Comme la fête juive de Hanouka ressemble à Noël, celle de Pourim ressemble à Mardi gras. Les deux fêtes se tiennent au cœur de l’hiver, au moment où les jours rallongent, et sont l’occasion de manifestations bruyantes et colorées.
Pour les catholiques, Mardi gras permet, avant d’entrer dans une longue période de maigre et de privations diverses, de manger gras, de se déguiser et de faire les fous dans les rues. Jadis, les folies de Mardi gras renversaient tellement les codes sociaux que des mauvais coucheurs prétendirent même les interdire.
La fête de Pourim ressemble bien de ce point de vue à la fête chrétienne. Ce jour-là les enfants se déguisent et les parents s’autorisent des excès de boisson qu’ils jugeraient inconvenants un autre jour. Mais les juifs ajoutent quelques coutumes que les chrétiens n’ont pas retenues dans leur rite. En effet, alors que les catholiques se contentent de s’amuser bruyamment et sans contrainte, les juifs accomplissent des bonnes actions sous forme d’échanges de colis alimentaires et de cadeaux aux plus démunis.
Ce que le carême commémore, c’est la retraite que Jésus fit dans le désert avant de commencer sa prédication. Ce que les juifs commémorent est tout autre chose.
Au temps où la plupart des juifs vivaient en Babylonie, une juive nommée Esther devint la favorite du roi Assuerus à qui elle cacha ses origines. Mardochée, parent de la favorite, irrita un jour le vizir Haman, que le roi tenait en grande estime. Pour se venger, Haman décida d’imposer aux juifs un impôt redoutable, et ordonna qu’en cas de non-paiement, ils seraient tous mis à mort.
Le sort (Pour en hébreu) devait décider du jour d’application du décret.
L’intervention d’Esther auprès du roi permit de renverser la situation : Haman fut pendu et remplacé par Mardochée qui fut autorisé à en user envers les ennemis des juifs comme il avait été prévu d’en user avec eux. Et, au jour même que le sort avait désigné pour être celui de leur mort, les juifs allèrent tuer leurs ennemis.
Quelques dizaines ? Non, des dizaines de milliers – le Livre d’Esther dit 75 000 – d’hommes, de femmes et d’enfants furent passés au fil de l’épée. Le lendemain du massacre, satisfaits de ce retournement des sorts (pourim), les juifs organisèrent un grand festin de réjouissance qui se commémore tous les ans, entre février et mars, à peu près au même moment que Mardi gras.