Les avocats du djihadiste français qui est jugé pour quadruple assassinat au musée juif de Bruxelles affirment qu’il n’est pas le tueur et nient qu’il ait commis un attentat. Une thèse qui ne tient « pas la route » selon l’avocat du musée.
Lors du procès du djihadiste français Mehdi Nemmouche le 15 janvier à Bruxelles, ses avocat ont soutenu qu’il n’était « pas le tueur » du quadruple assassinat du musée juif de Bruxelles en 2014. Les défenseurs du terroriste présumé ont notamment présenté des prélèvements ADN réalisés sur les lieux de la tuerie qui ne correspondent pas à celui de leur client. L’un de ses conseils, Henri Laquay, a d’ores et déjà demandé son acquittement.
Virginie Taelman, autre avocate de celui qui doit répondre d’« assassinats terroristes », a de son côté a affirmé devant la cour d’assises de Bruxelles où son client et son complice présumé comparaissent depuis le 10 janvier, que cette tuerie n’était pas un attentat terroriste de l’État islamique (EI), mais bien « une exécution ciblée d’agents du Mossad ».
« Mehdi Nemmouche n’est pas la personne qui a appuyé sur la détente lors de l’exécution », il « n’est pas le tueur » et « il a été piégé », a en outre affirmé Henri Laquay.
L’avocat a fait valoir, pour étayer ses propos, que l’ADN de Mehdi Nemmouche n’avait pas été retrouvé sur la poignée de la porte d’entrée du musée, pourtant « fortement et violemment » saisie par le tueur d’après des images de vidéosurveillance.
Selon l’avocat, il y a eu, dès le 27 mai 2014, trois jours après la tuerie, « 12 prélèvements ADN » sur cette poignée et aucun ne s’est révélé positif. « Ce n’est pas lui [Mehdi Nemmouche] qui a manipulé la porte pendant la tuerie, […] il n’est donc pas le tueur », a insisté Henri Laquay.
Autre élément avancé par la défense de Mehdi Nemmouche : ce dernier n’a opposé « aucune résistance » lors de son arrestation à sa descente d’un bus à Marseille six jours après la tuerie.
Pendant les quatre années d’enquête, Mehdi Nemmouche, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, a refusé de s’exprimer sur les faits. Il a promis de livrer des explications devant les assises. Or, ce 15 janvier, il a fait savoir qu’il refusait de s’exprimer « dans un premier temps » au motif que la cour aurait « expurgé » des témoins à décharge de la liste des personnes appelées à être auditionnées à la barre.
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« En conséquence, je suis pas en mesure de me défendre convenablement. Toutes les personnes qui auraient pu venir ici en apportant un autre son de cloche et une lecture du dossier aux antipodes de celle de messieurs les procureurs fédéraux ont été refusées », a-t-il justifié, laissant ses « conseils s’exprimer » à sa place.
Un procès pour terrorisme
Mehdi Nemmouche, 33 ans, et un complice présumé, Nacer Bendrer, 30 ans, tous deux Français, doivent répondre d’« assassinats terroristes », dans un procès qui pourrait durer jusqu’au 1er mars. Ils encourent une peine de prison à vie.
Mehdi Nemmouche, qui a séjourné en Syrie, est accusé d’avoir tué de sang-froid en moins d’une minute et demie un couple de touristes israéliens (dont une femme fonctionnaire du gouvernement israélien), une bénévole française et un jeune employé belge du musée, le 24 mai 2014.
Nacer Bendrer, délinquant condamné en France pour des affaires liées au trafic de drogue, est quant à lui soupçonné de lui avoir fourni des armes, ce qu’il réfute.
Adrien Masset, l’avocat du musée juif, avait estimé le 11 décembre qu’il y avait « énormément d’éléments matériels qui font chorus pour démontrer la culpabilité » de Mehdi Nemmouche. Quant à la thèse du complot visant à éliminer des agents des services secrets israéliens, l’avocat a balayé le 15 janvier l’hypothèse qui ne tient selon lui « absolument pas la route ».
Six jours après la tuerie, Mehdi Nemmouche avait été arrêté à Marseille en possession des armes utilisées, un revolver et un fusil d’assaut Kalachnikov. Sept vidéos de revendication de la tuerie ont été retrouvées dans un ordinateur portable que transportait Mehdi Nemmouche. Les voix off qu’on y entend (sans image du visage) correspondent à celle de l’accusé, selon plusieurs expertises.