Le quatrième volume de L’Almanach pour Tous regroupe les meilleurs dessins publiés dans la rubrique hebdomadaire des « Dessins de la semaine » sur le site Égalité & Réconciliation durant l’année 2016. Ce livre a pour but de renouer avec la réelle tradition du dessin satirique ainsi que d’offrir une tribune aux jeunes dessinateurs et caricaturistes de talent qui prennent à revers tous les rentiers de la pensée unique.
Préfacé par Damien Viguier, l’album compte 140 dessins répartis sur 108 pages sur papier satiné.
Dessinateurs : Adolf, Agar, Alx, Artzouilles, Azim, Bluj’, Braka, Boris 67, Buk, Clavius, Celestino, Doyen, Fache O., FMR, Geek Dissident, Hariel, HH, Hercule Trao, Jhawrg !, Linko, LP, M, Math, MDD, Mister Mayo, Nedjmeddine B., Olive, Perth, Projet KO, Protana, Ramo, Sani, Sedjem, Stoll, Teddijo, Tom Moral, Vind.
Direction artistique : Zéon
Lecteur ! tu as en main l’exemplaire d’un ouvrage que le danger environne. D’autres exemplaires ont été, sont ou seront entre des mains hostiles, qui ne l’auront ouvert que pour permettre à des yeux inquisiteurs de tenter de t’en interdire l’accès, de tenter aussi de mettre à mort son éditeur, et de tenter même de punir les artistes, auteurs des petits chefs-d’œuvre d’intelligence politique que tu vas voir.
Le censeur de cet Almanach en dessins de l’année politique 2016 y va chercher le trait injurieux ou diffamatoire, la ligne qui provoque à la haine, l’idée antisémite, l’apologie de la Shoah ou sa négation. En principe pourtant l’artiste est souverain. Il ne peut mal faire. L’Art excuse tout. Sans la caricature, sans l’humour et la satire, notre triste époque nous resterait opaque et nous perdrions jusqu’au sens de l’existence. Car c’est seulement la fiction qui peut nous enseigner quelques aspects de la vérité du monde.
Une génération d’artistes se lève pour le combat politique, consciente de ses responsabilités et sans illusions sur les sacrifices que cela exige. Elle a déjà reconquis le terrain à l’ennemi. Aussi n’y a-t-il pas lieu d’être surpris, et il ne serait pas digne de s’offusquer du « deux poids et deux mesures ». Car en France, pays des droits de l’Homme, pays des six millions de zombies (dixit Todd) de la journée Je suis Charlie du 11 janvier 2015, ni l’éditeur de cet ouvrage ni ses auteurs n’auront le soutien des médias et de l’intelligentsia dominants. Alors que le dogme de l’art contemporain promeut la transgression de tous les interdits, qui se pâmera devant l’audace de telle ou telle estocade, comme ils le font face au Christ en Croix immergé dans l’urine ?
C’est le signe que ce combat est réellement politique. Il est d’autant plus virulent que l’ennemi qui a pour lui la majorité en France, et tout l’ensemble des institutions, policières comme culturelles, cet ennemi défend la subversion, le désordre et la perversion. Ce censeur qui domine pour l’instant n’est pas plus pour la liberté d’expression ou d’opinion qu’il n’est véritablement contre la haine raciale, l’oppression politique, la torture ou l’extermination. Bons ou mauvais ce ne sont là pour lui que des moyens en vue de fins, qui seules comptent à ses yeux. Et il a réussi à imposer l’idée criminelle que si la fin est juste et bonne (d’après lui et lui seul bien entendu), alors tous les moyens, absolument tous, légaux comme illégaux, seront bons. À l’inverse, lorsque la fin, la cause ou le but poursuivis sont condamnés (toujours par lui), alors rien, et surtout pas le moyen le plus noble, ne sera toléré.
Il est possible qu’en contexte répressif et inquisitorial la créativité soit plus aiguë, l’inspiration plus vivifiante et les racines de la liberté plus résistantes. Ce serait une consolation face au scandale insupportable que constitue la persécution de l’artiste. Nous n’irons pas jusqu’à remercier les censeurs d’avoir placé la barre aussi haut. Mais il est certain que vues depuis des terres plus sereines, sous des cieux plus cléments, que ce soit depuis l’étranger (je pense à l’Iran, à la Syrie, à la Russie, à la Chine, à la Bolivie, au Venezuela, à la Corée du Nord et à quelques autres) ou depuis un futur que nous appelons de nos vœux, l’observateur à qui est destiné cet Almanach ne pourra que saluer les performances de ces athlètes sans qui notre temps lui serait demeuré obscur.
Avocat à la Cour
La bande-annonce de la sortie du livre :