Durement affectés par la chute des cours, les quatorze pays membres de l’organisation se sont enfin mis d’accord pour réduire leur production d’or noir. Déjà, le prix du baril remonte. Jusqu’où et jusqu’à quand ?
À la surprise générale, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui fournit 40 % du brut mondial, est parvenue, le 28 septembre à Alger, à un accord sur le principe d’une réduction de sa production. Le but : faire remonter entre 50 et 70 dollars (entre 45 et 62 euros) les cours du baril, gravement déprimés depuis le printemps 2014 – ils dépassaient alors les 110 dollars.
Cet objectif a été provisoirement atteint, si l’on en croit la hausse de 6 % constatée dès le 30 septembre. Un mieux à confirmer le 30 novembre, à Vienne, lors de la réunion officielle de l’Opep, qui répartira les sacrifices entre les pays producteurs.
- Bijan Namdar Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole
Une décision mémorable
On ne connaît pas encore le détail de l’effort qui sera fourni, mais l’organisation dit vouloir réduire sa production, qui a atteint en août 33,5 millions de barils par jour, à un volume compris entre 32,5 millions et 33 millions de b/j. Trois pays en seraient dispensés et pourraient extraire leur or noir « à des niveaux maximum qui font sens », selon Khalid al-Falih, le ministre saoudien de l’Énergie : l’Iran, qui a été pénalisé par les sanctions internationales, la Libye, en pleine guerre civile, et le Nigeria, aux prises avec des attaques de rebelles contre ses installations pétrolières.
Pourquoi l’Opep a-t‑elle pris cette décision, qualifiée d’« exceptionnelle » par Bijan Namdar Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole ? Parce que, même en hausse de 50 % depuis le mois de janvier (il est remonté de 28 dollars à environ 45 dollars), le prix du baril ne permet à aucun pays exportateur de boucler son budget et de maintenir sa croissance.
Pis, face à la passivité de l’Opep et au refus de ses membres de geler leur production d’hydrocarbures, les prix étaient repartis à la baisse depuis le mois d’août. Il se murmurait que l’organisation était moribonde et que le faiseur des prix pétroliers était désormais les États-Unis.
- Après la réunion d’Alger, le 28 septembre. Au premier plan, Mohammed Ben Saleh al-Sada, le ministre qatari de l’Énergie (à g.), et Noureddine Boutarfa, son homologue algérien
Énormes pertes
Les membres de l’Opep continuent de perdre quotidiennement entre 300 millions et 500 millions de dollars. Le Nigeria est en récession, le Ghana est sous perfusion du FMI, le Tchad est au bord du gouffre, l’Algérie a vu son fonds de régulation des recettes chuter de 40 milliards de dollars en 2014 à 6,7 milliards aujourd’hui, et la toute-puissante Arabie saoudite, dont les ministres viennent de voir leur salaire réduit de 20 % par mesure d’économie, devrait enregistrer cette année un déficit budgétaire de 100 milliards de dollars (soit 14 % de son PIB)…
La position délicate de l’Arabie saoudite
L’initiatrice mais aussi la grande perdante du virage amorcé par l’Opep, c’est d’ailleurs l’Arabie saoudite. Elle est contrainte d’abandonner la stratégie de saturation du marché qu’elle avait mise en place pour maintenir ses parts de marché et asphyxier les pétroles de schiste américain et canadien.
Certes, les producteurs nord-américains ont dû fermer de nombreux puits devenus déficitaires, mais ils ont suffisamment abaissé leurs coûts de production pour être aujourd’hui rentables à 50 dollars le baril.
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