Lors d’un point presse, le président ivoirien Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont annoncé une réforme du franc CFA, monnaie vivement contestée en Afrique. Le Franc CFA fait donc place à l’Eco, mais son taux de change avec l’euro est maintenu.
La réforme était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, elle est désormais actée : le franc CFA ne s’appellera plus comme tel. Huit pays d’Afrique de l’Ouest et la France viennent de décider une réforme de cette monnaie, qui va changer de nom pour s’appeler l’Eco, a annoncé, ce 21 décembre, le président ivoirien Alassane Ouattara en présence d’Emmanuel Macron. « Nous avons décidé une réforme du franc CFA avec trois changements majeurs [...] dont le changement de nom » et « l’arrêt de la centralisation de 50 % des réserves au Trésor français », a déclaré Alassane Ouattara au cours d’une conférence de presse au deuxième jour de la visite du président français en Côte d’Ivoire.
Troisième point de la réforme : la France va se « retirer des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente ». Dans les faits, cela signifie que les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés.
Mise en place dès 2020
Le chef de l’État français s’est félicité de ce « nouveau franc CFA ». Il a qualifié de « réforme historique majeure cette décision ». Selon lui, le franc CFA était « perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique ». De son côté, Ouattara a plaidé « une décision prise en toute souveraineté ». Lors du point presse, il a également été annoncé que l’Eco verrait le jour en 2020.
Cette réforme a été négociée depuis six mois, selon une source française, entre la France et les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Elle ne concerne pas pour l’instant les six pays d’Afrique centrale qui utilisent le franc CFA mais qui forment une zone monétaire distincte, à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.
La parité fixée avec l’euro maintenue
Paris s’était déclaré « ouvert » à cette évolution après de multiples discussions avec les capitales africaines, tandis que la polémique au sujet de cette monnaie avait de nouveau pris de l’ampleur ces derniers mois. Le « franc des colonies françaises d’Afrique » a été créé en 1945 et était devenu le « franc de la Communauté financière africaine » après les indépendances. La réforme prévoit que les banques centrales d’Afrique de l’Ouest ne devront plus déposer la moitié de leurs réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était aussi perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.
En revanche, la parité fixe avec l’euro du franc CFA, le futur Eco, est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA), mais ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour. Enfin, la garantie de convertibilité de l’Eco reste assurée par la Banque de France.
L’analyse d’Olivier Delamarche :