Mila, une jeune fille virtuelle en 3D, surgit sur Instagram pour s’attaquer à la religion musulmane et à Allah en des termes très Charlie, c’est-à-dire outranciers et scatologiques. La vidéo est virale, elle fait le tour d’une France déjà chauffée à blanc sur le sujet – laïcité, islam, république, terrorisme, sécurité, Castaner, CRIF, retraites, antisémitisme bidon – et la jeune fille devient en trois jours l’égérie des nationaux-sionistes, la Jeanne d’Arc des islamophobes.
Mais reprenons l’affaire depuis le début avec France Info :
« Le 19 janvier dernier, Mila, qui veut devenir chanteuse, échange avec ses abonnés sur son compte Instagram. Selon ses déclarations, un jeune homme de confession musulmane lui fait des avances. Elle l’éconduit. Il traite alors la lycéenne, qui revendique son homosexualité, de "sale gouine". Mila réplique en qualifiant le Coran de "religion de haine" et en ajoutant, "je déteste toutes les religions". Depuis, Mila a reçu de nombreuses menaces de mort, de viol. Certains internautes, qui l’ont reconnue, ont dévoilé son identité, son adresse ainsi que celle de son lycée. L’affaire a pris de telles proportions que l’adolescente a porté plainte et a été déscolarisée. »
Déjà, tout ce bordel ne serait pas arrivé si ce connard n’avait pas insulté Mila et avait tout simplement accepté sa défaite sur le terrain amoureux. Quand une fille n’est pas intéressée par un mec, qu’elle dit non, c’est non. Le mec remballe sa drague et va voir ailleurs, en essayant d’améliorer sa méthode ou son être, même si pour beaucoup cela semble difficile, voire impossible. Mais l’affaire Mila est lancée. Toute la France ne parle que de Mila, enfin, surtout les réseaux sociaux et les médias intéressés pas le problème de la laïcité, de l’islam, du respect de la femme, bref, les thèmes chers à Zemmour. C’est bien pour ça que la zemmourosphère s’est précipitée sur l’impudente et en a fait une icône, celle de la résistance française à l’agression islamiste. On reprend les éléments de langage du national-sionisme, parce qu’il s’agit de ça. Mila est devenue un enjeu politique.
Il en va de Mila comme de Charlie Hebdo : on peut être en désaccord sur les termes avec lesquels une religion est vilipendée, caricaturée, moquée. Mais personne ne saurait interdire cette expression au motif que la norme religieuse serait supérieure à la loi de la République. https://t.co/JZMMVFHb41
— Mario Stasi (@MarioPstasi) January 30, 2020
- Le shitstorm de la semaine pour Mila
Du domaine d’une drague banale sur Instagram, le problème s’est déplacé sur le terrain juridique : les propos de Mila sont-ils condamnables ? C’est là que les spécialistes se sont écharpés : Mila, qui a reçu des menaces de mort suite à sa vidéo, est-elle la victime ou la coupable ?
« Le procureur de la République de Vienne a ouvert une enquête pour "menaces de mort", confiée à la section de recherches de la gendarmerie, compétente en matière de cybercriminalité. Concernant les propos de Mila, le parquet a également ouvert une enquête, pour "incitation à la haine raciale". Mais, d’après les premiers éléments recueillis, "on ne peut pas pour l’instant taxer la jeune fille de racisme", a indiqué une source proche du dossier à France Bleu Isère. Mila a fait des excuses dans un tweet : "Je m’excuse, je ne voulais offenser personne. J’ai parlé trop vite. L’erreur est humaine." »
De juridique, enfin, l’affaire est devenue politique. Et là on est entré dans le dur avec l’intervention des colosses du débat chaud. Marine Le Pen, d’abord :
« Les propos de cette jeune fille sont la description orale des caricatures de Charlie, ni plus ni moins. On peut trouver ça vulgaire, mais on ne peut pas accepter que, pour cela, certains la condamnent à mort, en France, au XXIe siècle. »
On le voit, c’est l’affaire Charlie 2 : le blasphème antireligieux, puisque c’est sa définition mais on la rappelle pour les absents, est-il condamnable ? A-t-on le droit d’insulter une religion ? Ses croyants ?
Il est donc rappelé par cette décision que notre droit ne réprime pas le #blaspheme. Je redis à nouveau publiquement tout mon soutien à #Mila. https://t.co/jCbgaYWzzw
— Frédéric Potier (@FPotier_Dilcrah) January 30, 2020
Affaire #Mila : « La réaction d’Abdallah Zekri est cohérente avec ce que le CFCM a toujours été ! »@ZinebElRhazoui dans #CàVous ⬇ pic.twitter.com/HdPExhcGEk
— C à vous (@cavousf5) January 29, 2020
« Qu’est ce qui a pu se passer dans notre pays pour qu’une ministre de la République puisse dire que “l’insulte à l’encontre d’une religion est une atteinte grave à la liberté de conscience” !? On s’apprête à rétablir un très peu laïque “droit au blasphème” ? » (le député Emmanuel Maurel)
« Dire que le Coran c’est de la merde, que l’islam est de la merde, c’est un droit constitutionnel en France ! » (Zineb El Rhazoui)
Les réponses fusent des deux côtés de la barrière : oui pour les nationaux-sionistes, non pour les islamo-gauchistes, et là on reprend pour une fois la terminologie de Goldnadel. C’est la version sociétale du combat entre ce qu’on appelle le socialo-sionisme et le national-sionisme. C’est la même maison-mère, mais ce ne sont pas les mêmes doctrines, ou méthodes de domination. Le socialo-sionisme a régné 35 ans en France, et il a échoué lamentablement. Le PS est mort, Julien Dray à la casse, et les plus opportunistes parmi les anciens socialo-sionistes sont passés avec armes et bagages de l’autre côté, chez les nationaux-sionistes. L’évolution idéologique de Finkielkraut illustre ce changement de paradigme. Une fois que le lobby sioniste a pointé du doigt le musulman comme nouvel ennemi, les Français, qui avaient été interdits de critique pendant trois décennies, ont désormais le droit de se lâcher. Mais sur les musulmans, pas sur les juifs, attention.
.@ZinebElRhazoui :"Dire que le Coran est de la merde, que l’islam est de la merde, c’est un droit constitutionnel en France ! (…) Mila a tout compris.. !"#Mila #Belloubet pic.twitter.com/Jp9xahQmsY
— MichaelVllt (@LEDOUAISIEN) January 30, 2020
Et c’est là toute la perfidie de cette affaire : on a le droit de dire que « l’islam c’est de la merde », comme le préconisait la Badinter avec « on a le droit d’être islamophobe », mais pas le judaïsme, parce que ce sont les gentils, comprendre les dominants.
Mon amie @ZinebElRhazoui a raison de dire que le blasphème est un droit constitutionnel en .
La lutte contre l’islamophobie consacre un droit au blasphème qui ne dit pas son nom. Au pays de Voltaire, seuls des lâches veulent encadrer la liberté de moquer les religions.#Mila pic.twitter.com/lnq9N46pQC— Guillaume Bigot (@Guillaume_Bigot) January 30, 2020
De l’autre côté, Patrick Liste Noire Cohen, en retard d’une guerre sioniste, bloqué sur l’ancien antiracisme de gauche, demande si les propos de Mila ne seraient pas une provocation à la haine raciale :
Maître Malka a raison.
Silence général et assourdissant des associations des droits de l’Homme, des associations LGBT et des associations féministes sur l’affaire #mila et quand ils se fendent d’un commentaire, ils le font avec un « MAIS ». #JeSuisMila pic.twitter.com/0o3uDiIDHG— MEHDI AIFA (@Mehdi_Aifa_AJR) January 30, 2020
Au bout de sa réponse, l’avocat de Charlie – tiens ! – Richard Malka, pour qui la liberté d’expression existe bel et bien en France, sauf bien sûr pour Soral et E&R. Mila est la mine sur laquelle les nationaux-sionistes ont marché bien volontairement, et ça fait exploser tout le débat. Les deux camps s’affrontent avec une dureté jamais vue, et une Zineb El Rhazoui s’en prend à un ministre comme si c’était un paillasson :
Vous persistez et signez ! Dire que le Coran est de la merde n’est pas une incitation à la haine. Vous faites preuve d’ignorance. Vous condamnez #Mila avec vos propos irresponsables.
Ne touchez pas à notre liberté de conscience ! #JeSuisMila #BelloubetDemission https://t.co/eYnR5ZYeap— Zineb El Rhazoui (@ZinebElRhazoui) January 29, 2020
On sent avec cette sortie que la Zineb est consciente du poids politique que le lobby sioniste lui a accordé, depuis sa photo historique avec la Badinter. Un blanc-seing qui vaut non seulement passage mais aussi impunité dans tous les médias ! Zineb, la survivante de Charlie Hebdo (même si elle était en vacances le fameux 7 janvier), est désormais une Intouchable. Mais pas une Intouchable à l’Indienne, ceux qu’on appelle les Chandâlas, les derniers des derniers de la société, les mangeurs de chiens, ceux qu’on ne peut toucher sous peine d’être soi-même contaminé par leur rang inférieur, non, une véritable Intouchable, qui peut tout dire et même engueuler un ministre.
Zineb est évidemment le nouveau bélier du national-sionisme islamophobe, et les menaces de mort qui pèsent sur elle en font une Juste parmi les nations... Si Zineb, la pointe de l’armée nationale-sioniste dans les médias, cartonne le ministre de la Justice, il faut comprendre que les zemmouriens s’attaquent à la Macronie en lui mettant un dilemme tranchant sous la gorge : soit les macronistes condamnent les propos de Mila, et alors ils sont taxés d’islamo-gauchisme, c’est-à-dire de collaboration avec l’ennemi intérieur (voir la sortie de Zineb sur « les islamistes aux portes du pouvoir en France », carrément la 5e colonne), dans le même sac que les mélenchonistes, soit ils protègent Mila et se coupent de leur base musulmane, électoralement. Un double coup politique bien joué à un mois de la campagne officielle des municipales (le 2 mars 2020).
Illustration de ce mal de tête pour la Macronie avec la déclaration d’Aurélien Taché, le député 100 % immigrationniste du cercle rapproché du Président :
L’affaire Mila est donc un attentat national-sioniste sous faux drapeau français (et féministe). Naturellement, tous les agents de la nouvelle dominance se ruent dans la brèche et apportent leur soutien à Mila, qui va évidemment se faire broyer pour leurs beaux yeux, et surtout leurs intérêts.
Malheureusement, on ne peut pas demander à une jeune fille de 16 ans de réfléchir aux conséquences de ses actes en fonction de la lutte sourde entre les deux tendances du pouvoir profond. La pauvre a juste voulu se débarrasser d’un emmerdeur mal-draguant sur Instagram, et elle se retrouve télétransportée sur un champ de bataille entre les divisions du général Zemmour et celles de la Macronie. Dans ce foutoir zizanique qu’est devenue la France depuis justement ce changement de paradigme, du socialo au national-sionisme, il est difficile de conserver la tête froide et sa mécanique cérébrale en état de marche, tant les sollicitations émotionnelles sont puissantes. Certains ont envie de gifler Mila (on passe sur les menaces pathologiques de viol et de meurtre, les islamistes ultra ne valant pas mieux que les sionistes ultra) pour son effronterie très Charlie, d’autres de la hisser sur un cheval et de lui faire endosser l’armure de Jeanne d’Arc, celle qui va bouter l’Arabe hors de France. Tout est évidemment trop lourd pour elle, et les gifles, et l’armure.
Pour nous, il s’agit bien d’une lutte de clans entre pouvoir profond et pouvoir visible, donc d’une tentative de déstabilisation de la Macronie, histoire d’affaiblir un Président qui n’est pas suffisamment aligné sur les directives du CRIF. On a tous vu la gueule qu’il a tirée quand Kalifat lui a pris le bras pour le lever en signe de victoire... du lobby sur la France. Et le même Président s’est fait tirer l’oreille pendant deux ans pour aller s’agenouiller à Yad Vashem (c’est une image), entre-temps il osera dire que Jérusalem ne peut être la capitale de l’entité israélienne... Tout cela méritait punition, n’est-ce pas ?
Macron : " Nous sommes un pays où il est libre de blasphémer parce que ça fait partie de la liberté de conscience " #Mila pic.twitter.com/lTW1wSiey8
— CARPE DIEM (@CARPEdI56046538) January 30, 2020
Que pense le peuple de tout ça ? Une partie des Français, qui vomit l’idéologie antiraciste qui lui a fait tant de mal, en profite pour se venger de 35 ans de soumission avec les sionistes qui leur soufflent dans le dos comme on souffle sur les braises d’un feu mal éteint. Une autre partie, toujours croyante, n’aime pas qu’on insulte une religion, quelle qu’elle soit, car ne soyons pas hypocrites : insulter une religion, c’est insulter les croyants, les catholiques en savent quelque chose depuis Mai 68...
Et puis au-delà cette pré-guerre civile, il y a une frange plus fine, dans tous les sens du terme, qui décrypte l’ingénierie sociale en cours et qui voit où le pouvoir profond veut en venir : à la grande ratonnade, celle qu’avait prophétisée (mais jamais appelée de ses vœux) Soral dans son discours sur le foulard.
Ça me fume si Mila aurait juste dit « la Torah c’est de la merde votre dieu jlui met un doigt dans le cul » elle aurait pris perpétuité + 8 milliards d’euros d’amende Macron il l’aurait balayé mais vu que c’est l’Islam on peut se lâcher dans ce pays, justice à doubles mesures
— Icardinho⚜️ (@Kln_Gb) January 30, 2020
#Mila Si je dis aux juifs que les juifs israéliens sont des colonisateurs = AnTiSéMiTe
Si je dis aux homos que je suis contre la Pma = HoMoPhObE
Si je dis aux musulmans que leurs Dieu je lui met un doigt dans le cul = Droit au blasphème... ! pic.twitter.com/q1KkQoRVfu— ©️SSEE (@Ultra_MK_) January 30, 2020
Si je fais un blasphème sur le judaïsme, serais je antisémite ?
— Enahpets Yerellib (@enahpetsYerell) January 30, 2020
Comme quoi, la conscience, ça sert à se sortir des pièges bien cachés de la dominance.