Trois mois après le début de l’opération française, le 11 janvier dernier, le Mali est loin, très loin d’être sécurisé.
Seule réalité concrète, le sanctuaire d’Aqmi dans le massif du Tigharghar a été neutralisé et plusieurs centaines de barbus utiles sont allés se fossiliser dans la roche, sous le feu des missiles français.
Côté Mujao (mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest), la partie de chat-bite menée par les forces spéciales n’est pas encore finie, plus au Nord, dans les régions de Gao et de Tombouctou.
En faisant mine de démarrer cette semaine son retrait du pays (une centaine d’hommes sur les 4 000 soldats déployés !), la France en ferait presque oublier l’essentiel. À terme, il subsistera au Mali une force française composée d’au moins un millier d’hommes, pour « garder la boutique ».
Mais cet apparent succès de l’opération Serval ne peut occulter l’échec rencontré jusqu’à présent sur le dossier des otages français au Sahel, qui restent introuvables à ce jour.
À Bamako, le gouvernement malien assure, façon méthode Coué, que les élections présidentielles se tiendront en juillet prochain. Il reste donc trois mois pour établir la liste électorale avec fichiers biométriques, ce qui implique en fait de prendre en photo chaque électeur… Il faudra également permettre l’accès au vote aux déplacés et réfugiés. En cas de liste incomplète, la légitimité du futur président sera critiquable.
Des impératifs en fin de compte bien dérisoires, en regard de la seule question qui vaille, celle de la sécurité, qui à ce jour n’est pas rétablie sur l’ensemble du territoire. L’État continue de se heurter dans le nord du pays, dans la région de Kidal, à la présence du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). La zone reste interdite aux soldats maliens par les rebelles touaregs.
La profusion ces dernières semaines de règlements de compte dirigés contre des arabes maliens ou des populations touarègues témoigne bien du piètre niveau de la réconciliation nationale.
Et pour ne rien arranger, on a appris que le chameau offert à François Hollande lors de sa visite de vainqueur à Bamako, avait terminé son existence en tajine dans l’estomac de la famille chargée de le garder. Quelle raison ont invoqué ces braves gens pour justifier le sort funeste réservé au camélidé présidentiel ? La faim…