Jeudi 11 février 2021, Jean-Luc Mélenchon met pour la première fois le pied dans le studio où sont tournées en direct les deux émissions phares produites par Cyril Hanouna, Touche pas à mon poste ! et Balance ton post !. Le leader gauchiste prend un risque avec son image mais l’appel de la forêt électorale est le plus fort : lancé en campagne présidentielle avant tout le monde, il ne néglige aucun public, et Hanouna est synonyme de peuple, enfin, d’une partie du peuple, un million de ménagères et de jeunes. Il faudra maintenant passer chez Yann Barthès qui en fédère le double avec Quotidien sur TMC. La politique est impitoyable...
Le 24 avril 2017, lors du premier tour de la dernière présidentielle, un quart des jeunes avait voté pour lui, un quart pour Marine. En cette mi-février 2021, avec la double répression sanitaire et économique imposée par les forces néolibérales qui occupent l’État, la colère des jeunes est manifeste : leur vie sociale a été réduite à zéro et les votes contestataires risquent d’affluer chez ceux qui tiennent le discours le plus anti-Macron.
Et comme par un miraculeux hasard, un sondage vient de donner Marine finaliste avec un 48/52 face au président sortant. Presque, comme dirait l’ennemi de Patte-de-Jaguar dans Apocalypto. Il était donc temps d’agir, et d’aller à la pêche aux indécis, ou aux influençables.
Le problème, pour Mélenchon, c’est la présence d’Éric Naulleau, qui anime la seconde émission, Balance ton post !. L’ancien chroniqueur de Laurent Ruquier est devenu la caution intellectuelle (ou le cerveau gauche) de Cyril Hanouna. Il a adopté la ligne socialo-sioniste de son chef sur C8, qu’il mâtine de national-sionisme, la stratégie CNews. Il exècre donc, ou feint d’exécrer, le populisme d’un Mélenchon qui a parfois osé s’en prendre au CRIF et le CRIF, comme chacun sait, c’est la ligne rouge avec barbelés, miradors et champ de mines.
Débat très tendu dans #TPMPWeekEnd !@EricNaulleau évoque le comportement de @JLMelenchon quand ils se sont croisés dans les coulisses de #BalanceTonPost. @RaquelGarridoFr lui répond en direct ! pic.twitter.com/v8aJtwYiHO
— TPMP (@TPMP) February 12, 2021
Pour se justifier, Mélenchon a expliqué, selon OZAP, que Naulleau était « systématiquement extrêmement agressif » et « même injurieux » envers lui : « Je n’avais pas envie d’avoir sur le plateau une espèce de charge haineuse ».
Balancer contre un poste...
C’est vrai que Naulleau, depuis qu’il a été cyrilisé, voue une haine rabique contre tout ce qui lui – ou à son patron – semble populiste. On l’a vu étincelant de mépris et d’arrogance en plateau contre Maxime Nicolle des Gilets jaunes, et empressé de cirer les pompes des puissants. Le plus haut degré de la subordination !
Pour en revenir à ce jeudi noir, Mélenchon a donc pu éviter le roquet du CRIF (par transitivité) Éric Naulleau, mais il n’a pas pu éviter le jeune Geoffroy Lejeune. Le chroniqueur de BTP ! rapatrié de Valeurs actuelles par le couple Nedjar-Bolloré a ainsi pu déployer l’élément de langage prévu à cet effet par la production.
Puisque Jean-Luc #Melenchon sectionne le débat à son avantage sur Twitter, voilà l'extrait complet dans lequel je l'accuse d'être un islamo-collabo. Évidemment, il ne répond à aucune question. https://t.co/daTtFlQ0AV pic.twitter.com/wTzPno6J9J
— Geoffroy Lejeune (@GeoffroyLejeune) February 12, 2021
Jusqu’où Naulleau descendra-t-il ?
Que ce soit par les dirigeants du CRIF ou leurs relais médiatiques, la sentence est toujours la même : oui à la gauche sociétale siono-comptabile, non à la gauche sociale souverainiste. L’homme en caoutchouc l’a bien compris, et c’est à ce titre qu’il peut conserver son petit poste télévisuel et tous les avantages y afférant. Le reste est non pas de la littérature, mais du spectacle.
À propos de littérature et de spectacle, a-t-il lu Faust de Goethe ? Et si ses maîtres lui demandent de manger du crottin de cheval ? A-t-il conscience qu’il finira jeté dans la géhenne, après avoir bien servi ?
Bonus : historique de l’hystérie de Naulleau contre La France insoumise