Jean-Claude Mailly, secrétaire national de Force ouvrière, compare le Front national au national-socialisme. « Je considère qu’il y a un discours qui est national-socialiste au sens historique du terme, c’est à la fois des références à l’Etat mais aussi beaucoup de social. Je ne dis rien d’autre. ».
A vrai dire, il n’est pas le premier à proférer cette énormité, et c’est même devenu le leitmotiv d’une classe politico-syndicaliste qui panique. Faut-il rappeler que les sections d’assaut du fascisme hitlérien, affublées d’uniformes et d’armes, en bataillons aguerris, essaimaient les rues et s’en prenaient violemment à leurs ennemis qui, parfois, le leur rendaient bien ? Qui a vu une telle prolifération de milices politiques, en France, actuellement ? A moins qu’on ne considère les manifestations agressives d’opposants à Marine Le Pen comme des embryons de futurs nervis d’extrême gauche dont la tolérance est inversement proportionnelle à la lâcheté…
Quoi qu’il en soit, avant de voir Jean-Claude Mailly attaquer les falaises de Normandie, il vaut le coup de le prendre au mot, et de fouailler la mémoire historique. Le gaullisme, qui ne saurait être suspect de pactiser avec le nazisme, a été, faut-il le rappeler, à l’origine des plus grandes avancées sociales que notre pays ait connues depuis 36. On doit au Conseil national de la Résistance la Sécurité sociale, le droit à la retraite, et d’autres mesures, dont, certaines, dans le domaine économique, visent à restituer à la Nation les moyens d’une politique cohérente. On sait aussi que le Gaullisme, en tant que vision, et dès lors qu’il a accédé réellement au pouvoir en 58, n’a eu de cesse de défendre l’indépendance de la France, en pratiquant un protectionnisme raisonnable, notamment monétaire. Du reste, il est notoire que le Général s’est toujours méfié du Marché commun européen, du libre échangisme intégral, des anglo-saxons, de l’Otan, de l’idéologie atlantiste, bref, de tout ce à quoi s’accrochent avec enthousiasme les mondialistes qui nous gouvernent, et que l’on pourrait nommer, en poursuivant la métaphore filée de Mailly, des Vichyssois, c’est-à-dire des partisans de l’abandon.
Peut-être aussi pourrait-il, en homme scrupuleux, dénoncer le fascisme du front populaire, qui, par le truchement de la loi Salengro, avait instauré la préférence nationale. Ce même Salengro déclarait : « En temps de crise pour prévenir les conflits entre chômeurs français et travailleurs étrangers, toute immigration supplémentaire doit être suspendue ». Blum fasciste ?
Mais l’Histoire réserve d’autres surprises, quand on s’avise d’en remuer les arcanes. D’où provient donc le syndicat Force ouvrière, si l’on s’en tient, comme le veut son Secrétaire, à la question de la filiation ? Qui ne sait qu’en 48, issu d’une scission avec la CGT communiste, ce syndicat a été soutenu par les puissantes organisations américaine, notamment l’AFL-CIO américaine, sous l’égide du FTUC (Free Trade Union Committee), et par Irving Brown, un agent important de la CIA.
Nous n’aurons pas la cruauté de rappeler le nombre singulièrement réduit de membres que FO draine péniblement, comme toutes les autres organisation dites ouvrières, quasi moribondes, et qui ne subsistent que grâce à ses bureaucrates et aux financements de l’Etat, parfois occultes.
Mais si nous adoptons la logique rhétorique de Mailly, qui pratique, comme beaucoup, la reductio ad hitlerum, nous devrions établir une liste fort longue de militants trotskystes qui ont animé le syndicat, parfois au plus haut niveau, et l’ont pratiquement noyauté. Nous n’irions pas jusqu’à dire que le syndicat F.O. est devenu, par là, un parti bolchévique, à ce titre extrêmement dangereux pour la démocratie, d’autant plus que la phraséologie (qui ne reste que du verbiage sans conséquence) radicale y fleurit, et qui n’est que tentative de récupération de la colère populaire. Car Monsieur Mailly, au fond, a toujours appartenu à la France d’en haut, comme ses pairs, les gestionnaires professionnels du social.