Après 34 ans d’attente, l’heure de vérité a enfin sonné. 14 personnes vont être jugées pour l’assassinat du célèbre dirigeant révolutionnaire. Mais ce procès historique va se dérouler en l’absence du principal accusé, l’ancien président burkinabé, Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire.
- Richard Thiené auteur du documentaire Sankara, l’humain devant le mémorial en hommage au célèbre dirigeant révolutionnaire
Compagnon de route de Thomas Sankara, Alouna Traoré était présent ce jeudi 15 octobre 1987, ce jour-là une réunion doit commencer au siège du Conseil National de la Révolution, soudain des coups de feu éclatent à l’extérieur.
« Il a dit “c’est moi qu’ils veulent” et il est sorti les bras en l’air. »
Thomas Sankara est criblé de balles comme tous ses camarades sauf Alouna Traoré qui sera le dernier à sortir de la salle avant de faire le mort. C’est le seul rescapé de cette tuerie, il va témoigner au tribunal militaire de Ouagadougou, son témoignage est capital car il bat en brèche la thèse de l’accident ou de l’arrestation qui a mal tourné, Richard Tiéné auteur du documentaire Sankara, l’humain.
« On a assassiné Thomas Sankara parce qu’il dérangeait, parce que les gens avaient peur que ses idées se propagent en Afrique et au-delà du continent. »
Et ses idées Thomas Sankara les a rapidement mises en pratique lorsqu’il prend le pouvoir en 1983, la Haute-Volta, qui deviendra le Burkina Faso, est alors l’un des pays les plus pauvres au monde. Il s’attaque au train de vie de l’État qu’il réduit drastiquement, lutte contre la corruption et se lance dans des chantiers titanesques, écologiste avant l’heure. Basile Guissou a été son ministre de l’Environnement.
« Dès 1983, nous avons commencé à planter, chaque année, 5 millions d’arbres parce qu’à l’époque nous savions déjà que le désert avançait tous les ans de 4 kilomètres, en 4 ans nous avons multiplié par deux le nombre de scolarisations, en 15 jours nous avons vacciné, contre les quatre principales maladies, tous les enfants du Burkina Faso, c’est ça son action. »
- Germaine Pitroipa, symbole de la féminisation du Burkina Faso sous la présidence de Thomas Sankara
Les femmes sont les grandes gagnantes de la révolution burkinabé, elles sont nommées à des postes clés, au gouvernement ainsi qu’à tous les niveaux de l’État. Germaine Pitroipa a été choisie pour diriger une des plus importantes préfectures du pays, une grande première à l’époque.
« Comme il l’a toujours dit, la révolution ne sera démocratique et populaire que lorsque les femmes seront libérées. »
Ce sont ses discours anti-impérialistes qui vont creuser sa tombe, il s’en prend à l’ancienne puissance coloniale, la France mais aussi au FMI, le Fond Monétaire International. Trois mois avant sa mort, il menace de ne plus payer la dette qu’il considère comme un frein au développement. Alouna Traoré était de tous les déplacements.
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L’interview de Mariam Sankara