Je ne suis pas dans la rue, je n’ai pas de pancarte, mais c’est ma manière à moi de militer. L’idée, c’est de ne pas être passif.
Tout est parti d’un article du Parisien qui nous alertait sur l’épouvantable « campagne de cyberharcèlement » dont une « journaliste indépendante » était victime. Une journaliste indépendante persécutée en France ? N’écoutant que notre courage, nous avons voulu en savoir plus sur cette consœur en détresse répondant au nom de Soisic Belin.
J’écris des feuillets et encore des feuillets pour différents médias et je produis aussi des événements féministes. Entre les deux, je bois du café, beaucoup.
Sur LinkedIn, la « journaliste indépendante » se présente plus précisément comme « pigiste » exerçant en « freelance » depuis 2018 pour Vice, Brain Magazine, Causette, Grazia, Les Inrocks et TV5 Monde. Ses thèmes de prédilections : « société, Q, féminisme, écologie ». Quelques secondes après avoir compris que « Q » ne constituait en rien une référence à QAnon, nous avons réalisé que nous n’étions peut-être pas sur la piste d’une Julian Assange à la française... Mettant de côté nos doutes, nous avons poursuivi notre enquête.
Parallèlement à sa carrière de « journaliste », la Franco-Italienne de 36 ans est reconnue en tant que fondatrice et productrice d’En scène Simone ! (pour Simone Veil et Simone de Beauvoir) qu’elle présente comme « des soirées événements autour de cette question cruciale : la place de la femme ». Le concept : un rendez-vous mensuel au théâtre du Sentier des Halles (Paris) où un intervenant (très souvent une intervenante) vient donner une représentation « à mi-chemin entre la conférence et la pièce de théâtre » autour du « féminisme sous toutes ses formes ».
Soisic Belin présente les soirées En scène Simone ! (Cliquer sur l’image pour visionner la vidéo)
(Sympa le logo Otpor qu’on retrouve dans toutes les révolutions colorées financées par Soros et l’OTAN...)
La grande journaliste Soisic Belin bientôt récompensée par Marlène Schiappa ?
Remise du Prix des héroïnes (extra) ordinaires avec @MarleneSchiappa !
Merci à @boucheraazzouz !!! pic.twitter.com/ib5hUBJ9Yc— En Scene Simone (@enscenesimone) June 20, 2018
Avant sa carrière de journaliste-productrice, Soisic Belin était attachée de presse dans le milieu de l’édition (pour Albin Michel) et du spectacle (pour Alex Vizorek via la société de production Juste pour rire du producteur canadien poursuivi pour viol Gilbert Rozon). Elle aurait même été nègre (elle préfère utiliser « plume ») pour deux autobiographies de stars : Marie-Claude Pietragalla et Benjamin Castaldi. Le tout après une « enfance partagée entre l’Italie, le Sénégal, le Portugal et la France », une adolescence marquée par une mère féministe « un peu extrême » et de « brillantes études » à Aix-en-Provence en histoire, histoire de l’art et droit des organisations culturelles.
Soisic Belin est une « touche à tout », atteinte d’un mal incurable : la curiosité (qui remonte à une enfance baladée d’une capitale à l’autre). Quelque peu hyperactive, elle enchaîne les pièces de théâtre, projections cinéma, salles d’expositions et se pose juste pour écrire et partager ses passions. Des passions multiples, puisque anciennement guide interprète aux Musées de Marseille, elle travaille désormais au sein d’un service de presse dans l‘Édition. (Huffington Post)
La vie s’écoulait donc comme un long fleuve tranquille pour Soisic Belin jusqu’à l’année dernière... Visiblement bien introduite chez Albin Michel (qui avait déjà fait appel à elle il y a quelques années « pour le lancement d’une nouvelle collection, "MA Next Romance", des livres érotiques avec un fil conducteur féministe »), elle y a publié l’ouvrage Le Jour où je suis devenue escort 2.0, une « enquête journalistique » pour laquelle elle s’est « infiltrée » (« une immersion totale » nous indique la quatrième de couverture) dans le milieu de la prostitution par Internet.
La journaliste dévoile les dessous du métier de travailleuse du sexe : « Ça a changé mon regard sur les hommes et a renforcé mon engagement féministe. »
En clair, Soisic Belin, assoiffée de vérité, a mis son intégrité physique en danger pour informer les Français : après une année en tant que « travailleuse du sexe » (200 « clients », 35 000 euros et quelques citrons), l’héroïne pensait avoir fait le plus dur. Mais la diffusion d’une vidéo a changé la donne :
Cette vidéo de promotion de son « livre choc » n’a vraisemblablement pas eu l’effet escompté. Au lieu de recevoir des éloges, la féministe a reçu des messages la qualifiant de « grosse pute ». Il est vrai que, dans l’esprit de certains, la frontière est parfois ténue entre le journalisme et la prostitution.
Le fait que la vidéo a été réalisée par Konbini, le média macronien par excellence (véhiculant de manière cool les dogmes du capitalisme libéral, Konbini est une agence de publicité dépendante des plus grandes multinationales du monde, fondée par le macroniste David Creuzot et conseillée par Gaspard Gantzer, camarade de promo d’Emmanuel Macron à l’ENA et candidat aux législatives sous les couleurs de LREM), n’a certainement pas aidé à la distinction...
FAUT QU'ON PARLE. Soisic Belin a enquêté durant 1 an sur la prostitution en ligne en devenant elle-même escort. Elle en a fait un livre choc sur le travail du sexe en France. Depuis la sortie du livre elle subit un cyber harcèlement d'une férocité ahurissante. pic.twitter.com/fO4c25BkEg
— NEON (@neon_mag) December 2, 2021
Soisic Belin, travailleuse du sexe, s'est prostituée pendant un an pour enquêter sur les journalistes. https://t.co/HY2pYlrUtJ
— LeTamarin (@Moreau4881) February 13, 2022
Soisic Belin, actrice porno, est devenue journaliste pendant 24h. Elle n'a pas vu de différence entre les 2 métiers. https://t.co/1SrZZlyfMp
— Blanc Bec (@JeanStp43108112) February 13, 2022
Notre probable future grande égérie républicaine a donc subi un « torrent de haine en ligne » pour son travail d’utilité publique. Certains internautes ont même été jusqu’à révéler son prochain champ d’étude avant même qu’elle ait rédigé son compte rendu ! Voilà ce qu’un chercheur peut craindre de pire : qu’un sujet soit défloré avant même d’avoir été analysé en profondeur. Pauvre Soisic Belin, dépossédée de son œuvre.
Ce travail sur l’escorting faisait partie de ce que j’appelle un triptyque sur le travail du sexe. Puisque j’ai commencé par le téléphone rose, j’ai fait de l’escorting et je me suis aussi intéressée au porno.
Oui, Soisic Belin a tourné dans des films pornographiques tendance très hard. Pour les besoins d’une enquête on vous dit ! Et si sa page LinkedIn ne fait mention que d’une « figuration dans un film porno féministe et éthique qui donne à voir la pluralité sexuelle », c’est uniquement pour ne pas dévoiler les résultats de son investigation avant d’être convaincue de la pertinence de ses conclusions. Encore une vingtaine de gang-bangs spécialisés dans le double et parfois le triple anal (les mateurs et les amateurs peuvent vérifier nos dires ici et là) et elle pourra reprendre une vie de féministe normale, une vie de « femme lambda ».
Elle se décrit comme une « femme lambda », à la « sexualité classique », même « un peu vieux jeu ou romantique ». Soisic Belin l’assume, presque gênée : pour ressentir du plaisir, elle a besoin d’avoir des sentiments. « Le sexe pour le sexe, ça ne m’intéresse pas », tranche la trentenaire dans le brouhaha feutré d’un café parisien de la Rive gauche. (Le Parisien)
En plus, Soisic Belin a visiblement trouvé l’amour et la plénitude. Regardez, elle est ici enceinte jusqu’aux yeux. Quel bonheur ! Comment osez-vous la qualifier de « pute » alors qu’elle se donne corps et âme au journalisme ?
- Son partenaire du jour : Célian Varini, commentateur de catch proche de certains agitateurs de la droite identitaire ?
Enceinte de huit mois et pourtant sur le terrain, pour informer. Pour vous informer ! Ingrats ! Seuls des insensibles à l’éternelle cause des femmes peuvent réagir de la sorte.
Heureusement, il existe des médias qui ne reculent devant rien et soutiennent coûte que coûte des sociologues de la trempe de Holly Hole, euh pardon Cleo, euh pardon Soisic Belin. C’est le cas de Sud Radio, la courageuse radio zemmourienne (qui a dit prostitutionnelle ?) menée par André Bercoff et financée par Christian Latouche.
Eh oui, cela n’apparaît pas non plus dans le profil LinkedIn de Soisic Belin mais elle est officiellement « chroniqueuse sexualité » pour l’émission qu’anime tous les jours l’ancienne actrice porno Brigitte Lahaie sur Sud Radio.
Et dans cette émission, Soisic Belin propose aux auditeurs une vision « progressiste » des choses : promotion du libertinage, des « mères célibataires par choix », de la PMA, des « fantasmes ethniques », de la « chirurgie de l’intime », des sextoys, de « l’éducation anti-sexiste », de la « non-maternité », du shibari, de « l’art menstruel », de la « booty thérapie », du « chemsex », du « body positive », etc.
Ici, Soisic Belin tente difficilement d’évoquer positivement « l’inceste consenti » :
Là, Soisic Belin nous entretient de sa PMA en Espagne (avant le tournage avec Célian Varini donc) puisqu’elle n’a « pas de père pour cet enfant » (tu m’étonnes !) :
Bref Soisic Belin l’humaniste est le modèle même de la femme engagée qui a dédié sa vie à un nouveau type de journalisme : le « journalisme d’immersion ».
Je me suis lancée dans cette immersion parce que tout d’abord, c’est un type de journalisme que j’affectionne particulièrement.
Cruising est un film germano-américain réalisé par William Friedkin en 1980. Le film raconte l’histoire d’un jeune policier hétérosexuel incarné par Al Pacino envoyé dans le milieu gay sado-masochiste new-yorkais pour enquêter sur des meurtres d’homosexuels :
Un autre potentiel modèle de Soisic Belin :
« L’immersion » : c’est ce concept à la mode qui a vraisemblablement inspiré un autre militant du progrès, lui aussi plébiscité par Konbini... Nous parlons bien sûr de Mathias Cardet, l’homme qui multiplie les alias comme une actrice porno.
Dans les cas présents, l’immersion et la prostitution semblent synonymes. Mais surtout, les affaires Cardet et Belin nous laissent entrevoir l’avenir... L’avenir de la profession de journaliste, si bien décrit à l’époque par Alain Soral dans CHUTe ! Éloge de la disgrâce, et l’avenir même de la société puisque, finalement, dans cette logique où tout n’est que réécriture a posteriori (« J’ai été pute mais c’était du journalisme féministe », « J’ai été escroc et indicateur de police mais c’était de l’antiracisme »), il devient normal de se dédouaner et de se glorifier par le pire des pilpouls.
Qui sait ? Demain les frères Kouachi nous expliqueront peut-être qu’ils étaient en « immersion » chez les terroristes islamiques, Guy Georges qu’il était en « immersion » chez les tueurs en série, Netanyahou en « immersion » chez les ultra-sionistes et Macron en « immersion » chez les Rothschild !
Hâte qu’elle enquête sur les réseaux salafistes en France.
Soisic Belin, journaliste, s’est convertie pendant un an pour enquêter sur les terroristes islamistes. pic.twitter.com/yZuQgfs2kU
— Europitrus (@Europitrus) February 13, 2022
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