Les 40 marches pour le climat prévues en France les 28 et 29 novembre ont été interdites. L’ordre vient du ministère de l’Intérieur, alors que certains maires avaient pourtant donné leur aval. La Coalition climat 21, qui rassemble 130 associations, organisations non gouvernementales et syndicats, s’inquiète pour les autres formes de mobilisations prévues : « Si les collectifs locaux qui en sont à l’origine ont pour nombre d’entre eux décidé de proposer des formes alternatives de mobilisation (chaînes humaines, points d’information, etc.), certains militants ont néanmoins été convoqués au poste de Police pour se faire rappeler la stricte interdiction d’organiser tout type de mobilisation en extérieur, comme à Rouen. »
Quinze jours après les attentats de Paris et la promulgation de l’état d’urgence, les perquisitions administratives et les assignations à résidence débordent largement du cadre de la lutte antiterroriste et des enquêtes visant le commando et leurs complices potentiels qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre. Les militants des luttes écologiques semblent devenir les victimes collatérales de « la guerre contre le terrorisme » et de la suspension de certaines libertés publiques.
Ces derniers jours, plusieurs militants écologistes et d’extrême gauche ont vu leur domicile perquisitionnés, dans toute la France. Des perquisitions particulièrement musclées comme en témoignent des habitants de Rennes à qui il est reproché d’avoir participé à des manifestations, dont celle contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes le 22 février 2014 : « Les fonctionnaires de police, en grand nombre et armés de fusils à pompe, sont venus chez nous, où vivent aussi des enfants, nous ont tous menottés et plaqués au sol. » A ce jour, au moins deux personnes en Île-de-France et six personnes à Rennes ont été assignées à résidence. Elles ont l’interdiction de quitter la ville où elles habitent sans autorisation préfectorale, l’obligation de pointer trois fois par jour au commissariat et de rester à domicile de 20h à 6h, et ce jusqu’au 12 décembre – au lendemain de la clôture officielle du Sommet sur le climat.
Une « chasse aux sorcières » contre les militants climat ?
Les arrêtés sont pris « au regard de la gravité de la menace terroriste sur le territoire national » et « des mesures particulières [qui] s’imposent pour assurer la sécurité de la conférence ». « Des mots d’ordre ont circulé pour appeler à des actions revendicatives violentes », est-il mentionné, avant d’affirmer que « la forte mobilisation des forces de sécurité pour lutter contre la menace terroriste ne saurait être détournée pour répondre aux risques d’ordre public liés à de telles manifestations revendicatives ». Ce type d’arrêté, rendu légal par la loi du 20 novembre 2015 sur l’état d’urgence, autorise l’assignation à résidence d’une personne lorsqu’il existe « des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics ».