Le pire, dans cette histoire boiteuse de Panthéon à une jambe, et qui ressemble à une blague, c’est la lettre du futur fusillé lue par Patrick Bruel, la chèvre nationale, qui devient ainsi le héraut de la résistance culturelle antifrançaise.
Bruel en 2023
Bruel en 2024
Le chanteur Patrick Bruel a lu la célèbre lettre de Missak à Mélinée Manouchian sur le parvis du Panthéon. « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain », est-il notamment écrit dans la missive du poète résistant. pic.twitter.com/OGDRcVNPqc
— Le Figaro (@Le_Figaro) February 21, 2024
Missak Manouchian (né le 1er septembre 1906 à Adyaman, Arménie, alors sous la coupe de l’Empire ottoman), et sa femme, sont propulsés au Panthéon. Macron avait officialisé sa décision à l’occasion du 83e anniversaire de l’Appel du 18 juin l’an dernier, selon Jean-Pierre Sakoun, à l’origine du comité de soutien « Manouchian au Panthéon ». La panthéonisation a donc lieu aujourd’hui, 80 ans après l’exécution de la condamnation à la peine capitale, après les aveux des accusés concernant les dizaines d’opérations terroristes sanglantes dans Paris au long de l’année 1943.
Car le groupe Manouchian [1] était un groupe terroriste, aux ordres de l’Internationale bolchevique, appartenant aux FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre étrangère), eux-mêmes issus de la Main-d’œuvre immigrée (MOI) regroupant les travailleurs immigrés de la CGT (CGTU), structure mise en place par le Parti communiste français dans les années 1920 pour encadrer les très nombreux étrangers travaillant en France.
Et la résistance de Manouchian n’est effective qu’après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne en juin 41. Dès lors, ces « résistants » communistes se battent pour l’URSS et non pour la France. Au cours des six premiers mois de l’année 1943, ces groupes FTP-MOI commirent 92 attentats. Puis près de trente opérations dans Paris, du mois d’août (quand Missak Manouchian devient commissaire militaire de l’ensemble des FTP-MOI de la région parisienne) à la mi-novembre 1943.
Sa capture par la police française (la BS2 – Brigade Spéciale, anticommuniste) et l’exécution des activistes qui composaient son groupe mirent momentanément fin à ce bain de sang de « l’armée du crime » et à l’engrenage de représailles que cela entraînait à l’encontre de la population française, par les autorités occupantes.
Rappelons que son épouse accusait un cadre du Parti communiste de l’avoir livré à la police allemande. Et le sort Manouchian et de ses camarades a en effet suscité, dans les années 1984-1985, une controverse : dans un documentaire du réalisateur Mosco Levi Boucault, intitulé par ironie Des « terroristes » à la retraite, un journaliste interrogé a accusé la direction clandestine du PCF d’avoir sacrifié voire « donné » aux Allemands le « groupe Manouchian », parce que ces résistants étaient étrangers et, dans leur grande majorité, juifs. On parlait, dans la France de ces années 80, de « l’affaire Manouchian », qui a fait la Une de la presse. Le journaliste Philippe Ganier-Raymond, auteur du livre L’Affiche rouge (1976) :
« À mon avis, avec un grand cynisme, la direction des FTP a choisi leur sacrifice, de les abandonner. Je n’irai pas jusqu’à dire, faute de preuve, que le Parti communiste les a cyniquement livrés à la Gestapo. »
Aujourd’hui Macron fait l’unanimité de la classe politicarde régimiste avec sa décision et son choix :
« Missak Manouchian porte une part de notre grandeur, il incarne les valeurs universelles. Il a défendu la République. Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous ». (Emmanuel Macron)
Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance : « Pour nous, l’essentiel c’est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon »
Le patron du MoDem François Bayrou : « Ça veut dire que les biens supérieurs, que nous avons défendus avec la Résistance, n’étaient pas que ceux de la France et des Français »
Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau : « Un message plein de sens. D’Estienne d’Orves à Manouchian, les combattants de la liberté étaient d’origine et de conviction différentes mais unis dans l’amour de La France ».
Xavier Bertrand, président LR de la Région Hauts-de-France : « Une juste reconnaissance pour ceux qui se sont battus pour la France et sa liberté, par-delà les frontières ».
Y compris de la Le Pen du Reniement national qui par la voix d’Aliot a affirmé que son parti avait toute sa place à la cérémonie : « Je pense qu’il faut y être. On n’a aucune raison de battre en retraite sur ces sujets-là. Aujourd’hui, la panthéonisation révèle le caractère sacré, finalement républicain, du personnage, et [elle] s’adresse à tous les Français, quelles que soient leur origine, leur condition ou leurs opinions. »
Le projet de l’envoyer au Panthéon, qui accueille déjà nombre d’ennemis de la France éternelle (René Cassin, Jean Monnet, Jean Moulin, Simone Veil, Jean Zay…) démontre encore que le combat qui continue aujourd’hui est bien celui des mêmes contre les mêmes.
La France aux Français !