En France, si on suit le raisonnement du HuffPost et des autres titres de presse mainstream, un jetable n’a pas le droit de poser des questions à un notable. Le quidam doit rester quidam et le people people. Les rôles ne peuvent s’interchanger, à moins que l’autorisation ne soit donnée en haut lieu, là où se décident les postes et les expositions médiatiques.
« Il se présente tantôt comme un "journaliste de rue", tantôt comme un "journaliste gilet jaune". Téléphone au poing, l’individu anonyme qui a interpellé l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie en l’accusant d’être un "journaliste millionnaire anti-gilets jaunes" n’en était pas à son coup d’essai. C’est déjà lui qui avait diffusé la vidéo dans laquelle le comédien Franck Dubosc prenait ses distances avec les gilets jaunes. Copieusement injuriée dans la foulée, la star populaire du film "Camping" avait dû revenir sur ses propos. »
- Attention, trucage !
Ainsi le journaliste ou Gilet jaune ou quoi que ce soit Marc Rylewski a-t-il tapé, comme on dit dans le jargon journalistique (et même policier) des people du show-biz et de la politique pour leur poser des questions gênantes. Un sport que les Anglo-Saxons pratiquent avec naturel depuis des lustres.
Chez eux, secouer une personnalité n’est pas vécu comme un crime de lèse-majesté, c’est même une preuve de vitalité de la démocratie. Chez nous, impossible : un Nobody ne peut prétendre poser la moindre question à un Quelqu’un.
Face au fameux "journaliste gilet jaune", Bernard Tapie est moins patient que Jean-Michel Aphatie. #giletsjaunes #Aphatie #Tapie pic.twitter.com/wvW4U5Xh7I
— Pierre (@Pierrellyon) 11 janvier 2019
Du coup il y en a qui passent outre, parce que c’est pas avec des Sinclair ou des Aphatie, des Lemoine ou des Lapix, des Fogiel ou des Barthès qu’on va obtenir quelque chose de profond de la part d’un homme politique. Les brosses à reluire ne font que dans le superficiel par définition.
Ainsi le HuffPost a taillé le portrait du dernier trublion de rue en date qui nous change des JRI complètement bornés de BFM TV. C’est vrai que ces derniers prennent cher en ce moment, mais la trahison se paye toujours. Trahison du peuple en l’occurrence, parce que la rédaction de Drahi TV est toujours aussi pro-Macron. Même si, parfois, la carapace de propagande se fissure, la preuve avec ce sujet étonnant dans la bouche des relais du pouvoir :
VIDEO⚡️Pression trop forte ? #BFMTV décide enfin ce soir d'évoquer les violences policières contre les manifestants #GiletsJaunes. Un homme et une #femme sans défense réfugiés dans un @BurgerKing sont roués de coups de #matraque par des #CRS (#Acte3 du #1erDecembre). pic.twitter.com/NdHCkZR4SQ
— fandetv (@fandetv) 11 janvier 2019
Marc a fait Dubosc, Aphatie, Jouanno et Mahjoubi. Ici il tape Jouanno, qui a décidé de lâcher l’organisation du Grand débat mais de garder les 14 700 euros par mois.
La technique est simple, mais efficace : taper à l’improviste (pour cela, connaître les lieux de passage du pouvoir), poser une petite question sympa en intro sur un ton badin pour détendre la bête, puis finir sur un coup de hache bien tranchant. Ce qui compte, c’est la dernière question à laquelle en général personne n’a de réponse : elle fonctionne toute seule.
L’analyse du HuffPost montre peu de confraternité avec cette méthode journalistique qui heurte l’establishment :
« Si certains interlocuteurs esquivent l’échange, celui-ci porte généralement sur une ligne complotiste, anti-médias, anti-élites, voire antisémite. »
Ce qui est bien normal : le paparazzi en question ne va pas poser une question débile à la Fogiel, ils sont suffisamment de larbins pour le faire.
Avec la Mahjoubi, le site de l’ex de DSK a trouvé son nonosse antisémite à ronger :
« Journalistes à la solde du pouvoir, complots politiques, accusations de mépris envers les gilets jaunes, le ton du "journaliste de rue" bascule aussi à l’occasion dans l’antisémitisme. Après avoir défendu face à Jean-Michel Aphatie la "quenelle", geste anti-système assimilé par certains à un salut nazi inversé et popularisé par le polémiste Dieudonné, l’individu à la caméra a également publié un échange éclairant avec le secrétaire d’État en charge du Numérique, Mounir Mahjoubi. »
Quelle horreur ! Poser des questions un peu dérangeantes à des gens aussi importants, ce sont vraiment méthodes barbares, nauséabondes, bestiales ! Heureusement qu’il reste des Barbier et des Elkrief qui eux, savent qui est qui.