Fort de l’autorité que lui confère la vice-Présidence d’un organisme dénué d’existence réelle, l’oligarque ukrainien Vadim Rabinovich a décidé que, tout compte fait, la présidente du Front national était « bonne pour les Juifs ».
Pour Marine Le Pen, cela a été comme un coin de ciel bleu entre deux orages. Attaquée par son père, en délicatesse avec le fisc à propos des comptes de son micro-parti, la cheffe du Front national a marqué un point majeur dans sa lutte pour « dédiaboliser » son parti.
C’est par un modeste tweet en date du 8 juillet – « Je participe, avec des élus du groupe ENL [1] à une réunion avec la délégation du Parlement juif européen » – qu’elle a annoncé ce succès d’importance : le FN est désormais « cachère » pour la communauté juive de France.
Croit-elle vraiment cela ? Marine Le Pen ignore-t-elle qu’elle n’a eu affaire qu’à un groupuscule de la droite dure juive, dénué de toute représentativité et qui ne (sur)vit que grâce aux dollars de deux oligarques ukrainiens, Igor Kolomoïsky et Vadim Rabinovich ?
C’est très improbable : certes, la quasi-totalité des non-juifs (et nombre de juifs) ignorent jusqu’à l’existence de ce pseudo « Parlement ». Et ceux qui le connaissent doivent avoir du mal à le distinguer, par exemple, du « Congrès juif mondial », une institution sérieuse, elle.
Ce qui est précisément le but recherché par les oligarques en adoptant ce nom ronflant de « Parlement juif européen » (PJE) et en installant ses locaux près de ceux du Parlement européen à Bruxelles comme à Strasbourg…
Mais, à son niveau de responsabilités, guettée comme elle l’est par ses adversaires, la présidente du 3ème parti politique de France ne peut se payer le luxe de rencontrer n’importe qui, surtout dans le contexte délicat de ses relations avec les juifs.
Si donc elle a accepté, c’est en connaissance de cause et parce qu’elle y trouvait son intérêt : dorénavant, elle a de quoi renvoyer sèchement dans les cordes quiconque l’accusera encore d’antisémitisme : « Antisémite, moi ? Tel n’est pas l’avis du Parlement juif européen. »
Et comme les médias sont toujours dans l’urgence, il est douteux qu’ils laissent à son interlocuteur le temps d’une laborieuse intervention pour préciser que, non ce n’est pas un Parlement, non, ses membres n’ont pas été élus, non, ils ne représentent pas les juifs…
Qui plus est, copiner avec Vadim Rabinovitch (et donc aussi avec I. Kolomoïsky) n’est pas non plus sans intérêt : même si leur étoile a pâli là bas, les deux hommes restent des puissances financières et politiques en Ukraine.
Et, de son côté, Vadim Rabinovitch sait-il à qui il a affaire ? Peut-il ignorer qu’une bonne partie du FN n’a renoncé à la « ligne » de J.-M. Le Pen : antisémitisme, révisionnisme, pétainisme, etc., uniquement dans l’espoir de parvenir au pouvoir ?