« Dans son discours, Mélenchon affirme bien qu’il y a des “fachos qui se sont mis au milieu”, que ce n’est “pas bon pour la lutte”. Mais loin de généraliser à l’ensemble du mouvement, il les renvoie au contraire aux marges du mouvement. Pour Mélenchon, la colère est “juste”, “digne”. Les “fachos” venant “parasiter” ou “récupérer” une mobilisation initiée par d’autres. Pour l’occasion, Mélenchon ressort cette formule déjà largement utilisée en 2012 ou 2017, consistant à faire le distinguo entre les “fâchés” et les “fachos”. »
C’est là toute l’ambiguïté de Mélenchon et la raison profonde de la claque qu’a prise La France insoumise le 26 mai 2019 : en rejetant les prétendus fachos qui sont à l’origine de la révolte des Gilets jaunes (la France périphérique qui a voté en majorité RN le 26 mai), il a donné l’impression forte de vouloir gauchiser le mouvement pour le récupérer. Ce que Michel Onfray a dénoncé avec raison.
Résultat ? Les Gilets jaunes n’ont pas voté pour LFi mais pour le RN. Quant à l’inversion accusatoire des fachos qui tenteraient de « parasiter » ou de « récupérer » le mouvement, c’est tellement bête qu’on se demande comment un type aussi intelligent a pu sortir une telle ânerie politique.
Ou alors c’est le discours obligé d’un gauchiste, qui n’en pense pas moins, mais dans ce cas, le positionnement de Mélenchon est une équation insoluble. On ne peut pas en appeler au peuple et rejeter le peuple ! D’où les violents et inutiles efforts de rhétorique du leader gauchiste qui a fini par se prendre les pieds dans son propre tapis de mensonges.
L’article de CheckNews est involontairement intéressant : il pointe les absurdités de la gauche, le grand écart impossible de Mélenchon avec le social sans le national et la trahison sociale de la pseudo-communiste Autain et du pseudo-communiste Martinez. À lire pour comprendre comment la gauche sociétale a tué la gauche sociale, et comment la gauche sociale s’est suicidée, sous la terreur du CRIF, en rejetant les patriotes.
« Ont-ils raison ou non de se mettre en colère ? Oui, ils ont raison. Mais après il y a un problème : voilà qu’est venu se mettre au milieu des fachos. Ça, c’est pas bon du tout pour la lutte, ça la rabougrit. Et d’ailleurs, nous avons reçu des avertissements d’au moins deux syndicats, qui nous mettent en garde. La CGT et Solidaires nous disent : “Attention, il y a des fachos”. D’accord, on va faire attention, mais moi je vous dis ce qui est. Il se trouve que parmi mes amis et camarades, et parmi les insoumis, les uns disent : “ben moi je vais le faire”. Et qu’est-ce que je vais leur dire ? “Non, le fais pas, parce qu’il y a des fachos ?” Il va me dire : “mais moi, je suis fâché, pas facho”. Il aura raison. Qu’est-ce que je lui dis ? Faut pas lutter ? Parce que dans la lutte, il y en a qui me plaisent pas ? Non, je ne peux pas dire ça. D’autres de mes amis n’iront pas, parce qu’ils disent “moi je mets pas un pied là où il y a un facho”. Nous n’appellerons pas, parce que nous ne ferons pas de récupération politique. Mais si nos amis sont dedans, et bien on sera fiers d’eux. Et s’il y en a qui n’y sont pas, et bien on sera aussi fiers d’eux, parce qu’on sait que leurs motivations sont des motivations nobles et dignes. Voilà mes amis : ne montrez pas du doigt ceux qui luttent, parce que ceux qui sont avec eux essaient de les parasiter. Je voulais vous dire ça. il n’y a rien qui m’obligeait à le faire. Mais si je ne le fais pas, alors ce n’est pas honnête, parce que vous ne pouvez pas savoir ce qui peut se passer ce jour-là. Peut-être que des tas de gens, tout d’un coup, auront trouvé le point par lequel faire passer toute leur colère. Et leur colère est juste, leur colère est digne, leur colère mérite le respect, nous ne le montrerons pas du doigt. »
On admire à la fin de l’article de Libé le tortillage du cul de Mélenchon pour tenter de récupérer le mouvement des Gilets jaunes tout en se pinçant le nez sur les « fachos » qui le constituent. En politique, on peut mentir, mais si l’on n’est pas clair, on sombre.
Quand on voit ce que tweete Manon Aubry, qui a pris 6,31% (1 428 548 voix seulement contre 5 286 939 pour la liste Bardella) dans la poire le 26 mai et qui récidive dans l’idiotie démagogique, on se dit que la gauche, pour redevenir intelligente, a besoin d’une bonne purge de tous les abrutis ou manipulateurs qui la parasitent depuis 50 ans !
Salvini et son allié Le Pen ont du sang sur les mains : au moins 1154 exilés sont morts en Méditerranée centrale depuis que l'Italie a fermé ses ports aux navires humanitaires. L'UE doit constituer un corps de sauvetage en mer pour stopper cette tragédie ! https://t.co/pj1NzcufuN
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) 13 juin 2019
On comprend depuis la dérive « soviétique » de l’Union européenne qu’une vraie gauche ne peut être que nationale, et sociale bien entendu. Car une gauche non nationale est une gauche qui accepte le libéralisme européiste, un libéralisme antinational qui détruit toute la protection sociale acquise depuis un bon siècle de luttes. C’est si évident qu’on se demande comment les électeurs de gauche ou d’extrême gauche peuvent encore voter pour des hommes politiques qui leur disent oui au social et oui à l’UE.
Vitor Constancio : « Les nationalismes menacent à nouveau de détruire la prospérité économique » https://t.co/0aLRU1YUGa
— Le Monde (@lemondefr) 13 juin 2019
En même temps, du côté du RN qui a abandonné toute velléité de Frexit, ce n’est pas vraiment mieux ! C’est pas avec ce programme de soumission européiste qu’on va sauver la France. Même en limitant l’immigration, la soumission à l’Euro, à la Dette ou la Banque ne sera pas résolue pour autant.
L’auteur et polémiste affirme que le leader insoumis et Éric Coquerel ont insulté les gilets jaunes pendants plusieurs semaines avant de « récupérer » le mouvement. Il accuse même les deux hommes d’avoir supprimé les traces de leurs déclarations passées.
Vous renvoyez à une vidéo où Michel Onfray, interviewé par Natacha Polony, affirme à propos du mouvement des gilets jaunes qu’il a été « récupéré par Jean-Luc Mélenchon », lequel a « quand même été à insulter trois ou quatre semaines les gilets jaunes, qui étaient des fachos, etc., etc., Coquerel aussi. Tout ça a été savamment effacé de leur site. Il n’y a plus aucune image de ça. »
Sur son site, l’auteur tient, dans une chronique du 22 mai, un propos similaire :
« Pendant ce temps, à La France insoumise, ces trois semaines ont été l’occasion de vomir sur ce petit peuple qui disait sa misère, c’était le temps du : "ces gilets jaunes sont des factieux d’extrême droite, tout juste de la troupe lepeniste", point, à la ligne. »
Mi-janvier, Onfray, disait déjà :
« Il faut avoir la mémoire courte pour ne pas se souvenir que Mélenchon ne fut acquis à la cause des gilets jaunes bien après qu’ils eussent montré leur force, leur constance. Il adhère, mais comme la tique au chien. »
Contacté par CheckNews et interrogé sur les déclarations auxquelles il fait allusion, Michel Onfray répond :
« Je n’ai pas l’âme d’un flic, je n’ai pas noté la date et l’heure précise. Mais j’ai bien en tête des propos peu amènes. LFI, comme une partie de la gauche, comme la CGT, a été très critique sur le mouvement au départ. J’ai par la suite fait des recherches, et il n’en existe plus de trace. J’ai eu confirmation que des choses avaient disparu de la part d’anciens de La France insoumise. »
Également contacté par CheckNews, Éric Coquerel, nommément visé, dénonce une intox :
« Je sais que des anciens insoumis font courir ce bruit. C’est faux. S’il n’y a pas de traces de propos insultants sur les gilets jaunes, c’est parce qu’il n’y en a pas eus. Même s’il y a eu, au début, un débat sur le niveau de notre soutien au mouvement, notamment parce qu’il y avait une peur que la mobilisation ne soit noyautée par l’extrême droite. »
CheckNews n’a pas retrouvé de traces attestant que de tels propos aient été tenus. Un article de Challenges daté de décembre affirme bien que Mélenchon « a commencé par s’interroger sur les insurgés "fâchés et fachos" », laissant à penser qu’il qualifiait ainsi l’ensemble du mouvement, mais il n’existe nulle trace de cette citation... On lit parfois aussi des allusions au fait qu’Éric Coquerel aurait traité les gilets jaunes de « fachos » en novembre, mais sans aucune source. Une possible explication repose sur une mauvaise retranscription par le site de France Info d’une interview de Coquerel, le 16 novembre, laissant à penser, pour un lecteur pressé, que les gilets jaunes sont des fachos… là où il affirmait en fait le contraire.
Nous avons écouté et visionné de nombreuses déclarations publiques de Jean-Luc Mélenchon et de plusieurs responsables de LFI au sujet des gilets jaunes, à partir de fin octobre 2018. Elles montrent certes une évolution du discours, mais à aucun moment la défiance globale vis-à-vis du mouvement que suggère Onfray.
Fin octobre, un soutien prudent
[...]
Cette prégnance, réelle ou supposée, de l’extrême droite suscite au départ un embarras certain au sein de LFI, empêchant les insoumis d’appeler franchement à la mobilisation. Mais Mélenchon et les cadres de LFI ont affirmé dès le départ que les motifs de la mobilisation étaient légitimes.
[...]
Mélenchon ressort son opposition sur les fâchés et les fachos
Le 30 au soir, vient au tour de Jean-Luc Mélenchon d’évoquer le sujet dans un meeting à Lille (nous avons publié l’intégralité du passage au pied de cet article). Comme Coquerel, il présente Priscillia Ludosky comme l’initiatrice du mouvement, et légitime d’emblée la colère des gilets jaunes.
« Je suis frappé de voir que la principale personne qui s’exprime est elle-même une auto-entrepreneur. Ont-ils raison ou non de se mettre en colère ? Oui, ils ont raison. »
Dans son discours, Mélenchon affirme bien qu’il y a des « fachos qui se sont mis au milieu », que ce n’est « pas bon pour la lutte ». Mais loin de généraliser à l’ensemble du mouvement, il les renvoie au contraire aux marges du mouvement. Pour Mélenchon, la colère est « juste », « digne ». Les « fachos » venant « parasiter » ou « récupérer » une mobilisation initiée par d’autres. Pour l’occasion, Mélenchon ressort cette formule déjà largement utilisée en 2012 ou 2017, consistant à faire le distinguo entre les « fâchés » et les « fachos ».
[...]
Le lendemain, le 31 octobre, le groupe parlementaire de LFI publie un communiqué. Celui-ci, titré « 17 novembre : une indignation légitime contre la hausse des prix », justifie le mouvement, sans appeler non plus à manifester. Si le communiqué évoque également la présence de l’extrême droite, ce n’est pas pour dénigrer la mobilisation, mais à nouveau pour dénoncer une tentative de récupération :
« Une initiative auto-organisée est proposée pour le 17 novembre prochain. Des forces politiques tentent de la récupérer au profit de la droite extrême. On ne saurait en rendre responsables celles et ceux qui ont engagé cette initiative ou qui s’apprêtent à s’y joindre. Comme les initiateurs, nous la condamnons. »
Le 4 novembre, un son de cloche plus critique – le seul – se fait entendre. Il émane de Clémentine Autain. Sur Facebook, la députée LFI écrit :
« Je ne serai pas le 17 dans les blocages parce que je ne me vois pas défiler à l’appel de Minute et avec Marine Le Pen ».
Cette position-là est aussi celle de Benoît Hamon, ou de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui affirmera sur France Inter à la veille de la manifestation du 17 novembre qu’« il est impossible d’imaginer la CGT défiler à côté du Front national. La CGT ne peut pas défiler à côté de ce genre d’individus ou de partis politiques ». Mais si elle est partagée à gauche, cette défiance d’Autain est minoritaire dans les rangs de LFI, dont le soutien au mouvement va, au contraire, s’affirmer de jour en jour.
Le 8 novembre, changement de discours
Le 8 novembre marque une évolution dans le discours de LFI. Lors d’un meeting à Pau, Mélenchon appelle clairement au « succès » du mouvement. Et s’il évoque à nouveau la présence de « fachos », il insiste surtout sur les « fâchés », tout en suggérant que l’opposition entre les deux n’a pas forcément lieu d’être :
« le 17 novembre est une auto-organisation populaire dont je souhaite le succès. Et je vous le dis mes amis, il faut souhaiter son succès. On me dit : "il y a des fachos là-dedans". Oui, mais il y en a partout. Il y a aussi beaucoup de fâchés qui ne sont pas fachos. Et ceux-là ils ont raison d’être fâchés ! »
Mais surtout, Mélenchon ajoute : « Et moi, qui suis-je pour aller trier ? Non, ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est que cette colère est juste ! Le peuple a raison de se révolter. »
[...]
Le 19 novembre, Mélenchon dénonce l’aveuglement de la gauche
Au lendemain de la mobilisation du 17 novembre (qui réunit selon le ministère de l’Intérieur 300 000 personnes dans toute la France), Mélenchon n’a plus aucune réserve. Le 19, il salue dans une note de blog une « transition d’époque », avec un mouvement inédit validant ses propres intuitions.
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