Au lendemain de la réélection de Laurence Parisot à la tête du Medef, Eugène, blogueur associé, revient sur les dessous d’une victoire écrasante mais pleine de sous-entendus.
Le Medef a finalement préféré la stabilité et croire aux promesses de Madame Parisot. Pourtant, l’actualité du Medef était fortement chargée ces dernières années, en particulier par les actions de Madame Parisot. De violentes critiques pleuvaient alors sur sa gestion de la crise, son management personnalisé ou son inclinaison pour les sujets sociétaux.
De plus, elle avait eu la maladresse d’attaquer en justice un ancien membre (ex-président de l’UIMM) afin de prouver son innocence dans l’affaire de l’argent liquide de l’UIMM. Démissions et licenciements en série, dont certains portés aux prud’hommes (et perdus), n’étaient pas de bons augures pour sa candidature. Si l’on ajoute, en décembre, la prise de distance de la fédération des industries agroalimentaires, le tableau est complet dans ses grandes lignes.
Il y a d’abord eu de nombreux postulants qui, dans des circonstances parfois indéterminées, se sont désistés : Xavier Fontanet (Essilor), Denis Kessler (Scor), Geoffroy Roux de Bézieux (Virgin mobile), Frédéric Saint-Geours (UIMM), Sophie de Menton… Une véritable hécatombe… Certains expliquent ces abandons par le fait que les candidats n’avaient pas la moindre chance dès le départ, d’autres parce que Madame Parisot avait fait un lobbying actif auprès des 531 électeurs qu’elle appelait par leur prénom. Mais ce qui est certain c’est que sa position de candidate unique était bien confortable et, comme dans l’affaire Veolia dans l’appel d’offres du Sedif, il n’y avait aucun suspense.
Malgré ce contexte chargé, elle a été réélue à 458 voix sur 488 votants, soit 93,85 % des suffrages, lors d’une assemblée générale organisée à la Halle Freyssinet, à Paris 13e. Alors que s’est-il passé pour qu’un tel retournement se soit produit ? Dans le domaine de la démocratie, un tel score est forcément contestable. Bien sûr, il n’y avait, dans ce cas, qu’une seule candidate… Mais il ne faut pas se voiler la face, lorsqu’il n’y a qu’un candidat et qu’il est préférable de paraître unis, le vote massif est préférable. D’autant plus facile pour Parisot que l’absence de concurrence lui a permis d’occuper le terrain et de vanter, de long en large, son magnifique bilan (sic !) : 21 accords signés avec les syndicats, 75 cellules TPE-PME mises en place durant la crise, opération nettoyage imposée à l’UIMM, ses actions sur la rémunération des dirigeants, et bien entendu le fameux recul de l’âge de départ à la retraite !
Dans la presse nous lisons d’autres analyses sûrement complémentaires, mais pas principales : premièrement, Parisot a fait la paix avec l’UIMM en nommant son directeur général, Jean-François Pilliard, à la tête de la commission protection sociale. Deuxièmement, certains de ses derniers résultats n’étaient pas si mauvais pour le Medef (retrait de la taxe carbone, réforme de la taxe professionnelle, abolition de nouvelle répartition des profits dans l’entreprise poussée par le gouvernement). Troisièmement, elle a modifié sa communication l’axant vers le futur du Medef. Dernièrement, nous entendons dire que l’UIMM l’aurait laissé se faire réélire afin de se refaire une virginité pour la prochaine élection…
Pourtant, si massif que soit le vote, les électeurs du Medef ont soigneusement balisé la route de Parisot pour les trois futures années de son nouveau mandat. Au Medef, on ne donne rien gratuitement, même quand on n’a pas le choix… Ainsi, Parisot s’est vue imposer la feuille de route suivante : étendre l’influence du Medef à l’international, travail sur la compétitivité des entreprises et remise de l’homme au cœur des entreprises (sic !).
Ne rêvons pas ! Le Medef ne s’est pas réformé et ne se réformera pas. Tout au plus, si de nouvelles casseroles venaient à entacher de nouveau son blason, il changera de nom comme à l’époque ou il s’appelait le CNPF. Le Medef est un fossile de représentation des entreprises. Il ne représente tout au plus que quelques mastodontes du CAC40 (vu que certains ont déjà quitté le navire), c’est-à-dire ceux qui font le plus de plans sociaux et qui ne créent plus d’emplois. Au contraire, les PME, premier employeur de France, notre seul avenir finalement, ne se reconnaissent pas dans cette institution d’un autre âge. Si vous connaissez des créateurs de startup ou de PME, demandez-leur !
Symbole de l’has been du Medef, le blog de campagne de Parisot qui ne comporte… qu’un seul message depuis sa création, le 11 mars 2010 ! Message commenté par "seulement" 30 personnes complaisantes à ce jour. C’est dire s’il a eu du succès ! Même ses détracteurs n’ont pas pris la peine de critiquer le seul message présent…
Madame Parisot croirait-elle que faire une affiche de campagne moderne c’est faire un blog à un seul message ? A moins qu’elle ne fut si sûre d’elle, depuis mars 2010, qu’elle n’aurait pas pris la peine de continuer sa campagne ?