Des cabanes de bric et de broc, surmontées de cheminées fumantes, à perte de vue. Installé depuis quelques mois sur les voies désaffectées de la petite ceinture, entre les portes des Poissonniers et de Clignancourt (XVIIIe), le campement Rom, d’abord constitué de quelques barques, a pris une ampleur considérable.
Il serait aujourd’hui peuplé par quelque 400 personnes, essentiellement d’origine roumaine. Parmi les riverains de la rue Belliard, l’inquiétude domine, au point de multiplier les courriers à la préfecture de police, avec en point d’orgue, la crainte de voir s’embraser ce « village » de bois, de tissu et de carton, au péril de ses habitants et du voisinage. Également pointées, les multiples nuisances causées par cette installation précaire :
« Nous vivons un véritable calvaire, avance même une riveraine. Les trottoirs sont désormais jonchés de détritus et nous sommes exposés à la fumée des feux de camp. Feux d’autant plus dangereux qu’ils sont allumés à quelques mètres des réserves de carburants du dépôt de la RATP. Telle est la vie de notre quartier, et nous ne recevons que des réponses évasives des autorités, évoquant des décisions de justice qui devraient entrer en vigueur. Tout le monde se renvoie la balle, et la situation demeure. »
Mois après mois, au gré des démantèlements des campements de petite couronne, particulièrement ceux de Seine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), celui de la petite ceinture s’étoffe, jusqu’à devenir tentaculaire. « Malgré l’aide de différentes associations, cela va forcément devenir ingérable », s’alarme un riverain de la rue des Poissonniers. Menacés d’expulsion à plusieurs reprises, les habitants du camp sont à nouveau sous le coup d’une menace d’évacuation. « Des recours ont été déposés et nous négocions avec les autorités », souligne Me Julie Launois, l’avocate des familles roms. Mais, au-dessus des voies ferrées, l’exaspération est à son comble.
« Nous nous efforçons de ne plus appeler la police qui est mobilisée sur d’autres fronts plus urgents, souligne un autre habitant du quartier, mais actuellement, nous ne pouvons même plus dormir à cause de la construction nocturne de nouvelles baraques… »