Le rejet des deux partis de la coalition gouvernementale lors des élections législatives en Grèce dimanche ravive les interrogations concernant l’avenir du pays dans la zone euro et remet en question les programmes d’austérité imposés par l’Europe aux pays aux prises avec la crise de la dette.
Les socialistes du Pasok et les conservateurs de Nouvelle démocratie, favorables aux mesures d’austérité, ont subi des pertes majeures, les premiers emportant moins de 14 % des suffrages et les seconds près de 20 %, selon des sondages à la sortie des urnes.
De nombreuses petites formations opposées aux mesures d’austérité feront leur entrée au Parlement. La formation d’un gouvernement de coalition semble impossible sans y faire entrer un de ces partis.
Quant au chef de la droite gouvernementale, Antonis Samaras, dont le parti pro-rigueur est arrivé en tête des législatives, il s’est engagé à « changer la politique du mémorandum » d’austérité jusqu’« au retour de la croissance et l’apaisement de la société ».
De son côté, Evangélos Vénizélos, le chef de file du parti socialiste Pasok, s’est prononcé lundi en faveur de la formation d’une coalition favorable au maintien de son pays dans la zone euro et a de nouveau appelé à une renégociation du plan international de renflouement des finances publiques.
Bruxelles et Berlin ont aussitôt appelé Athènes à continuer à mettre en oeuvre les réformes promises. C’est « d’une importance essentielle », a averti la chancelière allemande Angela Merkel.
La Commission européenne a dit de son côté attendre du gouvernement grec qu’il « respecte les engagements pris ». Mettre en oeuvre le programme de réformes « est essentiel pour la soutenabilité de la dette grecque », a insisté un de ses porte-parole, Amadeu Altafaj.
Il n’en a pas moins lancé une mise en garde à Athènes : « nous pensons que la Grèce doit rester un membre de la zone euro, mais chacun doit prendre ses responsabilités ».
Inquiétudes sur les marchés
L’euro et les marchés boursiers européens ont accusé le choc de ce résultat électoral lundi, affichant de nettes baisses à l’ouverture. La situation s’est toutefois résorbée au cours de la journée.
À la fermeture des marchés en Europe, lundi, la Bourse d’Athènes chutait toutefois de 6,7 %.
Besoin de financement
Par ailleurs, trois responsables du ministère grec des Finances interrogés par l’agence Reuters jugent que la Grèce pourrait se retrouver à court de financement d’ici la fin du mois de juin en l’absence d’un gouvernement apte à négocier une nouvelle tranche d’aide avec l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).
Le futur gouvernement va devoir présenter dès le mois de juin plus de 11 milliards d’euros d’économies supplémentaires pour 2013 et 2014 et les faire adopter par le Parlement.
La Grèce s’appuie depuis mai 2010 sur deux plans de sauvetage de plusieurs centaines de milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI qui lui ont évité la faillite.
Mais Athènes a dû prendre en contrepartie des mesures d’austérité qui ont plombé l’économie du pays, entré dans sa cinquième année de récession, et fait augmenter le chômage à 21,8 % de la population active.
Pour Paolo Pizzoli, analyste de la Banque ING, « les Grecs vont devoir clarifier comment ils entendent faire coexister leur engagement pro-européen (75 % disent y être favorables) avec une position radicalement anti-austérité ». Et les discussions pour former un gouvernement vont « sans doute raviver le débat sur toutes les options possibles, y compris le choix de rester ou non dans l’euro », dit-il.