Le ministère russe de la Défense projette de modifier le plan de défense du pays suite à la création et à la modernisation de nouvelles bases aériennes en Asie centrale, en Biélorussie et en Arctique, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Ces bases accueilleront la nouvelle aviation opérationnelle et stratégique et serviront d’aérodrome d’escale pour les bombardiers stratégiques Tu-160 et Tu-95 MS lors de leurs missions sur les théâtres d’opérations extérieures.
Selon une source du ministère de la Défense, le nouveau plan de défense sera prochainement signé par le président Vladimir Poutine. Les travaux de modernisation de l’infrastructure et la projection de l’aviation militaire dans ces régions ont déjà commencé, suite à une directive du ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
Il est notamment prévu de déployer une base aérienne russe sur l’aérodrome militaire de Lida, en Biélorussie. Selon Sergueï Choïgou, un accord intergouvernemental à ce sujet est en cours de préparation. La Russie n’aura pas à moderniser l’infrastructure de la base et l’aviation russe pourra y stationner gratuitement, en échange de quoi la Biélorussie recevra quatre systèmes sol-air S-300. A l’avenir le groupe stratégique de défense antiaérienne de la Biélorussie va donc doubler grâce à la Russie.
Le commandant de l’armée de l’air russe Viktor Bondarev avait déjà annoncé qu’un poste de commandement militaire russe serait prochainement mis en place à Lida et que les équipages des chasseurs modernisés Su-27 SM3 arriveraient d’ici la fin de l’année. L’aviation stratégique pourrait également être déployée à Lida, bien que d’un point de vue stratégique le déploiement permanent de Tu-95 MS à Lida (à proximité immédiate des frontières polonaise et lituanienne) soit inutile. Lida servira très probablement d’aérodrome d’escale pour l’aviation stratégique.
Une nouvelle base aérienne pouvant remplir cette fonction est également en cours de construction en Arctique. Le ministère de la Défense modernise notamment l’aérodrome Temp, sur l’île Kotelny de l’archipel de Nouvelle-Sibérie. Selon les informations officielles, sa reconstruction est destinée à rétablir la communication aérienne dans la zone de la Route maritime du nord et des territoires adjacents à la zone arctique. Après trente ans d’interruption, l’avion de transport militaire léger An-72 pourra y atterrir cette semaine.
Dans peu de temps ce sera le tour de tous les types d’avion. Selon le vice-ministre de la Défense Arkadi Bakhine, l’objectif est d’augmenter la longueur de la piste d’atterrissage pour accueillir des avions lourds, tels que l’Anteï ou le Il-76, et d’assurer un fonctionnement de l’aérodrome toute l’année, ce qui permettrait d’accroître la présence des forces et des moyens militaires sur les îles.
"Là où atterrissent les Anteï, les bombardiers stratégiques Tu-160 et Tu-95 MS peuvent également le faire. Aujourd’hui, pour une projection sur tout le continent américain, ils doivent être ravitaillés en vol. Ce n’est pas très pratique. Il serait préférable que nos avions stratégiques puissent se ravitailler sur les aérodromes d’escale en Arctique et, si besoin, remplir des missions de veille dans leurs zones de responsabilités respectives", a déclaré le colonel Edouard Rodioukov de l’Académie des sciences militaires.
Il est convaincu que la projection de deux bombardiers stratégiques russes Tu-160 au Venezuela et au Nicaragua ne sont que le "début de la présence militaire russe à long terme en Amérique latine, ainsi que dans d’autres régions de la planète où la Russie a des objectifs géopolitiques importants. Les nouvelles bases aériennes créées par la Russie en Arctique et en dehors de son territoire seront d’une grande aide".