A propos de Dieudonné j’ai lu un texte qui m’a fait penser à lui récemment. Le voici :
« L’épistémologie du courage est fondée par cette seule légitimité de l’intention courageuse passée à l’acte. En même temps, et c’est là tout le paradoxe, si le courageux ne cherche qu’à être lui-même et refuse la mise en scène de soi-même, il n’en demeure pas moins qu’il est profondément – même si imperceptiblement – différent. Il est extraordinaire. Transformer la conscience de la finitude en acte plein de grâce n’est pas offert au premier venu. Les courageux scellent une victoire de l’âme qui sauve en partie l’humanité. « Un héros représente un bond en avant de l’évolution créatrice ; c’est la mort en lui qui est morte » Un instant, la vie n’est que vie et la corruption s’arrête. L’élan courageux sanctifie l’élan vital. Le courageux comprend le mystère organique de l’instant, ce qui fait qu’on accède à un autre espace-temps. Comme s’il existait un passage secret vers la vie et l’éternité. L’épistémologie du courage est une science de ces passages secrets. Le courageux sait à quel point l’occasion est fuyante et manquante. Cela fait son charme et la cause du désespoir qu’elle nous inflige. (...) Les occasions sont des instants irréversibles dans une biographie qui est elle-même l’Occasion de toutes les occasions » Toujours subsiste l’occasion d’un nouvel instant à venir qui ne sera pas celui que nous avons manqué, qui ne rachètera pas celui que nous avons manqué, mais pourra au moins nous donner la matière de l’assumer. En ce sens subsiste toujours le grand instant ou ce qui fait peut-être la différence entre la vie courageuse et la vie ordinaire. Une manière de transcender le fini et de conter sur d’autres siècles l’histoire de l’homme. »
Page 100 de « La Fin du courage » de Cynthia Fleury, philosophe (de gauche...) Les citations sont de Vladimir Jankelevitch
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