Les manifestations qui ont lieu tous les vendredis dans les principales villes d’Irak depuis le début du mois d’août ne sont pas sans rappeler celles précédant les « révolutions de couleur » organisées par les États-Unis dans les pays d’Europe de l’Est, ou la « révolution verte » des « réformateurs » iraniens opposés à Mahmoud Ahmadinejad.
La spontanéité des Irakiens accablés par la chaleur (plus de 50°C), le manque d’eau potable et le chômage, sent de plus en plus l’opération politique pour déstabiliser le régime… ou pour sauver ce qui peut encore l’être.
Journées de la colère
Ces manifestations rappellent les rassemblements pacifiques qui se sont tenus dans la région d’Al-Anbar entre 2012 et 2014, ont été sauvagement réprimés par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, notamment à Hawija avec 50 protestataires massacrés par la milice SWAT. Résultat du refus du régime de dialoguer avec ses opposants sunnites : la prise en main du mouvement par Abou Bakr al-Baghdadi, la prise de Mossoul et l’émergence de l’État islamique.
Sur quoi les manifestations du vendredi déboucheront-elles ? Les « Journées de la colère » qui se sont déroulées dans plusieurs villes d’Irak, tous les vendredis en 2011, ont été durement réprimées par Nouri al-Maliki, qui accusait ses organisateurs d’être des saddamistes ou des membres d’Al-Qaïda. L’un d’eux qui n’avait rien à voir avec le Baas ou l’islamisme militant, le journaliste Hadi al-Mahdi, ancien membre du parti al-Dawa, a été assassiné par les sbires du régime. Il s’en prenait simplement à la corruption et à l’incompétence des hommes politiques irakiens.
L’entrée en lice des hommes en noir
Vendredi dernier, les Irakiens, qui manifestaient par centaines de milliers dans les rues de Bagdad, Bassora, Nadjaf, Nasiriya…, réclamaient – encore et toujours – de meilleures conditions de vie, des emplois, l’élimination de la corruption, du favoritisme et l’arrestation des dirigeants qui ont conduit la société irakienne au désastre. Principal homme politique visé : Nouri al-Maliki, vice-Président de la République, qui refuse de démissionner.
L’entrée en lice de Moqtada al-Sadr et de ses hommes en noir parmi les protestataires permettra-t-elle que les prochains vendredi de la colère ne tournent au massacre ou au coup d’État ?
En attendant, une question reste en suspens : pour qui roule Haïdar al-Abadi, actuel Premier ministre, qui annonce réformes sur réformes, tout en se sachant incapable de les mettre en œuvre ? Ses ennemis en font un agent du MI6, le Service secret britannique. C’est mauvais signe.