par un arsenal juridique sans équivalent ailleurs » et surtout des lois « contre-productives » qui se contournent « aussi aisément que la ligne Maginot ».
Voilà donc ce que vous reprochez à ces lois liberticides : elles ne sont pas efficaces ! Les barbares passent par les Ardennes !
Fallait-il vraiment que vous invoquiez la liberté pour vous plaindre de l’inefficacité des moyens mis en œuvre par la tyrannie ?
Oui, il le fallait. Afin que ceux que vous cherchez à tromper comprennent bien l’essentiel :
Ces lois « remplissent le même office que les grilles qu’on met sur les égouts pour empêcher les rats d’en sortir. Mais est-ce que ça les empêche de grouiller ? »
Pas de liberté pour les rats !
Les rats... ?
Monsieur Rayski, ce genre de caricature haineuse suinte trop les années sombres de votre histoire pour qu’elles soient évoquées innocemment.
J’ignore si vos aïeux connurent la déportation ou la combustion mais si tel était le cas, je doute qu’ils apprécieraient aujourd’hui de vous voir faire usage de ces qualificatifs qui placent des personnes, à cause de leur vision du monde, en dehors de l’humanité.
Ceux que vous appelez « les rats », vous voudriez « qu’ils sortent au grand jour », rêvant sans doute secrètement que la sainte inquisition de la narine applique une solution ultime, au raticide, contre tous ces Untermenschen puants et pullulants.
Car non seulement ces lois liberticides se contournent aisément mais les gaspards de l’innommable ont même la perfidie de les retourner contre leurs censeurs ! Non, vraiment, ça ne marche plus…
Pire, elles étendent la notoriété d’Alain Soral…
Quoi, cette icône de la Haine, ce Rattenführer, ce fanamite patenté [2], popularisé par les manières peu subtiles de la censure « républicaine » ? Vous avez raison, ça n’est pas très malin.
Mais ça n’est pas très malin de votre part non plus d’affirmer : « Mais qu’est-ce qu’Alain Soral ? Rien. Rien du tout. »
Car c’est en son nom que vous contribuez à préparer le terrain pour une chasse aux sorcières institutionnalisée qui s’organise pour traquer toutes les « ordures antijuives » de France.
Avez-vous conscience qu’en agitant votre sac poubelle vous resterez à jamais confiné dans celles de l’Histoire ?
Pour dépasser la censure contre-productive et combattre ce rien qui hystérise le tout séparé que vous servez, essayez-vous donc à quelques arguments, voire à des idées, puisque c’est sur ce terrain que vous êtes attaqué.
Ça commence par cesser de penser avec son nez.
Max Lévy