Contrairement à ce qui est avancé par François Hollande, la titrisation des crédits aux PME, par le biais de la Banque publique d’investissement (BPI France), n’est en aucun cas une aide aux PME, puisque ces crédits ont déjà été octroyés par définition. C’est au contraire une aide dissimulée aux banquiers et à leurs actionnaires.
En effet, grâce à ce tour de passe-passe, les besoins de recapitalisation des banques françaises viennent de s’évanouir comme par enchantement, puisqu’elles ont le droit de sortir de leurs bilans des risques sur lesquels elles continueront néanmoins à toucher une rémunération par les marges dégagées grâce aux taux pratiqués sur ces crédits.
Les actionnaires de ces mêmes banques auraient dû être appelés pour des recapitalisations urgentes et de nouveaux besoins en fonds propres. En fait, ils ne subiront aucune pression, puisque, par le biais de cette titrisation, le transfert de risques se fait sur le contribuable et sur l’État français. Et ces transferts vont préserver leurs dividendes.
C’est l’application du TARP américain [1] à la France, grâce à un tour de magie et à une sémantique adaptés, par un Président, dont l’ennemi était peut-être jadis (il y a deux ans et demi) la Finance, mais qui aujourd’hui sert les intérêts des actionnaires privés des banques françaises, au détriment de l’intérêt général des Français. Il suffit de regarder la composition et les lieux de détention de l’actionnariat des banques cotées au CAC 40 pour comprendre quels seront les intérêts les premiers servis .
Marie-Caroline Porteu