Marianne serait en vente pour 5 millions d’euros. Une nouvelle illustration de la fulgurance de la crise qui touche l’édition et la presse françaises.
Après l’annonce de la mise en vente du Nouvel Observateur pour une petite quinzaine de millions d’euros (13,4 millions selon Les Échos), c’est l’hebdomadaire Marianne qui devrait vivre des heures difficiles. Selon mes informations, Yves de Chaisemartin cherche un repreneur pour un prix de vente de 5 millions d’euros. Un prix modeste à la hauteur des pertes du journal, qui seraient supérieurs aux estimations annoncées en novembre et avoisineraient les 4 millions.
Dans le même temps, plusieurs nouvelles tombent, qui concernent plutôt le monde de l’édition papier. Ainsi, l’éditeur Jean-Claude Gawsevitch serait en train de déposer le bilan, pendant que les PUF sont rachetées par le réassureur Scor, présidé par Denis Kessler. Fin 2013, c’est LVMH qui a recapitalisé Gallimard à hauteur de 8 millions d’euros.
Après la faillite des librairies « Chapitre », c’est donc tout le secteur de l’édition papier qui subit une violente crise, depuis l’édition de livre jusqu’aux vendeurs, en passant par la presse. Les ressorts de cette crise sont connus : la transformation numérique du savoir laisse le papier imprimé KO. On notera toutefois deux particularités qui accroissent la violence de cette crise.
La presse papier paie sa soumission à l’ordre établi
Les lecteurs de ce blog se souviennent que je m’étais épanché sur les aides publiques à la presse. Certains quotidiens ne survivent que grâce à l’aide qui leur est apportée par le contribuable. Cette dérive constitue l’apothéose d’un système de subordination qui a entretenu la presse française.
La docilité est probablement ce qui caractérise le mieux le journaliste français. Faute d’une transparence des données et des informations publiques, les journalistes sont en effet extrêmement dépendants des « officiels » pour obtenir des scoops ou des informations confidentielles. Pour obtenir ces scoops, il faut se montrer docile et respectable, limiter son esprit critique et en permanence faire des compromis avec ses sources. Difficile, dans ces conditions, de faire honorablement son métier.
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