Les fans du Pink Floyd des meilleurs années ne seront pas étonnés par la présence d’un énorme cochon gonflable virevoltant au-dessus du public durant l’actuelle tournée de l’ex-leader du groupe, Roger Waters.
Mais, cette fois, pourtant accompagnée de nombreux autres symboles (croix chrétienne, croissant musulman, etc.) et logos (shell, mercedes, le dollar, etc.), le célèbre cochon gonflable a le mauvais goût d’arborer sur un de ces côtés une étoile de David.
L’association du cochon et de l’étoile de David est en effet une des caricatures antisémites traditionnelles, rappelait le rabbin Abraham Cooper du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles.
Plus près de nous, le CRIF, par la voix de son président Roger Cukierman, a annoncé qu’il avait écrit à Manuel Valls et Aurélie Filippetti, les ministres de l’Intérieur et de la Culture, « pour attirer leur attention sur le concert de Roger Waters du 21 septembre 2013 au Stade de France et les risques que certains passages puissent être interprétés comme une provocation raciste et antisémite ».
Il n’en fallut pas plus pour que nous dépêchions un membre E&R lors du prochain concert de l’artiste afin de vérifier cela de visu, bravant courageusement la recommandation de boycott de l’association communautaire.
C’est donc à Dublin, ce mercredi 18 septembre, que nous nous retrouvons pour le concert de Roger Waters, dans le cadre de sa dernière tournée avant la retraite, composée autour de l’album The Wall qu’on ne présente plus. Et nous confirmons la présence toujours ostensible du cochon (ou phacochère plutôt) et son étoile de David bien visible. Roger Waters, l’effronté, persiste et signe !
Enchaînant les morceaux les plus célèbres de l’album The Wall (mis à l’écran dans le film éponyme par Alan Parker en 1982) cette dernière tournée est un évènement important pour qui apprécie la musique des Pink Floyd et en particulier le personnage de Roger Waters qui en fut le leader de plus en plus envahissant -mais génial- jusqu’à l’implosion du groupe.
Reprenant le concept du mur géant qui se construit au fur et à mesure du concert, servant d’écran géant pour de nombreuses animations et images d’illustration, toutes de très belle qualité, le groupe assurera le show pendant près de deux heures. On regrettera l’inimitable jeu du guitariste David Gilmour, et on fermera les yeux sur les passages difficiles à chanter pour la voix usée de Roger Waters qui, il nous a semblé, est probablement doublée par un playback.
On regrettera aussi, sans fausse pudibonderie, la séquence du strip-tease intégral dévoilant, même furtivement, une nudité glabre typiquement modernisante en totale contradiction avec le discours résolument anti-libéral du spectacle. Cette séquence fait d’ailleurs partie des quelques séquences ajoutées lors du show et qui ont l’élégance de ne pas exister dans le film qui, lui, est un pur chef d’oeuvre.
Nous invitons donc tous les aficionados français à se retrouver ce 21 septembre 2013 au dernier concert de la tournée à Paris. Ce soir, Roger Waters nous a d’ailleurs confié sur le ton de l’humour : "ce soir c’est la dernière fois que je suis compris par le public, car mon dernier concert sera en France à Paris" !
Et si d’aventure vous rencontriez quelques esprits chagrins en pleine manifestation devant le stade ce samedi à l’initiative d’Europe Israël [1], que cela ne vous empêche pas d’apprécier le spectacle, le dernier de la longue vie musicale d’un géant de la musique.