« Le stand up ça me gonfle », « j’adore ce que je fais », Élie Semoun profite de cette petite interview sur les arnaques du milieu pour s’en laver les mains et envoyer quelques flèches.
Mais il protège ses amis Gad et Jamel. De Gad Elmaleh, un des plus gros pilleurs de sketches que la Terre ait porté, Semoun avance que désormais c’est Jerry Seinfeld qui s’en inspire. On peut le voir comme ça... et aussi comme une défense communautaire.
Si Élie Semoun ne vole effectivement pas les sketches des autres, il a longtemps eu des soucis avec ses auteurs qu’il payait au lance-pierres. C’est une des raisons pour laquelle son comparse Franck Dubosc l’a quitté. Le milieu de l’humour est un gâteau – le public – qui n’est pas extensible.
Or ces 10 dernières années, le « seul en scène » a explosé en quantité, mais pas toujours en qualité. Du coup les vannes se piquent d’un camp à l’autre, allègrement, et ceux qui réussissent obtiennent en général le silence de ceux qui ne réussissent pas.
Il y a deux sortes d’humoristes malhonnêtes : ceux qui pillent les confrères et ceux qui pillent leurs auteurs. Ils sont rares ceux qui rétribuent les sketches à leur juste valeur. Nicolas Canteloup fait partie des bons payeurs, et son honnêteté explique sa longévité. De même Laurent Ruquier rétribue-t-il correctement ses équipes. Tout le monde n’est pas Jamel ou Gad Elmaleh en la matière.
La seule solution pour ne pas se faire piller, comme l’indique Élie Semoun, c’est de développer un humour très personnel qui s’éloigne du stand up. Et le roi du genre, ce n’est pas Semoun avec ses Petites annonces et ses personnages farfelus, mais bien Dieudonné et son avalanche de portraits politico-dramatiques. Un genre tout à fait nouveau, le dieudonnisme, pas inimitable mais difficile à égaler. C’est bien la singularité radicale qui offre la meilleure protection dans ce métier.
Et puis, qui a envie de se prendre la haine de Valls et du CRIF à longueur de journée ? Le talent a un prix, et tous ne sont pas prêts à le payer.
À l’inverse de Dieudonné, il y a un dernier genre mais qui n’est pas drôle, ce sont les humoristes collabos du type Stéphane Guillon. Ceux-là ne volent pas les sketches des autres, ils traduisent juste en langage pseudo comique l’alphabet de la dominance. Un métier encore plus écœurant que celui de plagiaire, mais très bien rémunéré. Le denier de Judas, quoi.