Il est rassurant de savoir que les 2 personnalités dont la pensée est référentielle pour les Français (et bien au delà) sont nonagénaires. Hommage à eux. pic.twitter.com/gZrQRVhi5C
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) January 28, 2020
Robert Badinter était l’invité de l’émission LGBT-sioniste C à vous le 27 janvier 2020 sur France 5, une émission de service public privatisée, menée par l’animatrice LGBT Anne-Élisabeth Lemoine, flanquée de son commissaire politique Patrick Liste Noire Cohen. À cette occasion, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand a rappelé l’importance du combat contre l’antisémitisme, mais aussi en faveur des élites.
Nous sommes à 18’10. D’un doigt tremblant, comme lorsqu’il a sauvé la tête de l’assassin d’enfant Patrick Henry, d’une voix chevrotante contenant mal une colère ancienne, il menace :
« Rien n’excuse, rien n’excuse ce degré de violence, non pas physique, encore, mais verbale, rien ! La démonstration, la représentation d’une tête au bout d’une pique, qui n’est rien d’autre qu’une guillotine, une continuité, est pour moi à mes yeux absolument, totalement condamnable ! On ne peut pas admettre dans la République française, dont je rappelle la devise, on ne peut pas admettre que quelque homme politique que ce soit, quelque femme politique que ce soit, qu’on promène sa tête au bout d’une pique avec ce que cela signifie ! Ce n’est pas admissible, je le dis ! Et du fond du cœur ! »
C’est la grosse indignation du moment. Vous savez ce qu’on pense des indignations : souvent, les indignés ont quelque chose à se reprocher. Ils gueulent haut et fort, menacent et dénoncent, surtout quand tous les micros leur sont tendus et qu’ils ont la carte. Toute la France se souvient du torrent de larmes déversé par Jonathann, le mari d’Alexia Daval, la joggeuse qui a été assassinée :
Quelques semaines plus tard, on découvrait avec effroi que Jo-la-pleurniche était le meurtrier machiavélique de sa propre femme, un plan ourdi depuis longtemps. Certains avaient ironisé en lui attribuant le César du meilleur premier rôle masculin pour l’année 2018.
C’était pour dire que l’indignation et les larmes ne riment pas toujours avec honnêteté ou raison.
- En vrai Macron il a pas été décapité par les vilains Français antisémites en colère
Passons à Robert qui a piqué sa crise en voyant des Gilets jaunes ou des manifestants (on finit par les confondre dans le bordel ambiant) défiler avec la tête de Macron au bout d’une pique. Un petit rappel de l’Histoire, une « pique » au pouvoir visible qui ne fait pas de mal. Un symbole fort, certes, mais qui n’a pas fait couler autant de sang que les matraques, les grenades et les LBD des FDO du couple Macron-Philippe (on met Castaner hors du coup tellement il est naze).
Je ne sais pas quelle arme, il faut pour mener bataille contre ce fléau qui ronge nos sociétés, ce que je sais, en revanche, c’est que chacun d’entre nous peut et doit agir. Ce soir, @Francetele propose dès 21h, 1grande soirée dédiée « antisemitismes »
Regarder, c’est deja agir. https://t.co/Unx9VyTPio— Delphine Ernotte (@DelphineErnotte) January 28, 2020
On ne touche pas aux élites, pour Robert, ça inclut le Président, mais ça inclut surtout ses coreligionnaires. Patrick Liste Noire pose une question essentielle, en ces temps de paupérisation française...
Patrick Liste Noire : « Des croix gammées tracées ou des saluts nazis, ces incidents ont toujours existé disent-ils, mais cette fois avec des discours structurés qui minimisent ou qui nient l’extermination nazie. Avec quelles armes aujourd’hui faut-il mener la bataille ? »
Robert Badinter : « Toujours, toujours la vérité, toujours, toujours l’histoire, toujours la preuve. Vous ne pouvez pas espérer faire disparaître de l’être humain ce qui est chez lui, qui est l’instinct de mort de l’autre, ça j’en suis convaincu, mais vous pouvez établir des barrières, mais vous pouvez limiter par des freins intérieurs que l’éducation construit cette pulsion. Je suis sans illusions, je suis un vieil homme maintenant, je vois renaître l’antisémitisme, j’entends des cris “mort aux juifs”, vous imaginez ce que ça veut dire, je revois encore, avant la guerre, immédiatement avant la guerre, les murs des rues que je prenais pour aller au lycée, à République, constellés d’inscriptions à la craie, “mort aux juifs”, “mort à Blum”...
Aujourd’hui, entendre résonner, beaucoup moins, à cet égard la législation s’est renforcée, et je pense pour ma part que l’éducation a construit quand même des barrières très fortes, mais quand même, entendre crier “mort aux juifs”, vous restez perplexe. »
Il faudrait retrouver le gonze qui a crié « mort aux juifs » pour savoir quelles étaient ses intentions – et son origine, ou sa confession –, car ces trois mots nous semblent aussi rares que surexploités.
Nous avons publié le tweet de la présidente de France Télévisions Delpine Ernotte, qui rime avec sotte : car comment qualifier cette sortie sur la menace antisémite complètement à la ramasse dans une période de contestation sociale ? Comment peut-on jouer – aussi mal – l’ignorance des problèmes sociaux qui secouent la France et les remplacer – encore du remplacement – par un problème fantasmatique refourgué par le pouvoir profond ? C’est à la fois indigne et idiot.
On aurait pu croire que Badinter condamnait Castaner et Macron. Mais non. Le bloc préfére condamner les violences symboliques plutôt que les violences physiques réelles. #onvousvoit https://t.co/3Nrfh4v02p
— Alexis Poulin (@Poulin2012) January 28, 2020
Tout est parti de cette crise de rage de Badinter, l’ancien président du Conseil constitutionnel, qui en a piqué d’autres. L’homme qui a sauvé la démocratie française en tuant la peine de mort, enfin, c’est la version du dépliant médiatique de notre belle démocratie, a pourfendu la violence symbolique des manifestants. On sent le grand bourgeois qui se trompe de colère, et donc de victimes.
Heureusement, là encore, la vraie démocratie qui règne encore un peu sur les réseaux sociaux a remis le justicier à sa place :
Cher Robert Badinter,
Par contre, quand c'est "la république" elle-même qui promenait des têtes "au bout d'une pique" et qui décapitait ignoblement un roi juste et bon qui ne voulait que le bonheur de ses peuples, est-ce plus acceptable ?
Avez-vous oublié comment est né ce régime ? https://t.co/KlmeExGaLt— Louis Riel (@LouisRielFrance) January 27, 2020
La réaction de Régis de Castelnau
« Mais dites-nous, Monsieur Badinter, de la violence physique depuis plus d’un an ce n’est pas ce qui a manqué. Le déchaînement des violences policières avec leur terrible bilan vous a laissé muet et encore cette fois-ci. Vous ne montez sur vos grands chevaux que pour une violence symbolique très marginale. Sans avoir un mot sur ce que subit le peuple français de violences politiques, de violences sociales et de violences physiques tout court. Et quand vous ajoutez que les opposants “ont tous les moyens, toutes les libertés” c’est simplement un mensonge. La liberté d’expression est lourdement mise en cause dans notre pays quand des gens sont condamnés à de la prison pour avoir scandé “Castaner assassin” dans une manifestation. Quand des lois liberticides sont adoptées en cadence comme la loi fake news, la loi anticasseurs (la liberté constitutionnelle de manifestation est une liberté d’expression), l’effrayante loi Avia, sans que cela provoque chez vous la moindre contrariété. Pas plus que la répression de masse du mouvement social des gilets jaunes avec ses 3000 condamnations pénales et ses 1000 peines de prison infligées dans des conditions de légalité approximative et dans une urgence complètement anormale. Les milliers de gardes à vue préventive (!) qui sont autant de séquestrations arbitraires ne vous ont guère ému non plus. En revanche, vous tonnez et sonnez le tocsin pour deux initiatives peut-être malvenues mais en tout cas sans conséquence." »
Bonus : dépénalisation de l’homosexualité après 15 ans
Outre son combat contre la peine de mort, Robert a lutté corps et âme pour la dépénalisation des relations homosexuelles avec les mineurs de plus de 15 ans...