Éditorial de Georges Marchais, alors secrétaire à l’organisation, contre les gauchistes en mai 1968 (aujourd’hui tous fervents défenseurs du capitalisme) et le renégat Daniel Cohn-Bendit :
Comme toujours lorsque progresse l’union des forces ouvrières et démocratiques, les groupuscules gauchistes s’agitent dans tous les milieux. Ils sont particulièrement actifs parmi les étudiants ; à l’Université de Nanterre, par exemple, on trouve ; les "maoïstes", les "Jeunesses communistes révolutionnaires" qui groupent une partie des trotskistes ; le "Comité de liaison des étudiants révolutionnaires" lui aussi à majorité trotskiste ; les anarchistes ; divers autres groupes plus ou moins folkloriques. Malgré leurs contradictions, ces groupuscules - quelque centaines d’étudiants - se sont unifiés dans ce qu’ils appellent "Le Mouvement de 22 Mars : Nanterre" dirigé par l’anarchiste allemand Cohn-Bendit.
Non satisfait de l’agitation qu’ils mènent dans les milieux étudiants - agitation qui va à l’encontre des intérêts de la masse des étudiants et favorise les provocations fascistes - voilà que ces pseudo-révolutionnaires émettent maintenant la prétention de donner des leçons au mouvement ouvrier. De plus en plus on les trouve aux portes des entreprises ou dans les centres de travailleurs immigrés distribuant tracts et autre matériel de propagande.
Ces faux révolutionnaires doivent être énergiquement démasqués car, objectivement, ils servent les intérêts du pouvoir gaulliste et des grands monopoles capitalistes. Un des maîtres à penser des gauchistes est le philosophe allemand Herbert Marcuse qui vit aux États-Unis. Ses thèses peuvent être résumées de la façon suivante : les partis communistes "ont fait faillite", la bourgeoisie a "intégré la classe ouvrière qui n’est plus révolutionnaire", la jeunesse surtout dans les universités "est une force neuve, pleine de possibilité révolutionnaire" elle doit s’organiser "pour la lutte violente". Bien entendu, les adeptes de Marcuse, chez nous, doivent tenir compte de la force, de l’influence du Parti Communiste Français et de la combativité de la classe ouvrière. Mais tout en y mettant des formes, ils portent leurs coups contre notre parti - et la CGT- et cherchent à mettre en cause la rôle fondamental de la classe ouvrière dans la lutte pour le progrès, le démocratie, le socialisme.
Les thèses et l’activité de ces "révolutionnaires" pourraient prêter à rire. D’autant qu’il s’agit, en général, de fils de grands bourgeois - méprisant à l’égard des étudiants d’origine ouvrière - qui rapidement mettront en veilleuse leur flamme révolutionnaire pour aller diriger les entreprises de papa et y exploiter les travailleurs dans les meilleures traditions du capitalisme. Cependant on ne saurait sous-estimer leur malfaisante besogne qui tente de jeter le trouble, le doute, le scepticisme parmi les travailleurs et notamment les jeunes. D’autant que leurs activités s’inscrivent dans le cadre de la campagne anti-communiste du pouvoir gaulliste et des autres forces réactionnaires. De plus, des journaux, des revues, des hebdomadaires - dont certains se réclament de gauche- leur accordent de l’importance et diffusent à longueur de colonnes leurs élucubrations. Enfin et surtout, parce que l’aventurisme gauchiste porte le plus grand préjudice au mouvement révolutionnaire.
En développant l’anti-communisme, les groupuscules gauchistes servent les intérêts de la bourgeoisie et du grand capital.
Le Parti Communiste Français est le meilleur défenseur des revendications immédiates des travailleurs manuels et intellectuels. Il représente une force essentielle dans le combat pour éliminer le pouvoir des monopoles et de lui substituer un régime démocratique nouveau permettant d’aller de l’avant dans la voie du progrès social de l’indépendance nationale et de la paix. Il est le meilleur artisan de l’union des forces ouvrières et démocratiques et de l’entente entre tous les partis de gauche, condition décisive pour atteindre des objectifs. Sans le parti Communiste, il n’est pas de véritable gouvernement de gauche, il n’est pas de politique de progrès possible.Pour atteindre ses objectifs notre Parti Communiste fonde son action avant tout sur la classe ouvrière qui est la force sociale décisive de notre époque. La grande mission historique de la classe ouvrière est de liquider le capitalisme et d’édifier le socialisme, seule société véritablement humaine.
Il en est ainsi parce que la classe ouvrière ne possède toujours aucun moyen de production, qu’elle est la classe la plus exploitée et par conséquent la seule classe véritablement révolutionnaire jusqu’au bout. Il en est ainsi parce que les conditions mêmes de développement de la production fait que la classe ouvrière est la mieux organisée, la plus disciplinée et la plus consciente. Les pseudo-révolutionnaires de Nanterre et d’ailleurs auront beau faire, ils ne changeront rien à cette réalité historique. [...] Nous devons aussi leur rappeler ces paroles d’Anatole France à l’intention des intellectuels : "Pour combattre et vaincre nos adversaires rappelez-vous, citoyens, que vous devez marcher avec tous les artisans de l’émancipation des travailleurs manuels avec tous les défenseurs de la justice sociale et que vous n’avez pas d’ennemis à gauche. Rappelez-vous que sans les prolétaires, vous n’êtes qu’une poignée de dissidents bourgeois et qu’unis, mêlés au prolétariat, vous êtes le nombre au service de la justice."