Au lendemain de la prise de parole de Vladimir Poutine devant l’Assemblée générale des Nations unies, où il a appelé à une vaste coalition, incluant l’Armée arabe syrienne, destinée à vaincre l’État islamique, la réaction de Washington et Paris, principaux adversaires du projet russe en Syrie, ne s’est pas faite attendre.
S’exprimant devant les représentants d’une centaine de pays sur le thème de la lutte contre le terrorisme, Barack Obama a réaffirmé sa position vis à vis du pouvoir de Damas, à savoir que le départ de Bachar al-Assad était un préalable indispensable à la victoire contre Daesh :
« En Syrie, vaincre l’État islamique nécessite un nouveau dirigeant. Nos efforts militaires ne suffiront pas. »
Bien que le secrétaire d’État US, John Kerry, ait affirmé dimanche soutenir la proposition russe de coordonner la lutte contre les partisans d’Abou Bakr al-Baghdadi, son pays a voté contre la déclaration sur la situation en Syrie, dont Moscou était à l’initiative et qui proposait notamment la création d’un « centre de coordination de lutte contre le groupe État islamique au Proche-Orient », comme l’a fait savoir Vitali Tchourkine, représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU :
« La déclaration a été bloquée. Les Américains ont dit qu’ils ne voulaient pas travailler sur notre document. »
Le diplomate russe a aussi exprimé le mécontentement de son pays après le « sommet antiterroriste », au cours duquel le président étasunien a pris la parole et qui était organisé par la diplomatie US :
« Nous estimons que tout doit se faire selon les règles, dans le cadre de l’ONU. Il ne sert à rien de tirer la couverture à soi et de s’arroger les prérogatives de l’ONU. Les Nations unies ont leur propre stratégie antiterroriste et tout cela aurait pu être tranquillement débattu à l’ONU. Mais les Américains ne seraient pas Américains s’ils ne cherchaient pas à démontrer leur rôle dirigeant, ne serait-ce que sur le papier. Ils démontrent que même dans ce bâtiment [le siège des Nations unies] c’est Obama qui commande. C’est juste dommage. »
Cette position étasunienne révéle le but véritable de Washington : contenir l’influence grandissante de la Russie au Proche-Orient, plutôt que lutter contre l’État islamique.
Un objectif clair, contrairement aux calculs flous de François Hollande. Stade final de la décrépitude de la diplomatie française : les propos d’un Laurent Fabius, qui semble avoir totalement déraillé et se trouve, comme le locataire de l’Élysée, hors des réalités. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères a accusé le Kremlin, lors d’une conférence de presse à New York, de se battre contre l’État islamique, « médiatiquement » et pas « concrètement » :
« Il faut quand même regarder qui fait quoi. La communauté internationale tape Daech. La France tape Daech. Les Russes, pour le moment, pas du tout. Si on est contre les terroristes, il n’est pas anormal de frapper les terroristes. Sur le fond, ce qui est important dans la lutte contre Daech ce n’est pas la frappe médiatique, c’est la frappe réelle. L’équation est assez simple : ceux qui sont contre Daech, c’est ceux qui frappent Daech. »
Outre le matériel et les hommes acheminés par air et mer par Moscou, sur un aéroport au sud de Lattaquié et sur sa base navale de Tartous, douze Soukhoï-25 Frogfoot et douze Soukhoï-24 Fencer volent désormais dans le ciel syrien pour frapper Daech, un oubli de de taille pour le chef de la diplomatie française, qui ne semble plus avoir toute sa raison...
Quant à Vladimir Poutine, il a tenu à rappeler aux présidents sortants étasunien et français :
« J’ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d’un autre pays. »