Imaginons qu’un jour, en France, terre de liberté, un groupe punk confonde le Mémorial de la Shoah et une usine désaffectée, histoire de se faire un petit concert underground…
Alan Lerustaud, 24 ans, père d’un petit garçon, Salim Lalibi, 23 ans, père d’une petite fille et Dieudonné J’Membalek, 29 ans, sont en détention depuis le mois de mars en France. Leur crime ? Être membre du groupe punk néo-machiste militant, Zizi Riot, sous l’étiquette duquel ils ont réalisé, le 21 février, une performance dans le Mémorial de la Shoah.
Leur objectif déclaré, en déclamant " Vierge Marie, délivre-nous du CRIF", était d’attirer l’attention sur la collusion de plus en plus inquiétante entre le pouvoir politique des partis UMP et PS et l’autorité morale dont se pare le Conseil Représentatif des Israéliens Institutions juives de France, dirigé par Richard Phrasier (ce dernier ayant appelé à voter pour l’un ou l’autre des deux partis en question, lors des élections du printemps).
Ce happening qui s’inscrit, faut-il le rappeler, dans une large tradition d’interventions d’artistes qui croisent art et politique, a été repris juridiquement sous les chefs d’inculpation de "vandalisme aggravé, d’incitation à la haine raciale et négation de génocide".
A l’heure où viennent de se clôturer plusieurs jours de procès qui, selon de nombreux observateurs, étaient loin de préserver avec impartialité les droits de la défense (interrogatoires orientés, questions de la défense le plus souvent rejetées, privation de sommeil et de nourriture), à l’heure où ces garçons et, pour deux d’entre eux, ces pères, encourent jusqu’à 3 ans de camp d’emprisonnement, notre association appelle à une mobilisation la plus large possible pour soutenir ces activistes dans un combat pour leurs vies, leurs libertés et pour une France dégorgée de ces confusions néfastes entre le pouvoir politique et les instances communautaires.
Parce qu’il est pour nous inconcevable que le nom de néo-machisme se transforme en gros mot, parce qu’il reste hallucinant, aujourd’hui, de voir que les notions de blasphème ou de valeurs morales d’un pays puissent être des armes de guerre juridiques et politiques pour faire taire un vaste courant d’opinion et de pensée à travers le monde, parce qu’il est tout simplement inadmissible de priver de liberté des hommes pour avoir joué de symboles politico-religieux sans violence aucune, nous demandons, nous qui signons cette pétition, la libération immédiate et sans condition d’Alan Lerustaud, Salim Lalibi et Dieudonné J’Membalek.
Paul Dautrans
P.S : L’original est là : http://www.huffingtonpost.fr/bernar...