L’armée israélienne a frappé sans discrimination des cibles militaires et civiles, faisant 70 % de victimes civiles, dont du personnel médical pendant la guerre de l’été 2014 dans la bande de Gaza, accusent des experts dans un rapport publié mercredi.
Huit experts commissionnés par l’ONG israélienne Physicians for Human Rights ont interrogé 68 Gazaouis hospitalisés durant les 50 jours de ce conflit, qui a tué près de 2200 Palestiniens et en a blessé plus de 10 000 autres.
« Les doubles frappes et les raids successifs sur un même endroit ont fait de nombreuses victimes civiles et des morts parmi les secouristes », selon leur rapport, qui fait également état d’une « attaque apparemment délibérée sur l’Hôpital Chouhada al-Aqsa de Deir el-Balah le 21 juillet 2014 », qui a fait plusieurs morts et blessés.
« Les bombardements lourds et sans avertissement préalable sur des quartiers civils (...) ne semblent pas le fait de décisions de soldats ou de commandants isolés, mais ont dû obtenir l’aval de hauts dirigeants de l’armée et/ou du gouvernement israélien », accusent les experts.
En outre, alors qu’Israël affirme régulièrement procéder à des frappes d’avertissement, avant de laisser aux habitants le temps de fuir, la majorité des blessés interrogés ont fait état de « personnes tuées ou blessées près de leur maison ou de celle de proches », dit le rapport.
L’ONG gazaouie des droits de l’homme Al-Mizan, qui a participé à la collecte des informations, a affirmé à l’AFP que cette procédure relevait du « crime de guerre ». C’est précisément pour faire poursuivre les dirigeants israéliens sous une telle qualification que les Palestiniens viennent d’adhérer à la Cour pénale internationale (CPI).
« Lancer une bombe "d’avertissement" au milieu de la nuit et laisser deux minutes à des civils endormis, à des enfants ou des vieillards, pour sortir de leur immeuble et parcourir 300 mètres pour se mettre à l’abri a mené à la mort de nombreux civils au pied de leur maison », a dit son directeur, Essam Younès, à l’AFP.
Le rapport relève aussi l’usage d’explosifs « lourds dans des zones résidentielles ».
Les experts tirent la sonnette d’alarme sur l’impact à long terme de cette guerre et des précédentes sur les Gazaouis. Selon l’ONU, près de 400 000 enfants devront être suivis psychologiquement après ce conflit.
Le gouvernement israélien s’est constamment défendu contre de telles mises en cause et a accusé le Hamas islamiste qui contrôle en fait Gaza d’être lui-même coupable de crimes de guerre en se servant de civils comme « boucliers humains ».
Devant l’initiative palestinienne d’adhérer à la CPI, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a répété à plusieurs reprises que l’armée israélienne était « la plus morale du monde ».
Addendum E&R
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