La commission intergouvernementale russo-syrienne s’est réunie à Damas en fin de semaine dernière avant une rencontre entre son coprésident, le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine, et le président syrien Bachar al-Assad (photo ci-contre), écrit lundi le quotidien Kommersant.
Interrogé par Ivan Safronov, le ministre évoque le déroulement de la visite et les sujets soulevés au cours des pourparlers.
Votre voyage jusqu’à Damas s’est déroulé sans accrocs ?
De sérieuses mesures de sécurité ont été prises pour que la délégation puisse se rendre dans la capitale syrienne : nous avons atterri à Beyrouth, puis avons traversé la frontière dans un convoi protégé pour arriver à Damas.
Quels thèmes ont dominé les pourparlers ?
La commission intergouvernementale a principalement mis l’accent sur les questions économico-financières et militaro-techniques. C’est pourquoi le vice-ministre des Finances Sergueï Stortchak, des représentants du ministère du Développement économique et le directeur du Service fédéral pour la coopération militaro-technique Alexandre Fomine faisaient partie de cette délégation. Les entretiens ont été répartis en sections et nous avons donc eu le temps de parler de tout. Notre gouvernement a décidé d’intensifier le travail sur ces aspects : c’est pourquoi nous ne voulions pas retarder cette visite. Je ne cacherais pas qu’il était important pour nous d’aller à Damas avant la présidentielle syrienne.
Comment avez-vous exprimé votre position vis-à-vis de l’élection à venir ?
Elle se déroule conformément à la Constitution et dans les délais impartis. Quant aux discours des Occidentaux disant que Bachar al-Assad est un tyran et que l’élection est illégitime, je les considère comme de banales spéculations - auxquelles les pays occidentaux ont souvent recours ces derniers temps.
Quelle impression vous a laissé votre entretien avec le président Assad ?
J’ai fait sa connaissance en décembre 2000, quand il était président depuis seulement quelques mois, dans le cadre d’une délégation parlementaire à Damas. Nous avons établi depuis une relation personnelle. Il n’a pas beaucoup changé : il reste sûr de lui-même. Notre rencontre s’est déroulée sur fond de succès conséquents de l’armée syrienne, qui a repoussé aussi bien Al-Qaïda que l’opposition armée. Le président était de bonne humeur, il ne parlait pas tant d’une solution immédiate aux problèmes actuels que des projets à venir. Par exemple, il était question d’impliquer des entreprises russes dans des projets importants sur le territoire syrien. J’ai trouvé Assad en forme.
De quoi avez-vous encore parlé ?
Le président a commencé la réunion par des remerciements adressés à la Russie pour sa position intransigeante au Conseil de sécurité des Nations unies et il a souligné la compréhension mutuelle croissante entre la Russie et la Chine. Assad a soutenu la position russe vis-à-vis de l’Ukraine, soulignant que le peuple syrien comprenait comment les actions de l’Occident menaient vers une guerre civile.
Avez-vous parlé d’élargir la coopération ?
Bien sûr. La Syrie a l’intention de demander à la Commission économique eurasiatique de créer une zone de libre-échange avec l’Union douanière (Russie-Biélorussie-Kazakhstan).
Quels sont les résultats des pourparlers sur les contrats d’armement ?
Nous avons des engagements contractuels pour la fourniture d’armements et nous les remplissons en stricte conformité avec les décisions du Conseil de sécurité de l’Onu. Dans les domaines non soumis aux restrictions, nous travaillons au niveau nécessaire avec le gouvernement légitime. Cette position a été confirmée pendant les pourparlers. De plus, nous avons paraphé l’accord sur l’assistance administrative mutuelle dans les affaires douanières et signé le protocole pour l’octroi à la Syrie d’une aide humanitaire.
Y aura-t-il une visite-retour ?
Oui, nous comptons inviter une délégation syrienne à Moscou pour évoquer les questions d’actualité, je pense d’ici 2 ou 3 mois.