Extraits d’un entretien que Marine Le Pen a récemment accordé au site Reversus :
Selon Le Parisien, un conseiller de l’Elysée vous voit dans un gouvernement de droite dans dix ans. Pensez-vous que la digue érigée par Jacques Chirac entre UMP et FN puisse un jour être rompue ?
Ces gens là sont dans une démarche politicienne. Ils pensent à des accords de parti pour sauver leurs postes, leurs places et leurs mandats. Nous ne sommes pas dans cette démarche là. Si la digue cède, elle se fera parce que les électeurs de l’UMP rejoindront le Front National. En réalité, il est le seul projet véritablement alternatif dans la classe politique française.
L’UMP et le PS ont beaucoup plus de points communs qu’en a l’UMP et le FN, dans les faits et dans les votes. Je le remarque quasiment quotidiennement à Strasbourg et à Bruxelles.
Dans quelques mois, les militants du FN seront invités à se prononcer pour élire leur président. Quels sont les éléments de différence entre vous et Bruno Gollnisch ?
Nous avons un programme commun puisque nous sommes vice-présidents du FN, mais nous avons surtout des différences stratégiques (…) Je m’aperçois qu’un certain nombre de ses soutiens, notamment au travers de la presse nationale, aimerait bien faire du FN un parti confessionnel. Je ne le souhaite pas, je veux que le Front National reste un parti laïc et un parti non confessionnel. Chaque français doit pouvoir s’y retrouver.
Bruno Gollnisch est pour l’ouverture du FN a un certain nombre de militants qui sont aujourd’hui en procès avec lui et un certain nombre de groupuscules qui sont caricaturaux et anachroniques (…) Ces gens ne sont plus au FN et veulent y rentrer.
Dans le cas où vous seriez élus, ils resteront donc au bord de la famille nationale que vous voulez rassembler ?
Oui, ils seront au bord car ils n’ont pas le même projet que nous. Pierre Vial et Robert Spieler non plus (…) Par conséquent qu’ils soient dans des partis extérieurs n’a donc rien de choquant. Ce sont des groupuscules qui, s’ils rentraient au FN, y sèmeraient la perturbation et rendrait le programme du FN incompréhensible.
Et s’il venait à l’emporter régulièrement ?
Eh bien il l’emportera. Tout les éléments objectifs me permettent de dire que si le FN veut gagner en 2012, il faut qu’il vote Marine Le Pen. Si il n’a pas envie de gagner, je n’ai pas envie de le diriger, donc ça tombe bien. En politique quand on avance pas, on recule. Si on a pas le courage d’appliquer nos idées et d’être en responsabilité, moi ça ne m’intéresse pas d’être à la tête d’un mouvement de témoignage.
Comment expliquez-vous que la presse d’extrême-droite vous soit unanimement hostile, que ce soit Présent, Rivarol ou bien encore Minute ?
Un grand nombre d’éditorialistes et de journalistes de cette presse veulent faire du Front un parti confessionnel où l’avortement serait le sujet principal. Je dis que l’avortement n’est pas un sujet prioritaire pour nos compatriotes aujourd’hui. Je ne parlerai pas de M. Bourbon car il a d’autres obsessions que je suis évidemment loin de partager, c’est la raison pour laquelle il me mène une telle guerre.
Ils me reprochent de sortir des tranchées de la mouvance nationale traditionnelle et de vouloir élargir le discours pour essayer d’attirer l’attention d’un électorat qui est déçu de la gauche, et qui a toute les raisons de nous rejoindre compte tenu de leur opposition à la mondialisation. Ils ont une crainte de sortir des habitudes qui consistent à être entre nous. Si on veut arriver au pouvoir, il faut s’élargir et recruter. Je comprends que ça inquiète certains mais c’est une démarche incontournable.