Jusque-là considéré comme l’étoile montante de la musique électro, le DJ lituanien Ten Walls (32 ans) s’est vu radié du milieu musical suite à des publications jugées « homophobes » sur sa page Facebook. Malgré ses excuses et celles de la présidente lituanienne en personne, ses concerts ont été annulés un à un et les agents ont rompu leurs contrats avec l’artiste.
Rendu célèbre récemment par le tube Walking with Elephants, le DJ avait posté au début du mois de juin sur sa page Facebook :
« Je me souviens avoir produit de la musique pour un musicien lituanien qui a essayé de me laver le cerveau en me disant que je ne dois pas être si conservateur et intolérant à leur égard. Quand je lui ai dit : “Que ferais-tu si tu apprenais que l’anus de ton petit frère de seize ans était déchiré par son petit ami ?”, il est resté silencieux. »
Puis, dans un autre post, le musicien osait le sacrilège suprême, le parallèle entre homosexualité et pédophilie :
« Après un concert en Irlande, j’ai vu une église avec un portail décoré par des centaines de chaussures de bébés. Naturellement je me suis demandé pourquoi. Malheureusement, le mensonge d’un prêtre avait été découvert, des enfants ont été massivement violés. Malheureusement, les gens de l’autre race [les homosexuels NDLR] continuent de faire ça et tout le monde le sait mais personne n’agit ! »
Dans la foulée, alors que le vigilant Romas Zabarauskas, un militant LGBT lithuanien proche des Pussy Riots envoyait des captures d’écran du compte Facebook aux organes et associations LGBT comme Gay Star New, Ten Walls supprimait ses publications et s’excusait :
« La semaine dernière, j’ai publié sur mon compte un message hors de propos et inacceptable. Je n’avais pas l’intention de blesser quiconque. Je suis vraiment peiné de ce qui s’est passé et je voudrais m’excuser auprès de tous les gens que j’ai pu blesser, surtout mes amis et la communauté homosexuelle, ainsi que mes fans. »
Des excuses vaines puisque ses venues aux festivals de Sonar (Barcelone), Pukkelpop (Belgique), Pitch (Pays-Bas), Creamfields (Angleterre) ont immédiatement été déprogrammées, tandis que le milieu très « gay friendly » de la musique électronique se félicitait de ses déboires, comme en attestent les tweets adressés à l’organisation du festival de Creamfields :
En France, Ten Walls a également été radié du festival Garorock à Marmande, du Big Festival de Biarritz et du festival Lives au Pont (Pont du Gard). Les agences de « booking » (placement d’artiste), comme la société Miala, se sont également détournées du DJ.
C’est dans ce contexte que le 10 juin dernier, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė, au nom de son pays, s’est confondue en excuses :
« Je veux croire que cet incident sera finalement profitable à notre pays. Nous sommes devenus de plus en plus ouverts au débat sur notre isolement en tant que société, notre intolérance aux gens qui sont différents, ainsi que sur l’homophobie. Je pense que c’est une bonne chose de discuter, il faut plus de débat, et au plus vite la Lituanie sera ouverte et tolérante, mieux ce sera pour le pays. »