L’ex-ministre estime que, « dans la vie politique française, il y a une zone sacrée » et qu’il « ne faut pas toucher à ce qui concerne l’existence juive ».
L’ancien ministre socialiste Roland Dumas estime dans un long entretien à la revue Charles que, « dans la vie politique française, il y a une zone sacrée » et qu’il ne faut pas toucher à ce qui concerne l’existence juive". En répondant à un journaliste de BFM TV-RMC, Roland Dumas a récemment suscité un tollé en affirmant que Manuel Valls était « probablement » sous « influence juive ». « Aujourd’hui, vous remarquerez que, dans la vie politique française, il y a une zone sacrée. Faut pas toucher à tout ce qui concerne l’existence juive », dit Roland Dumas dans Charles.
« La réalité juive, c’est-à-dire le comportement des juifs, leur malheur... C’est un peu ce qui m’arrive aujourd’hui. Il ne faut même pas prononcer le nom, c’est le sacré », poursuit-il, appelé à préciser ce qu’il entendait par « existence juive ». Était-ce dans le sens de « pro-israélienne » ? lui demande le journaliste. « Oui. Ces interviews à la télévision, ça va très vite. Vous réfléchissez, mais enfin vous n’avez pas le temps de polir vos phrases », a-t-il ajouté.
Interrogé sur la réaction de Manuel Valls à ses propos, indiquant qu’il reprenait « une vieille rengaine de l’antisémitisme », M. Dumas l’a qualifiée de « minable de la part de quelqu’un qui est Premier ministre ».
« Vous allez diviser les avocats juifs des avocats non-juifs »
Dans ce long entretien à la revue Charles, sur le thème « Politique et justice », qui sort le 1er avril, l’ancien ministre revient aussi assez longuement sur l’affaire de l’Observatoire en 1959, sur ses relations avec François Mitterrand, sur sa carrière d’avocat pour le Canard enchaîné notamment. On y apprend aussi qu’il a « refusé » de plaider pour défendre le révisionniste Robert Faurisson.
Roland Dumas aborde également le procès de Klaus Barbie, dans lequel il fut l’un des avocats de la partie civile. Il y raconte qu’est apparu un « clivage extraordinaire à ce moment-là, car tous les avocats juifs – je vais encore me faire traiter d’antisémite, mais enfin peu importe –, tous les avocats juifs de Lyon avaient constitué un groupe qui a voulu accaparer le procès en nous éliminant ». « J’ai pris Klarsfled (Serge, NDLR) à part , je lui ai dit : Écoute, c’est stupide la façon dont le procès s’engage. Vous allez diviser les avocats juifs des avocats non juifs. Ce n’est pas ça, la Résistance, la Résistance, ça a été, au contraire, tout le monde », a-t-il expliqué. « Et Klarsfeld très intelligemment a réuni tous les avocats juifs, et leur a dit : Vous n’allez pas faire cette connerie. Vous n’allez pas faire ce procès comme ça. Ce procès, c’est le procès de la Résistance contre l’hitlérisme. On a sauvé le procès », a-t-il encore ajouté.