Un des seuls réseaux avec de belles connexions parmi les VIP qui a failli être révélé est celui de l’Yonne, auquel on doit diverses disparitions, dont certaines sont encore ignorées de tous. On a pris soin dans cette affaire, comme dans beaucoup d’autres, de protéger ceux qui avaient le pouvoir, ceux qui devaient rester planqués.
On m’a parlé en détail, il y a quelques années de cela, d’un réseau pédocriminel avec quelques types aussi puissants que pervers, à Sens, dans l’Yonne, à quelques kilomètres d’Auxerre. Ce réseau, composé de messieurs très bien autour d’un gourou qui court toujours, allait chercher des enfants jusque dans les orphelinats des pays de l’Est. On était alors au milieu des années 90. Mais, il y avait encore plus simple : il y avait un centre qui abritait pendant les vacances des enfants de familles pauvres, dans un village à côté.
Là, on choisissait une ou deux victimes, qu’on traumatisait à tel point que les cris s’entendaient à plusieurs centaines de mètres. Personne n’a jamais bougé, parce que tout le monde savait que c’était vain.
Dans ce réseau, on a eu quelques morts, quelques épouses peu dociles collées en hôpital psychiatrique, et une omerta incroyable. Dans le village, tout le monde sait mais personne ne dit rien, les gendarmes avec.
Parmi les membres de ce groupe, il y avait très probablement un ancien ministre fort connu à l’époque. Mais il n’ a jamais été exposé, jusqu’à présent parce que tous ceux qui ont tenté de le faire ont eu de graves ennuis. Le gourou, un certains J.-Y. G., court toujours, et a échappé à l’asile psychiatrique bien qu’il aimât se balader entouré de jeunes filles peu farouches avec une plume autour du cou. D’ailleurs, tout le monde semblait le prendre très au sérieux. Et aujourd’hui, force est de constater que sa boite de conseil a fortement étendu ses activités.
L’affaire Dunand
Claude Dunand, arrivé dans l’Yonne en 1979, a travaillé dans la même compagnie d’autocars qu’Émile Louis. Ils prenaient des verres dans le même bistrot, à l’occasion. Mais, ils ne se connaissaient pas, nous dit-on. Comme Émile Louis, on nous dit aussi que Dunand était un prédateur isolé. Sauf que les soutiens incroyables qu’il a reçus vu son passif montrent qu’il n’en est rien.
« J’arrive pas à te vendre, t’es trop chère, tu finiras comme les autres, tu mangeras les pissenlits par la racine », disait Dunand à Huguette. Une troisième victime de Dunand n’a pas pu aller au procès parce qu’elle a été renversée par un véhicule juste avant. Elle est morte empoisonnée en 1998.
Il est arrêté avec sa femme en 1983 et alors qu’il attend son procès, il est hébergé par la Fraternité Notre-Dame. Il faut dire que Dunand a versé 90 000 F à cette Fraternité. Peut-être pour se racheter des tortures infligées pendant plusieurs mois à ses victimes ?
C’est Georges Fritsch qui touche le chèque, et Fritsch est proche de Jean-Pierre Soisson. Il est aussi intervenu auprès du ministre de la Justice Pierre Arpaillange pour obtenir à la fois la libération de Dunand, et un peu d’argent (200 000 F tout de même), et cela en se recommandant de la part de Soisson. D’ailleurs, Soisson, maire d’Auxerre de 1971 à 1998, est également intervenu auprès d’Arpaillange en faveur de Dunand. Ça a marché, puisque soudain on a vu un vice de forme dans la procédure et Dunand a obtenu sa libération provisoire en janvier 1990 (moins de deux mois après les interventions de ses amis), dans l’attente du procès à la fin de l’année suivante. Et Fritsch a eu le pognon.
Est-ce que ce sont les réseaux franc-maçons ? Soisson était « Membre de la loge phare Demain, président de l’un des plus influents cercles maçonniques, le Carrefour de l’amitié », nous dit L’Express. Avant d’être exclu du Grand Orient en 1998. Pas pour s’être trouvé au milieu d’intrigues pédophiles, mais pour avoir été élu à la présidence du conseil général de bourgogne grâce aux voix du FN. Viré même si, précise le magazine, « Soisson était un symbole de ces maçons influents et toujours protégés ».
Deux jours après sa libération, on propose à Dunand une fausse identité et des billets d’avion pour le Sénégal, où il avait passé quatre ans en tant que cadre commercial. Il est resté en France, pensant probablement être acquitté. Il n’a d’ailleurs dénoncé personne et il n’a cessé de mentir, pour passer pour un dingue isolé. Fin 1991, il est condamné à la prison à perpète, mais sans peine de sûreté.
En 2001, il est libéré après quinze ans de prison (préventive comprise), ce qui est extrêmement rapide. Sa femme, Monique, est morte entre temps en tombant dans les escaliers un an après sa libération, en 1996. Elle ne pourra plus le contredire quand il l’accuse de l’avoir dévoyé et entraîné dans le sado-masochisme.
Georges Fritsch, ancien curé qui a fui la région parisienne suite à des affaires de mœurs, a créé la Fraternité Notre-Dame en 1986 peu avant la libération de Dunand (et dans ce but ?), et était l’ami de Goerges Decuyper directeur de l’Apajh, qui a couvert les disparitions et les gérants de ses centres, les époux Charrier. En 1989, Fritsch décide de devenir visiteur de prison. Il a ensuite hébergé Dunand en « réinsertion » avec la Fraternité.
Il se trouve aussi que si Dunand a pu se retrouver en insolvabilité au moment de rembourser ses victimes, c’est grâce à son mandataire financier, à savoir Georges Fritsch.
Depuis, la Fraternité Notre-Dame aurait été dissoute, et est devenue la société SAFIR en 1996, puis TOP deux ans plus tard. Fritsch, lui, a disparu sans laisser d’adresse, laissant derrière lui quelques cartons d’invitation à des « soirées Q »...
Jean-Yves Liénard, l’avocat de Dunand, avait déclaré au Monde :
« Nous avions tous eu l’impression qu’il y avait une partie cachée, des corps qu’on n’a pas retrouvés. Il est absolument impossible, quand on voit l’état de ces deux jeunes filles, à la limite de la mort, qu’il n’y en ait pas eu d’autres. Dunand a déménagé quinze fois, l’affaire a fait du bruit, mais personne ne s’est manifesté. C’est un mystère absolu . »
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