Une biographie de Michel Clouscard m’a paru d’autant plus intéressante que, du fait de la crise actuelle bouleversant tous les repères, de plus en plus de politiques, de chercheurs, d’intellectuels, s’émancipent des dogmes de la pensée dominante.
Pensée unique, masquée par de fausses oppositions, produites et médiatisées par la caste des idéologues asservie au système de domination. Système défini par Michel comme un ensemble néolibéral sur le plan économique, libertaire sur le plan des mœurs, social-démocrate sur le plan de la gestion politique. Michel Clouscard, dans toute son œuvre, s’affirma comme un formidable dialecticien, dans la lignée de Rousseau qu’il admirait (Le Contrat Social, Héloïse, etc.). Armé des lois de la logique dialectique, il avait le don de révéler les affrontements trompeurs à la pensée.
Ainsi analysa-t-il comme complémentaires et non réellement antagonistes les forces politiques qualifiées Droite et Gauche. Forces politiques apparemment en opposition, surtout sur des questions sociétales – bipolarisant la représentation politique, en utilisant l’une et l’autre (à tour de rôle) les extrêmes comme repoussoirs. Elles s’assuraient ainsi par la grâce de l’alternance (et non l’alternative) et même de la cohabitation le monopole du pouvoir au service des mêmes intérêts, ceux d’une oligarchie financière mondialisée.
Penseur de l’aliénation en régime néolibéral libertaire, Michel Clouscard, par son analyse critique de la vie quotidienne dans Le Capitalisme de la séduction, démontra combien l’idéologie libertaire post-soixante-huitarde, à rebours de ses prétentions émancipatrices, se révéla comme l’idéologie utile et même nécessaire au développement des nouveaux marchés d’un capitalisme alors en crise. Michel a conceptualisé ce marché comme le « marché du désir » et le « désir du marché » s’engrangeant l’un l’autre pour coloniser les esprits et les corps, et réaliser un dressage implacable à l’aliénation consumériste (et à ses dérives pathologiques).
Cette critique radicale des « dégâts » du libéralisme et de ses gestionnaires sociaux-démocrates de droite ou de gauche fut la cause évidente de son ostracisation médiatique et politique. De son vivant, Michel fut essentiellement ignoré, snobé, voire injurieusement catégorisé comme « marxiste stalinien », « facho » , « réac » par les intellectuels et journaux « gauchos » de classe-caste politico-médiatique. Michel a toujours affirmé préférer se consacrer à son activité de chercheur, le plus souvent solitaire, plutôt que de perdre son temps et son énergie, à des affrontements médiatiques stériles avec des sophistes mondains, comme cela s’est produit une fois chez Pivot, face à Séguéla.
Ma femme et moi-même avons partagé des relations amicales régulières et suivies avec Michel depuis l’année 1981. Connaître Michel Clouscard a été un évènement important dans ma vie. Il bouleversa radicalement beaucoup de mes repères intellectuels, en économie politique, dans les domaines culturels, idéologiques, y compris ceux relatifs à ma profession.
Le corps médical, les enseignants, les éducateurs auraient tous intérêt à se saisir de sa pensée critique et de ses analyses novatrices :
sur la production du corps-sujet (L’Être et le code) ;
sur la formation politique de l’inconscient pensé comme « mémoire du corps » ;
sur la réintroduction du « désir » (non-réduit au seul désir œdipien de la psychanalyse) dans l’activité productrice ;
sur l’idéologie, au-delà du seul discours, comprise comme s’incarnant dans une pratique construisant la sensibilité du corps, vrai « dressage comportemental » ;
sur les dégâts de l’immaturation, révélés par les désordres psychosomatiques et médicaux, sociaux, affectant la scolarité, les apprentissages, conduites addictives, délinquance... ;
immaturation découlant des carences éducatives, elles-mêmes sous l’emprise d’idéologies pédagogistes libertaires : l’Enfant roi, en monarchie républicaine... ?
C’est à Nice en 1981 que nous avons fait la connaissance de Michel. Le PC (Parti communiste) ayant proposé à ma femme de lire et présenter Michel et son livre Le Capitalisme de la séduction à la Fête du Château. À cette occasion, faute de mieux, nous avons hébergé Michel à notre domicile (côtoyant l’Église du Jésus) dans le Vieux-Nice. Michel passa deux nuits dans mon cabinet médical sur mon divan, réservé le jour aux psychothérapies. Nuits mémorables, selon Michel, qui nous compta au réveil combien son sommeil fut bruyamment perturbé par d’incroyables braiments d’ânes (de Nice ?!). Réminiscences de ses séjours en Corse ? ou plutôt expression malicieuse, vengeresse ? de son inconscient (mis sur le divan), envers la caste des psys… assimilés en l’occurrence à des ânes perturbant son sommeil !
Tant à Nice qu’à Paris, ou en Dordogne, nos relations continuèrent sous forme de sorties diverses, de voyages en commun. En particulier je dois à Michel de m’avoir fait découvrir et connaitre, outre la Corse où il séjournait souvent, les pays et régions qu’il affectionnait le plus, et, surtout, sa région d’origine : le Gaillacois et ses environs proches et lointains : le Tarn, Albi, la Grésine, les Montagnes de l’Espinousse, la Montagne noire et ses châteaux, l’Aubrac, etc., qu’il me fit sillonner maintes fois selon des parcours immuables. Randos organisées, méthodiques, parfois quasi militaires. Michel, amoureux des beautés naturelles et de la belle France provinciale, aimait faire partager son plaisir et enthousiasme. Nous voyageâmes en Île-de-France, « un des lieux où souffle l’esprit », aimait à dire Michel, dont l’inévitable pèlerinage au parc d’Ermenonville, où repose le grand Jean-Jacques Rousseau ; et nombreuses autres excursions, châteaux de la Loire, Bretagne, Normandie, Corse…
Nous avons connu un Michel profondément patriote, attaché aux valeurs républicaines, laïques, démocratiques, qui « ne peuvent se réaliser que dans le cadre d’un état-nation souverain ». Michel n’était en aucun cas passéiste mais gardait une certaine nostalgie de la « Vieille France », très attaché à ses traditions, à ses cultures régionales enracinées, à ses coutumes, son folklore… tant méprisés par la caste des « Bobos ». La France de Charles Trenet, Tino Rossi, Brassens, Pagnol, Carné, etc. Celle du jazz « avant la dégénérescence du rock ». La France des campagnes, de la solidarité ouvrière, avant la destruction de l’activité productive. C’était la France avant l’américanisation des esprits par Hollywood et le plan Marshall.
Dès 1970, Michel dénonçait et révélait la stratégie du néocapitalisme et de ses élites apatrides mondialisées : destruction des États-nations (donc des souverainetés nationales) faisant obstacles au projet totalitaire de domination euro-mondialiste, par « les moyens de régionalisation et de l’immigration massive ». Immigration que Michel dénonçait comme une triple violence en période de crise et de chômage : déracinement, exploitation, communautarisation, cause majeure des problèmes d’intégration et d’assimilation, source de conflits ethniques et sociaux dans les pays d’accueil. Et enfin, perte de ressources humaines pour les pays d’origine.
Les dimanches, nous nous retrouvions habituellement dans d’excellents restos à Belleville ou bien à la Villette, où nous nous régalions de délicieuses chinoiseries ou de pot-au-feu avec os à moelle. Il y avait aussi chaque année nos rendez-vous à la fête de l’Huma à la Courneuve. Michel, stoïque, se résignait à supporter le bruit et l’agitation de la foule, à piétiner dans la boue ou la poussière (selon le temps). Invité permanent au stand du livre, il présentait ses derniers écrits, souvent perdu au sein d’une cohorte d’auteurs, qui n’avaient que peu de rapport avec son œuvre ou ses intérêts. Restait le plaisir de retrouver quelques amis et de se goberger avec eux dans les cuisines des stands régionaux, dans le bruit et l’agitation de la fête. Je crois que Michel n’appréciait pas trop son immersion dans une ambiance trop américanisée pour ses goûts. En outre, il était navré de la « dégénérescence » du PC auquel il reprochait son défaut d’analyse des métamorphoses de la société française en régime libéral et donc son inexorable sociale-démocratisation.
Pour Michel, l’internationalisme ouvrier avait exprimé le refus du nationalisme guerrier, instrumentalisé par les forces du capital. Il le considérait aussi comme une manifestation de la solidarité des travailleurs s’organisant politiquement pour défendre leurs intérêts de classe contre les manœuvres du capital international. Cependant, il opposait radicalement cet internationalisme ouvrier à ce qu’il appelait « l’internationalisme trotskiste comme projet messianique d’intellectuels non-prolétaires » mais utilisant un prolétariat imaginé révolutionnaire en vue d’une prise de pouvoir… à leur profit.
Cet internationalisme mondialiste, résolument antinational, contre les peuples enracinés, se révélait en réalité une arme de destruction massive au service d’une destruction programmée des États-nations (lieux de la souveraineté populaire et de la démocratie). Internationalisme représentant la stratégie euro-mondialiste des maîtres du capital, que les « idiots utiles » prétendaient combattre. « Seul le capital est international », proclamait Michel. Le peuple associant prolétariat et petite bourgeoisie productrice a toujours été patriote et fidèle à la nation contre la trahison constante des élites cosmopolites apatrides (de Sarkozy à Louis XV).
Sur un plan théorique, Michel faisait le constat que, d’une part, les idéologues du « socialisme scientifique » faisant l’apologie du socialisme réel (ainsi Althusser très critiqué par Michel Clouscard) et d’autre part, les idéologues du libéralisme-libertaire, promoteurs de la marchandisation généralisée, soutenaient tous les deux, au nom du progrès, des projets de mondialisme et de gouvernance mondiale qui se révélaient finalement n’être que parasitisme et dictature techno-bureaucratique d’une élite de privilégiés, une caste, une Nomenklatura, entièrement au service des Maîtres de la Finance et du Capital. Point de vue ô combien visionnaire de Michel Clouscard au regard de notre actualité ! Michel Clouscard a préconisé de façon nouvelle l’union de la classe moyenne petite bourgeoise et du prolétariat national en vue de réformer ce qu’il appelait la « classe moyenne généralisée » afin de construire une démocratie citoyenne et solidaire contrôlant ce qu’il nommait un « parlement des travailleurs ».
Michel critiquait une vision purement matérialiste, déterministe et fragmentaire de la science. Il rejoignait en cela les nouveaux paradigmes issus de la mécanique quantique, de la théorie du chaos ou du raisonnement logique. Principes qui affirment que la vérité est relative et que la réalité est globale, holistique, non-séparable dans le monde subatomique, et même que la réalité est dépendante de l’observateur et des instruments de mesure ! Avec les théories de l’incertitude et de l’indétermination, la matière perdait sa substance (son existence intrinsèque). De même, la réintroduction du hasard, de l’imprédictibilité (théorie du chaos) et les théorèmes d’incomplétude de Gödel, énonçant l’impossibilité de démontrer par la logique qu’un système est cohérent en restant à l’intérieur de ce système.
Autant de notions limitant les prétentions de la science à accéder seule à la connaissance d’une réalité ultime. Ces questions fascinaient Michel qui pensait que science et « spiritualité laïque » devaient être complémentaires pour appréhender le réel. Sa vision était celle d’une science reconnaissant ses limites, renonçant à l’ambition de révéler les phénomènes dans leur essence. Il reconnaissait en revanche la méthode scientifique comme seule démarche rigoureuse et rationnelle pour décrire les différentes formes de leur existence. Michel se référait aux notions d’impermanence et d’interdépendance des phénomènes. Principes mettant en question la notion de principe créateur. Mais qu’en était-il de la réalité de ses convictions profondes ? À l’entendre, Michel, prudent, soutenait malicieusement et avec beaucoup de mauvaise foi assumée, le pari de Pascal. C’était « le parti du moindre risque ». Mais de quel risque était-il question ? Celui de contester Dieu (le père) ? Et de s’exposer à son courroux ? D’autant plus redouté dans son inconscient qu’il fut peu présent dans son conscient ? Mais tout cela n’est sans doute que spéculation de psycho-machin et peu recevable dans les catégories de Michel.
Michel était par ailleurs conscient des dérives du sport en régime capitaliste : sport contaminé par le dopage et le fric, sport comme lieu de recyclage de l’argent sale, sport marchandise mais aussi sport spectacle séduisant, passionnant les foules, Michel et moi-même. Lui-même était passionné d’athlétisme et de rugby. Cependant, à l’opposé d’une critique gauchiste et méprisante du sport, critique qui dénonçait son bien réel usage idéologique, Michel plaidait en faveur d’une éducation sportive populaire insistant justement sur sa valeur éducative, socialisante, maturante pour les jeunes. Valeur de l’effort, du dépassement de soi, de l’esprit d’équipe, de la compétition fraternelle. J’ai plus d’une fois apprécié les capacités physiques étonnantes de Michel à l’occasion de randonnées alpestres faites en commun.
Pour terminer sur un souvenir drôle : lors d’un de nos voyages en Aubrac, un soir finissant d’automne tout en couleurs, nous fîmes halte dans un de ces charmants petits hôtels rustiques de province. Et c’est en savourant un aligot auvergnat, modérément arrosé, que nous fûmes saisis, Michel et moi-même, d’un incroyable fou rire irrépressible, explosif et contagieux. C’est, pliés en deux, que nous fûmes contraints de sortir de table. Plus tard, Michel, perplexe et sans doute irrité d’avoir cédé à ces manifestations instinctuelles incontrôlées, sollicita ironiquement mon avis « d’expert de l’inconscient ». Je lui suggérais que sans doute nous avions avalé le diable qui gisait au fond de l’aligot. « Alors, dit-il, si Satan m’habite, et se rit de moi, c’est que Dieu n’est pas loin ! »
Michel Clouscard et Alain Soral
Les dernières années de sa vie, Michel Clouscard, très affaibli physiquement par sa maladie, mais sans altération de ses capacités intellectuelles, se réfugia dans sa maison mère à Gaillac. À cette époque, diverses personnes se proposèrent dans le but de l’aider d’achever son dernier livre. Michel, handicapé par sa maladie, apprécia cette sollicitude, et l’aide matérielle réelle apportée à l’écriture et à la rédaction. Il bénéficia également d’une aide, domestique et psychologique, soutenue de la part de ses amis gaillacois et corses. Il eut un temps une relation de travail privilégiée avec « un jeune formidable et de grand talent » qui entreprit avec lui de reprendre, systématiser et diffuser sur la toile la totalité de son œuvre intellectuelle. Il y eut des conflits avec les autres assistants. Ceux-ci incitèrent Michel à rompre cette collaboration, ce qu’il fit. À plusieurs reprises Michel me fit part de sa perplexité et de ses doutes sur les intentions de ses aides bénévoles. Pour Michel, j’étais un confident, un soutien psychologique, un conseiller médical. J’estimais important et bénéfique pour lui en fin de vie d’être ainsi entouré par toutes ses relations qui manifestaient leur intérêt pour ce qui, au regard de Michel, était le plus fondamental : la survie de l’œuvre enfantée par son esprit. Je l’ai souvent entendu dire sans rire « être célèbre après ma mort, ça me fera une belle jambe ».
L’énorme travail de Michel Clouscard, ses nombreux livres, à l’exception du Capitalisme de la séduction, n’était connu que de quelques intellectuels et snobé par la plupart des clercs de sensibilité droite et gauche. Et pour cause, Michel Clouscard portait une critique radicale aux deux consensus idéologiques, celui de la contre-révolution libérale – sociale démocrate – libertaire et celui de la dogmatisation du marxisme. De plus Michel Clouscard mit en lumière les fondements philosophiques (néo-kantiens) communs aux grands maîtres à penser de la culture libérale-libertaire : Sartre, Lacan, Lévi-Strauss, Foucault, etc. Michel Clouscard identifia ces derniers comme les meilleurs idéologues (école structuraliste) prescripteurs du libéralisme-libertaire. En ce sens, Michel Clouscard ne pouvait apparaître que comme un penseur hérétique au regard de l’intelligentsia consensuelle « de gauche ».
Michel, parlant de Soral , « celui qui lui avait tout piqué », ce qui était reconnaître à sa façon une filiation intellectuelle, lui reconnaissait les qualités d’intellectuel érudit, autodidacte et aussi de polémiste brillant et courageux. Le parcours intellectuel et politique de Soral déconcerta sans doute le public. Il a pu même paraître incohérent à certains. D’abord ses références marxistes et son adhésion au PC puis sa rupture, suivie d’une adhésion (je crois) et du moins, compagnonnage avec les dirigeants du FN avant de s’en séparer et de créer le mouvement Égalité & Réconciliation. Comme d’autres intellectuels marxistes, dont Michel Clouscard, Soral critiqua et rejeta la dogmatisation du marxisme qui, excluant la subjectivité pour des raisons historiques, dégénéra en bureaucratie. Le PCF lui-même, jetant le bébé avec l’eau du bain pour sauver ses bastions électoraux, rejoint progressivement le camp de la sociale-démocratie libérale, abandonnant ainsi ses références marxistes. Le PS aux mains des Trotkistes, selon Michel, embrassa le PC pour mieux l’étouffer.
D’autre part, Soral reprit la critique radicale de Michel Clouscard, dénonçant la contre-révolution néo-libérale sociale-démocrate, dont l’idéologie dominante libertaire (depuis Mai 68) faisant la promotion d’une « individualité libre », d’une subjectivité pulsionnelle récusant l’institutionnel, le politique, le « contrat social », réduisait le citoyen à n’être qu’un consommateur passif aliéné aux séductions du marché. Sans doute a-t-il fallu à Soral faire l’expérience de ces deux négativités issues des impasses du communisme dogmatique et du néo-libéralisme pour que lui apparaisse la nécessité de leur dépassement logique. « Le politique doit se fonder sur la subjectivité » : proposition fondamentale du génial Rousseau qu’à l’évidence ont partagée Soral et Clouscard. Soral, alors qu’il sentait le souffre du fait de ses camaraderies lucifériennes au Front national, s’autorisa avec juste raison, selon moi, à se réclamer de la pensée clouscardienne.
Les intellectuels (proches du PS selon Michel) incitèrent Michel à se démarquer publiquement de Soral, ce qui fut fait dans le journal l’Humanité. Pour ceux-là, associer Clouscard à Soral, c’était l’associer au FN, au fascisme et à la bête immonde qui l’accompagnait. En tout cas c’était compromettre radicalement sa crédibilité et l’avenir de son œuvre. C’était prendre le risque « d’amalgamer le populisme du FN et le national-socialisme » menaçant de ressurgir en période de crise du capitalisme. Michel Clouscard considérait le fascisme comme « spécifique du mode de production du capitalisme concurrentiel libéral (CCL) », historiquement daté dans l’Allemagne nazie, dont le problème était d’homogénéiser la nation au moyen du racisme et de la xénophobie en contradiction avec les intérêts de l’internationalisme du capital.
Pour Michel Clouscard, la mondialisation voulue par les oligarchies « dominées par la finance et le sionisme » permettait de « faire l’économie du fascisme », fascisme qui ne devait pas être utilisé comme référence automatique car selon Michel, l’usage idéologique du fascisme donnait à croire aux naïfs et aux manipulés que le libéralisme était la seule solution.
Pour ma part, me référant à mes liens d’amitié et professionnels réguliers avec Michel et d’autres relations amicales, me référant à nos conversations et propos relatifs à Alain Soral, me référant aux œuvres écrites de Soral et à ses interventions dans les médias, j’ai acquis la conviction que Soral était bien pour l’essentiel dans la continuité des fondamentaux de la pensée de Clouscard. Égalité & Réconciliation par ailleurs fait constamment la publicité et diffuse les principaux livres de ce dernier aux éditions KontreKulture. Ce n’est pas par hasard que l’un et l’autre ont été ostracisés, encore actuellement Soral, et traités en hérétiques ou diabolisés.
L’un et l’autre se sont révélés comme des critiques absolus et radicaux :
du néo-libéralisme, de la dogmatisation du marxisme et du bureaucratisme stalinien, de la domination mondiale des oligarchies financières, associées à l’Empire américano-atlantiste et à ses puissants réseaux et lobbies sionistes et internationaux : CFR, Bildeberg, Trilatérale, le Siècle, etc., etc. ;
du projet mondialiste ultra-libéral et ses relais tels l’Union européenne, que Michel dénonçait comme un projet américain nécessitant pour sa réalisation la nécessaire destruction des États-nations souverains ;
de la mondialisation et de ses dégâts planétaires écologiques et sociaux ;
de l’idéologie libertaire destructrice de la formation du corps et des esprits (immaturation et pathologies organo-psychiques), de l’éducation, du lien social, des cultures enracinées (américanisation), de la citoyenneté, du politique.
Comment les Maîtres du monde, ceux de l’Empire financier, militaro-industriel et transnational se proposent-ils de traiter le chaos qu’ils ont eux-mêmes généré ? Chaos qui peut aussi bien être une stratégie pour pérenniser leur domination. Dans l’Union européenne, les pays sont confrontés à des politiques d’austérité assassines, générant chômage, paupérisation, déflation. La dégradation des conditions de vie des classes moyennes, créant des frustrés et des revanchards, qui, associée à l’insécurité et au processus de communautarisation, favorise tous les conflits (ethniques, religieux, sociaux) avec risques réels de résurgence de groupes xénophobes et racistes. Le naufrage des promesses du libéralisme (jouissance infinie) consécutif à la crise, associé aux pertes des repères individuels et sociaux, aux violences, ne pourra engendrer dialectiquement que le mouvement inverse d’une exigence populaire de remise en ordre autoritaire, incompatible avec la démocratie. C’est pourquoi l’initiative soralienne, développée dans Égalité & Réconciliation, associant gauche du travail et droite des valeurs, plaidant pour une intégration – assimilation des immigrés et dénonçant les manipulations des groupes ethnico-religieux constitue un antidote aux évolutions dangereuses.
GdB
Pourquoi cet écrit ?
Adhérente à E&R et fille de GdB, qui ne sera jamais mon parent 1, ni mon parent 2, je souhaitais vous faire parvenir ce témoignage de son amitié avec Michel. Il vous faut peut-être savoir que mes deux parents ont été adhérents au PCF. Quand le PC a viré social-démocrate, ils ont rendu leur carte, déçus.
Il est évident, quand on connaît les œuvres des deux hommes, que Soral est le vrai héritier de Clouscard. Encore faut-il faire l’effort de bien vouloir s’intéresser à celle de Soral, qui est encore rejetée par les médias, alors que la pensée de Clouscard a été récupérée par ceux-là même qui hier le rejetaient, par ceux-là mêmes qu’il dénonçait, lui, de son vivant ! Que le journal L’Humanité, vendu depuis longtemps au PS, ait relayé cette lettre écrite deux ans avant sa mort, lui affaibli et vieillissant, n’est pas étonnant. La pression de l’environnement pro-socialiste de Michel a été déterminante à la création du fossé idéologique Clouscard/Soral qu’on a établi afin de discréditer Soral aux yeux du public.
Ces méthodes de tricherie, de mensonge, et de perversion intellectuelle sont représentatives de « la gauche » actuelle et de son bras droit « antifasciste », qui utilisent en pratique les armes de ceux que leurs membres croient combattre : à travers l’atteinte à la liberté d’expression de Soral et de E&R, les « antifas » empêchent les seuls résistants au libéralisme de véhiculer leur pensée. Ils sont en fait manipulés par le système qu’ils dénoncent, manipulés par la pensée dominante. Être nationaliste c’est la seule résistance dans le monde d’aujourd’hui, au libéralisme. Pour preuve : Chavez. Il est parfois difficile de garder son sang froid, quand lors d’un débat, l’argument de ceux qui n’en ont pas (pour paraphraser M. Collon), c’est « fasciste », « négationniste » ou encore « complotiste » ! Le point Godwin étant atteint, le débat est clos. Quelle frustration ! Et quelle appellation erronée : comment traiter de fasciste un patriote qui se réclame de la Résistance, de cette France qui a combattu l’Allemagne, de ses parents, de ses racines ?! C’est absurde.
Je salue alors ici toutes les victimes du système, qui en sont les réels et seuls opposants : tous les Dieudonné, les Marion Sigaut et autres chercheurs de vérités, uniques combattants honnêtes au système.
Et pour clore cet éclairage quant à la pensée des deux hommes, en guise de conclusion, j’appellerai de mes vœux tous les hommes qui sont encore des hommes, tous les Français de cœur : réveillez-vous ! Nous sommes en guerre, idéologique pour l’instant, mais pour encore combien de temps ? Il est l’heure de prendre votre courage à deux mains, de faire cet effort intellectuel et émancipateur de recherche de vérité et de justice. Il est temps de prendre sa carte à E&R et de grossir les rangs de ceux qui réclament justice et vérité chez nous, en France ! Nous ne nous soumettrons pas à l’euro-libéralisme !
Je serai heureuse et ravie, quelle que soit votre origine – c’est la force réconciliatrice de ce mouvement, qui se réclame d’abord et avant tout français et patriote – de vous rencontrer, vous les déçus de la politique, vous les futurs ex-idiots-utiles, vous les frustrés de la pensée, vous les honnêtes gens, vous les bras dans lesquels coule le sang de la révolte à cette élite mondialiste ; révolte qu’on entend au doux murmures des veillées catholiques, gronder.
Sa fille