Les responsables de la communauté juive de France se sont déclarés "rassurés", mardi, à l’issue de leur rencontre avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui les a reçus après que trois jeunes qui portaient une kippa eurent été violemment agressés samedi alors qu’ils se rendaient à l’école Beth Menahem de Villeurbanne pour l’office de Shabbat.
Par ailleurs, on apprend qu’un incident est survenu lundi soir à Marseille où un jeune juif a été également blessé.
"Nous avons été rassurés", a indiqué aux journalistes le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Meyer Habib. Le ministre de l’Intérieur a également reçu le président du Consistoire central Joël Mergui, le représentant du Grand Rabbin de France, le Grand Rabbin de Lyon, le Fonds Social Juif Unifié (FSJU), le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme ( BNVCA), le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Manuel Valls leur a annoncé "des mesures concrètes pour renforcer la sécurité de la communauté juive de France", à la suite de l’agression à caractère antisémite.
"La sécurisation des écoles juives mise en place, sur l’ensemble du territoire, à l’issue de la tuerie de Toulouse, sera maintenue jusqu’à nouvel ordre", a annoncé le ministre.
"De plus, des moyens financiers supplémentaires seront débloqués afin d’aider à la sécurisation des lieux et bâtiments de la communauté juive". Manuel Valls a également décidé d’intensifier l’action de la plate-forme nationale de signalement des sites et contenus illicites « pour lutter contre la propagation des idées antisémites sur internet ».
Le ministre, a indiqué M. Habib, "a décidé d’organiser une conférence interministérielle pour traiter ces questions, de débloquer des budgets supplémentaires afin d’assurer la sécurité dans les écoles, les lieux de culte afin que de tels actes ne se reproduisent pas".
"Nous lui avons fait part de nos inquiétudes : depuis Toulouse (l’assassinat de quatre juifs, dont trois enfants, par Mohamed Merah, ndlr), les actes, les incivilités, les attentats antisémites ont nettement augmenté", a-t-il poursuivi, en affirmant qu’il "faut ouvrir les yeux, apaiser les tensions entre les communautés".
M. Mergui, président du Consistoire central, s’est félicité que le ministre ait proposé "de reconduire et de maintenir toutes les mesures de sécurité prises (pour) la protection des écoles et des lieux de culte".
Il a souhaité que chaque "parent, enseignant, copain, fasse attention aux paroles de ses enfants, de ses élèves, de ses amis, parce qu’on sait que n’importe quel mot ça entraîne des images et des actes. Pas question qu’on soit dans un système où on doit avoir peur, où on doit avoir à cacher son identité".
M. Mergui a également fait "un lien entre l’agressivité qu’il peut y avoir vis-à-vis d’Israël et l’antisémitisme". "En s’attaquant à Israël, c’est plus commode : ça redonne à une certaine jeunesse une libération de se dire +on agresse un juif avec une kippa+, alors qu’on doit pouvoir vivre avec une kippa sur la tête sans se sentir menacé dans la rue", a-t-il ajouté.
"Les attaques perpétrées à l’encontre de la communauté juive sont une attaque délibérée contre la République et les valeurs qu’elle entend défendre", relève le communiqué du ministre, qui a "entendu les craintes légitimement exprimées par l’ensemble des représentants" de la communauté.
Il a rappelé sa "détermination à ce que les juifs de France puissent vivre leur appartenance religieuse en toute liberté et dans la sécurité".
Rappelons que les trois jeunes gens à Villeurbanne, Shmuel Mequies, Shmuel Bitton and Levi Azulai , agés de 18, 23 et 24 ans, ont été attaqués par une dizaine d’individus.
Ils ont été insultés de “sale juifs” et ensuite frappés à coups de marteau et de barre de fer. Les trois victimes ont été hospitalisées. Un des jeunes a eu une plaie ouverte au crâne, une autre a été atteinte à la nuque.
Sara Gurewitz, émissaire de Chabad dans la region lyonnaise, a dénoncé l’atmosphère récente "très antisémite" en France. "Nous sommes habitués aux insultes antisémites verbales qui sont aussi suivies d’attaques physiques. Les mosquées locales déploient des drapeaux palestiniens pour inciter à l’agression. En tant que juifs nous avons toujours peurs. Depuis l’attentat terroriste contre des juifs à Toulouse tout le monde est sur des charbons ardents".
Environ 600.000 juifs vivent en France dont 20.000 dans la région lyonnaise.