Maria Poumier présente dans son dernier livre, Marchandiser la vie humaine (aux éditions Le Retour aux Sources), le business et les stratégies politiques entourant l’instauration de la Gestation Pour Autrui /Procréation Médicalement Assistée.
Article paru dans Rivarol n° 3228 du 24 mars 2016.
Rivarol : Qu’est-ce qui vous a amenée à vous opposer à la GPA/PMA ?
Maria Poumier : Je suis une grand-mère marxiste : deux formations complémentaires, si je peux dire, qui me font voir assez loin dans le passé et dans l’avenir, à partir de mes propres aventures et mésaventures. J’avais 18 ans en 1968, et je ne voyais absolument aucune raison de refuser l’avortement ; je n’imaginais pas que le Planning familial américain, voire ses antennes dans d’autres pays, puisse encourager l’avortement tout simplement pour revendre les fœtus, comme on le sait maintenant. Je suis très inquiète de voir que les jeunes ne soupçonnent pas qu’on puisse les utiliser pour des intérêts sordides, quand on les flatte en termes de liberté et de droits qui leur seraient dus.
Ne pensez-vous pas que ces dérives, par la marchandisation du corps qu’elles permettent, sont des expressions typiques du libéralisme le plus radical, à la fois sur le plan économique et philosophique ?
GPA et PMA « pour toutes » sont en soi des applications criminelles de la technologie de l’assistance médicale à la procréation. Même dans les cas où le tarif est apparemment proche de zéro, (don stupide, en tout cas, pour les femmes qui donnent par la même occasion pour rien leur capital santé, mentale et physique) il s’agit toujours d’enrichir des médecins, des cliniques, des labos, sur le dos de femmes d’une crédulité sans bornes, comme le dénonce très bien le professeur Jacques Testart.
Nous sommes en plein boom : demande élevée, conditions d’illégalité qui maintiennent les prix au plus haut, déséquilibre énorme et concurrentiel dans la rémunération des femmes qu’on incite à brader leurs ovocytes ou leur utérus, publicité effrénée pour créer un marché de masse, pour implanter dans les mœurs un nouveau marché aux esclaves. Cela ressemble énormément à la mise en œuvre de l’esclavage transatlantique européen dans les Amériques. Voici le schéma extrême : aux Antilles, possessions avancées d’importance stratégique pour l’Europe, ensemble d’îles qui n’ont pas grand-chose comme ressources minières, pour s’implanter, les premiers colons ont dû chasser comme des bêtes sauvage ou tuer à la tâche les autochtones, tout en rêvant d’« eldorados », car c’étaient des repris de justice ou des rescapés décidés à s’asseoir sur tout scrupule chrétien pour faire fortune. Mais les îles dépeuplées végétaient.
Les marketistes expérimentés ont eu alors l’idée de créer la demande pour un produit parfaitement inutile aux Européens jusque-là : le sucre. Le sucre est devenu une drogue douce pour toute l’Europe, et sur place, une drogue dure dont personne ne pouvait se passer, le rhum. Et l’Africain était le rouage indispensable pour faire tourner la machine du commerce triangulaire, qui a effectivement enrichi l’Europe, les colonies, les banques et les esclavagistes. Les trafiquants ont fabriqué des prétextes, évangélisation des sauvages ou malédiction des descendants de Cham selon la Bible (selon la clientèle à convaincre), ils ont corrompu et armé des chefs africains, aggravé férocement les usages dans les rapports avec les esclaves.
L’esclavage était une survivance de l’Antiquité, datant d’une époque reculée où la captivité pouvait paraître une alternative humanitaire à la mise à mort des captifs de guerre. Bref, les négriers sont parvenus à faire paraître « normale », voire morale, leur épouvantable invention moderne consistant à enlever des millions d’Africains pour en faire des bêtes de somme en Amérique. C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec les agences de GPA, qui veulent se faire passer pour des intermédiaires simplement soucieux de bienfaisance.
Doron Mamet, l’Israélien qui a su lancer l’opération de propagande planétaire pour la chose, n’a qu’un argument : il propose un deal gagnant-gagnant, entre parents dits d’intention et femmes candidates à la grossesse pour argent, sans préciser que cela devient juteux pour les agences à condition que cela devienne un phénomène de masse ; il omet de prévenir ses clients qu’il promeut la fabrication d’enfants sans autre repère que leur ressentiment contre ceux qui les ont programmés, vendus, achetés, négociés, des enfants handicapés de naissance parce qu’issus de cellules et d’embryons congelés et manipulés à outrance par la high tech, portés par des femmes schizophrènes, arrachés par césarienne à froid à celles-ci, et vendus à des riches capricieux parfaitement pénétrés de leur droit à s’offrir un gosse comme une résidence de luxe ; grâce à la diffusion implacable de l’information, ces enfants comprennent très vite qu’ils seront revendus sans état d’âme s’ils ne donnent pas satisfaction, ce qui est plus que probable, une fois qu’ils s’avèreront moins mignons que sur le catalogue de nourrissons craquants.
Quel rôle joue le « lobby homosexuel » dans la mise en place du « Baby Business » ?
Par définition, l’homosexuel est quelqu’un qui n’arrive pas à surmonter sa peur, sa rancune ou son dégoût de l’autre sexe, qui est prisonnier de l’adoration narcissique de son sexe, et qui vit douloureusement le mépris dont il est l’objet des « normaux », espèce qui lui semble inaccessible. C’est donc quelqu’un de très fragile, parce qu’il souffre, et ne rencontre bien souvent d’autre soulagement que dans l’image que lui renvoient les flatteurs professionnels qui vont l’encourager dans la fuite en avant, la consommation effrénée, la drogue du sexe, etc .
Le lobby homosexuel, c’est une poignée d’ambitieux qui ne les représente nullement, et qui, suivant la pente fatale des expériences d’inversion valorisante, est prête à aller très loin dans l’association avec des gens plus ambitieux et plus cyniques. C’est ainsi que se consolide le soutien mutuel entre lobby pro-israélien et lobby pro-homosexuel, avec la combinaison de propagande délirante sur le mode de la persécution immémoriale de certaines minorités, convaincues par ailleurs de leur supériorité et de leur innocence congénitale. Le Congrès juif mondial applaudit à toute avancée du lobby gay qu’il pilote comme une bande d’idiots utiles parmi d’autres, et le gay de base, complètement déboussolé, se sent flatté de mériter la considération et les encouragements des sionistes. Ceux-ci les utilisent comme des lance-flamme humains pour s’attaquer aux musulmans, constamment vilipendés, et en particulier au niveau de leur sens le plus intime de la pudeur et de la dignité de chaque sexe.
Il faut visionner le film où Doron Mamet se met en scène, Bébés en kit (sur youtube) : il donne à voir la manœuvre, pour convaincre chaque homme tenté par l’homosexualité qu’il peut et qu’il doit se constituer en avant-garde de la marchandisation des enfants et des femmes, parce que c’est une prouesse high-tech, que c’est un exemple d’audace, au final moral, sain et qui doit devenir normal.
Vous avez réuni dans votre livre des auteurs catholiques, musulmans ou agnostiques. Existe-t- il un front commun contre la GPA ?
Oui, toute personne qui écoute sa conscience se retrouve et se libère sur ce front commun, et c’est la bonne nouvelle, dont nous ne saisissons pas toute la portée. Les féministes découvrent le despotisme masculin gay, et leur alliance dans les classes supérieures est désormais sérieusement ébréchée, elles basculent, même si elles se sont montrées dans leur jeunesse poussées par un élan homosexuel, dans la défense de la maternité naturelle, ce qui est tout à leur honneur. Certaines veulent le beurre et l’argent du beurre, des gosses sans compte à rendre au père, elles retombent dans l’ornière des promesses démagogiques du capitalisme, tant pis pour elles, leurs enfants se vengeront.
Vous faites le lien avec le « grand remplacement » de population en Occident. La GPA est une arme contre les peuples européens ?
La GPA a deux facettes ; Israël est le premier État à l’avoir légalisée, y compris pour les homosexuels, dans une perspective nataliste avouée : pour contrer la stérilité très élevée dans la population juive, pour compenser les pertes de l’Holocauste, pour gagner la guerre des ventres contre les Palestiniens.
Pour le reste de l’humanité, le marché ne se pose pas de question, tous les pigeons sont bons à prendre, on adapte la pub à chaque contexte. Je remarque que l’ONU et tout ce qu’on appelle instances internationales voient les déplacements de population selon la physique des vases communicants comme une solution aux problèmes démographiques des uns et des autres, et toutes les inventions du lobby médical comme des progrès, alors qu’elles honnissent la prolifération naturelle, que favorise la famille traditionnelle, dans toutes les cultures.
Pour que la procréation artificielle prenne des parts de marché, il faut que l’infertilité gagne, c’est un calcul élémentaire. Et nous ne percevons pas qu’on nous encourage tous à la disparition en quelques générations, soi-disant pour le bien de la planète, en fait pour le bonheur des génies commerciaux qui convoitent le monopole de la fabrication des nouvelles générations.
La Théorie du Genre est l’idéologie que l’on retrouve derrière la GPA. Que pensez-vous de cette dérive ?
La théorie du genre est une étape idéologique indispensable pour dépouiller la famille de tout prestige et de tout contrôle sur sa progéniture.
Pensez-vous que la GPA est la manifestation d’un syndrome du surhomme, c’est-à-dire de l’homme qui veut se prendre pour un dieu ?
Il faut que toutes les religions reprennent du poil de la bête, pour nous réapprendre l’humilité, la soumission aux lois de la nature. Le communisme a été une hérésie féconde dans le cadre du christianisme, les gens qui se disent athées peuvent tout à fait investir leur bon sens dans le combat contre cette nouvelle arnaque criminelle du capitalisme.
Que conseilleriez-vous à ceux, et notamment aux parents, qui voudraient agir pour protéger leurs enfants contre les infiltrations idéologiques modernes ?
Il faut avoir des enfants quand on est jeune, que le corps, l’amour et l’âme ne demandent que ça. Et les enfants qui se savent « enfants du bon Dieu », et non pas rescapés du tri sélectif, savent soutenir leurs parents et se battre avec eux contre les tentations. Le prétexte des contraintes professionnelles et sociales pour envoyer les gosses à la poubelle, ce que préconise le ministère de la santé, qui veut fixer aux « hôpitaux » l’objectif d’un avortement pour quatre naissances, et rendent pratiquement obligatoire la contraception dès le plus jeune âge, ne sont que des faux prétextes pour capituler devant l’injonction à la maladie mentale qu’on nous administre encapsulée sous l’antiphrase de nos « droits reproductifs ».