L’État persiste à repousser l’échéance d’une reprise de la dette qui leste le système ferroviaire de plus de 50 milliards d’euros d’arriérés. Le gouvernement impose au préalable la libéralisation de la compagnie nationale et la casse du statut des cheminots.
Véritable serpent de mer, le désendettement du système ferroviaire est régulièrement utilisé pour justifier la libéralisation du rail. Pourtant, de réformes en réorganisations, si les conditions de travail des cheminots et la qualité du service public rendu aux usagers se sont incontestablement dégradées, la question de la dette du rail, elle, n’a jamais été résolue, l’endettement s’aggravant même d’année en année.
« Le budget prévisionnel 2018 du groupe public ferroviaire (GPF) chiffre la dette de SNCF Réseau, gestionnaire d’infrastructures, à 49,9 milliards d’euros (contre 46,6 milliards en 2017 – NDLR) et celle de SNCF Mobilités, l’opérateur ferroviaire, à 4,9 milliards d’euros », détaille Sébastien Gasc, secrétaire fédéral de la CGT cheminots en charge des questions économiques.
Cumulé, l’endettement global du système ferroviaire devrait donc s’élever, en 2018, à près de 55 milliards d’euros. Un gouffre qui « menace aujourd’hui d’engloutir tout le système », martèle Édouard Philippe. Le Premier ministre n’hésitant pas à comparer ce chiffre au « budget annuel de l’Éducation nationale » comme pour frapper les esprits, cependant que l’exécutif entend, par ordonnances, porter le coup de grâce à la SNCF.
« Cette dette, à plus de 90 % liée à l’infrastructure, coûte chaque année à la SNCF 1,7 milliard d’euros au titre des seuls intérêts », poursuit Sébastien Gasc. Un fardeau financier qui obère le développement et l’entretien d’un réseau ferré vieillissant alors que les besoins des usagers sont croissants. Pour la CGT comme pour l’ensemble des organisations syndicales de la SNCF, cette dette n’est autre qu’une dette publique que l’État devrait reprendre à son compte. Et pour cause.
Créée en 1938, la SNCF est le résultat de la fusion et de la nationalisation des compagnies ferroviaires privées alors en faillite. Historique par définition, la dette de la SNCF a par la suite été creusée par l’État afin de maintenir et développer le réseau, notamment à grande vitesse.
« Il ne s’agit donc pas tant de dette que d’investissements. L’État a investi dans le réseau et c’est une bonne chose », rétablit Sébastien Gasc. Quoi qu’il en soit, une reprise de la dette permettrait « mécaniquement de soulager l’entreprise publique de 1,7 milliard d’euros par an et de lui permettre d’investir », poursuit le syndicaliste.
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Comme de bien entendu, le groupe audiovisuel de Patrick Drahi ne va pas aussi loin dans l’analyse :
DÉBAT #GGRMC - Une grève de deux jours sur cinq pendant 3 mois... les cheminots se foutent-ils du monde ? #GrèveSNCF
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 16 mars 2018