Les 11 victimes sont, dans ce dossier jugé à partir de lundi à Paris, en majorité des adolescentes recrutées sur les réseaux sociaux, appâtées par l’argent puis rendues esclaves d’un réseau animé par des hommes d’une vingtaine d’années.
En 2016, Hawa [prénom modifié] a 15 ans. La jolie adolescente coquette et fan de mode est une élève moyenne de seconde. Elle ne fait pas encore partie des 11 victimes – en majorité des adolescentes – de l’affaire de proxénétisme qui s’ouvre, lundi 25 juin, au tribunal correctionnel de Paris et pour laquelle 12 hommes, âgés de 17 à 30 ans, comparaissent. Sur le réseau social Instagram, elle commence à flirter avec un garçon plus âgé qui a repéré de jolies photos d’elles. « Elle était souvent sur Internet, mais moi je ne surveillais pas. Je ne me suis pas inquiétée », explique Edwige, sa mère.
Mais « ils lui ont lavé le cerveau », regrette-t-elle. Le garçon rencontré par Hawa lui propose de gagner de l’argent facilement. « Ils les ont appâtées par la facilité et l’argent gagné vite fait », poursuit la maman. La jeune fille, elle, se laisse tenter, « comme ce sont des filles de cités, pas très fortunées comme nous, et que l’on ne peut pas, en plus des factures, faire plaisir », tente de décrypter Edwige, alors que ce phénomène connaît un essor dans plusieurs cités d’Île-de-France.
Très vite, elle change de vie
Hawa commence par découcher une nuit, puis un week-end entier, une semaine avant de quitter le domicile pour de bon. Après l’avoir « testée », selon les termes utilisés par son proxénète lors de sa garde à vue, il lui achète du maquillage, des vêtements de marques, des chaussures. Il prend des photos d’elle qu’il poste sur des sites d’annonces comme Vivastreet, Wannonce ou EscortSexe.
Les appels de clients sont nombreux. Hawa enchaîne les rendez-vous dans des appartements loués spécialement à Paris, à Suresnes, ou en Belgique. La jeune lycéenne et ses copines, recrutées elles aussi dans des cités de banlieue parisienne, font jusqu’à dix passes par jour sous la menace. « Ils leur disaient : “Il nous faut de l’argent, il faut travailler”. Ils les bastonnaient », rapporte Edwige, les yeux humides.
« Ils les prenaient comme leur femme et ils les jetaient en pâture aux clients. » (Edwige à franceinfo)
Elles sont ainsi exploitées 7 jours sur 7, mais touchent au fil des semaines de moins en moins d’argent. Fini les cadeaux, les livraisons de bons petits plats à domicile comme au début. « C’était des partouzes. Cela allait dans tous les sens, des vieux messieurs, des gens très fortunés paraît-il », relate Edwige.
Pour faire tenir les jeunes filles qu’ils gardent séquestrées dans des appartements miteux, les proxénètes leur font consommer de la cocaïne. Elles deviennent dépendantes. Hawa attrape des infections sexuellement transmissibles et doit avorter plusieurs fois. Elle tente même de se suicider. Un soir, fatiguée, en rage, elle s’enfuit avec une autre jeune prostituée.
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Le procureur général de la cour d’appel de Paris évoque le phénomène grandissant de prostitution de mineures dans les cités (20 juin 2018) :