« Je ne veux plus me mentir », a dit l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire, qui n’a prévenu ni Emmanuel Macron, ni Édouard Philippe de sa démission.
Interrogé sur ses motivations, Nicolas Hulot a dit qu’il avait le sentiment que l’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement, alors que « ce sujet conditionne tous les autres ». Et d’ajouter :
« On s’évertue à entretenir un modèle économique responsable de tous ces désordres climatiques. (...) Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent... la réponse, elle est non. »
Et de citer ses batailles avec le ministre de l’Agriculture :
« Je ne peux pas passer mon temps dans des querelles avec Stéphane Travert. »
Il a confié, las, qu’il se sentait « tout seul à la manœuvre » sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.
Et de déplorer que son poste était « à la croisée des lobbies. Parce que les lobbies sont là ». Interrogé sur la manière dont il avait vécu son poste, Nicolas Hulot a répondu :
« Puisque je suis dans un moment de vérité… oui, [ces douze derniers mois ont été une souffrance], sauf à basculer dans ce que j’allais devenir, c’est à dire cynique. (…) Je me suis surpris à des moments à abaisser mon seuil d’exigence (…) et là je me suis dit c’est le moment d’arrêter. »
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Une démission évoquée de nombreuses fois
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû accepter bien des décisions contraires à ses convictions, au delà de certaines victoires symboliques comme l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la fin de la production d’hydrocarbures en France ou sur l’interdiction progressive de l’utilisation du glyphosate dans l’agriculture.
Il avait également dû endosser le report de l’objectif consistant à ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % en 2025, ou l’entrée en vigueur provisoire de l’accord de libre échange UE-Canada (CETA).
La possibilité de sa démission avait donc été sous-entendue à de nombreuses reprises.
Dernièrement, Nicolas Hulot a particulièrement peu apprécié la présence de Thierry Coste, lobbyiste pro-chasse proche de M. Macron, lors de réunion à l’Élysée sur la réforme de ce loisir, lundi 27 août soir. L’ancien ministre a déclaré lui « avoir clairement signifié qu’il n’avait pas sa place » aux côtés du président de la République et du Premier ministre lors de cette réunion.