En 2009, à l’occasion de la sortie de son album Sexa, Michel Delpech nous recevait dans sa maison des Yvelines pour évoquer sans nostalgie ses années folles de superstar et son étrange flirt avec Thomas Sankara, le président du Burkina Faso.
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La voie d’un chanteur de variété est impénétrable. Delpech en a fait l’« insolite » expérience avec Ce lundi-là, une chanson de 1975 – l’histoire de Jean-Pierre, ce père de famille qui, parti acheter des cigarettes, déserte le domicile familial :
« Michelle aurait voulu le voir grandir dans l’entreprise / Mais lui ne se voyait pas finir ses jours au marketing / Avec dans son café les cours de la livre sterling / Et des enfants qui lui ressembleraient de plus en plus... »
Un soir, dans les années 1980, au sortir d’une douloureuse dépression, Michel Delpech reçoit un appel téléphonique. « Une voix m’annonce que Thomas Sankara, le président du Burkina Faso, veut me parler. » Serait-ce une nouvelle plaisanterie d’Alain Chamfort ? Mais non. Sankara, le chef révolutionnaire, me dit : « J’ai écouté “Ce lundi-là” : vous et moi, nous menons le même combat. » Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire, mais je n’ai pas moufté. Il a ajouté :
« Je souhaite organiser un spectacle à Ouagadougou. Je vous fais envoyer deux billets d’avion pour vous et votre épouse. »
À notre arrivée, une chorale de jeunes filles chantait Pour un flirt. Sankara était un garçon magnifique, en treillis militaire, environné d’amazones.