Trois choses à savoir sur Bruno Le Roux.
Nommé le 6 décembre ministre de l’Intérieur pour cinq mois, Bruno Le Roux est :
1. Un pur apparatchik
Ce consultant, né le 2 mai 1965 à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) fut responsable national du Mouvement des jeunesses socialistes, vice-président de la Mnef de 1988 à 1991, en charge du suivi de l’animation du réseau des bureaux locaux. Directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy, premier secrétaire du Parti socialiste, de 1990 à 1992, et premier secrétaire de la fédération socialiste de Seine-Saint-Denis, de 1992 à 1994, Bruno Le Roux est membre du conseil national du PS depuis 1994. Fin connaisseur de la carte électorale, ce fidèle de François Hollande a été secrétaire national chargé des élections entre 2000 et 2008, menant les négociations avec Les Verts et le PCF lors des élections législatives de 2002 et 2007 tout en se montrant particulièrement pointilleux sur la « parité homme-femme ». Député de la première circonscription de Seine Saint-Denis depuis juin 1997, il fut le seul candidat au poste de président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en 2012. Depuis lors, il a échoué à discipliner les frondeurs.
2. Un spécialiste du « sentiment d’insécurité »
Élu maire d’Épinay-sur-Seine en 1995, il a remplacé son mentor Gilbert Bonnemaison, dont il était l’adjoint depuis 1989, présidant parallèlement le groupe socialiste au Conseil général de 1992 à 1997. Représentant de la « génération Jospin » (pour lequel il rédigea un rapport sur « la sécurité pour garantir la cohésion sociale » au début de 1997), il a hérité, de son « mentor », d’une marotte : la prévention de la délinquance plutôt que sa répression, visant essentiellement à supprimer « le sentiment d’insécurité » sans jamais s’attaquer réellement ni aux causes ni aux fauteurs de troubles. Autant de thèmes qui ont abouti aux contrats de ville, aux adjoints de sécurité et à la multiplication des structures associatives de « grands frères » et financées à coups de subventions. Parallèlement, il a été à l’origine d’un nouveau durcissement législatif sur les armes à feu, visant à les réserver uniquement à l’État et, sous des conditions draconiennes (carnet de tir, pratique régulière, etc.), aux membres des clubs de tir sportif. Faute d’avoir su appliquer ses théories dans sa commune, il a été battu aux élections municipales de mars 2001. Pourfendeur des « fêlés de la gâchette », président de la mission d’information sur les violences par armes à feu, il a été le principal artisan de la loi durcissant les conditions de ventes d’armes votée le 25 janvier 2011.
3. Un Young Leader, interdit de territoire russe, à la manœuvre contre le Front national
Ce membre de la promotion 1998 de la French-American Foundation figure, avec Daniel Cohn-Bendit et Bernard-Henri Lévy, dans la liste des 89 personnalités européennes interdites de séjour en Russie par le Kremlin depuis mai 2015. Suite aux dernières élections municipales, Bruno Le Roux enjoignait ses collègues, dans un courrier daté du 24 juillet 2014, d’abonder une véritable caisse noire pour lutter contre les municipalités Front national, via des subventions d’un minimum de 1000 euros à la Ligue de l’enseignement, opération « Solidarité, progrès et démocratie » dans le but de « constituer un fonds dont la vocation serait de venir en soutien à la vie associative et à la société civile dès lors que l’une ou l’autre serait l’objet de sanctions et brimades idéologiques caractérisées ».