Oui oui à chaque fois on nous raconte que c’est le pognon qui manque, et comme la drote s’amuse à fermer des écoles, elle entretient l’illusion (?) de la chaine causale "pas de pognon -> moins de classes". Mais on a toujours l’impression de louper un chapitre au récit.
Bon déjà nous pourrions mettre un terme à ces stupides jeux d’éveil et voyages scolaires à droite et à gauche. L’école n’est pas un lieu pour s’amuser et se dorer les doigts de pied au soleil, mais pour apprendre.
Les programmes sont misérables, la grande majorité des professeurs formés ne sont pas capables de faire le moindre hors piste digne de ce nom (et surtout ne tolèrent pas le moindre cynisme). C’est le règne absolu du moi et ma putain de note.
On a vraiment loupé le coup après la révolution, c’est dommage. J’ai vu des "cancres" dans ma classe qu enchainaient des scores plutôt médiocres, mais dont la capacité d’analyse d’une situation, et la rapidité d’esprit pour en tirer sa tragicomique moëlle, dépassait de loin celle des lèche-boules du premier rang. En somme des types bien plus indiqués pour devenir des subversifs cynicomiques et tranchants que des chercheurs au CNRS. Mais ça, le système s’en foutait. On ne discute pas.
Cela me rappelle un type en seconde, aux alentours de 94 ou 95 dans mon lycée chartrain sur le plateau venteux de Rechêvres. Il se balladait souvent la sacoche en cuir sur par dessus l’épaule à l’époque où tout le monde avait encore un sac à dos (comme de bons gamins). Je ne le connaissais pas vraiment. Pas voyou, mais visiblement contestataire, en quelque sorte. Assez perspicace, il posait souvent des questions, quelques fois un peu maladroites, pour ce que ma mémoire me permet de m’en rappeler, mais qu’importe. Une chose était sûre, il ne faisait pas partie du top of the pop de la classe, mais il se tenait bien. Il n’était pas à la ramasse non plus.
Peut être avait-il des problèmes personnels, je ne sais pas. En tout, cas un jour, on ne l’a plus vu. Nous avions appris peu de temps après qu’il était celui qui avait participé au jet d’une sorte de cocktail molotov dans l’agora, bâtiment semi lugubre posé au centre de la cour d’un lycée aux parures soviétiques. C’était plutôt marrant en fait. Vraisemblablement, je ne mouille pas trop en suggérant qu’il ne se sentait pas très à l’aise dans le système.
Bref. Il y a tellement de jeunes qui semblent avoir un tel potentiel, mais qui ne rentrent pas dans les gentilles petites cases. Et ça, c’est pour le milieu des années 90. Les choses ont bien empiré depuis. Les méthodes d’apprentissage sont ridicules et centrées sur la réussite purement personnelle. A aucun moment la question de la solidarité, allez, disons le, de la fraternité, ne vient se poser réellement.